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Crise de l'immobilier et amortisseurs qui ne jouent plus à plein en Grèce

Publié le 16 décembre 2011 par Immobilien @dopimmo

Baisse des prix, chute des transactions, arrêt de la construction: la récession en Grèce frappe désormais de plein fouet l'un des principaux moteurs de l'économie et il n'est pas certain que les banques et la solidarité familiale jouent encore longtemps leur rôle d'amortisseur.

A la différence des Etats-Unis ou de l'Espagne, le marché immobilier grec n'est pas à l'origine de la crise, même si les prix des résidences secondaires notamment, dans les îles ou face à la mer, ont grimpé en flèche depuis les jeux Olympiques de 2004.

Les derniers indicateurs, publiés cette semaine par la Banque de Grèce, montrent que l'immobilier subit à plein les effets de la crise.

Au 3e trimestre 2011, les prix des biens ont reculé de 14% par rapport à la même période de 2008, où ils avaient atteint un record.

Sur un an, la baisse est de 4,1% en Grèce, limitée à 5% dans les quartiers riches de la capitale mais dépassant les 20% en banlieue d'Athènes et dans des villes comme Salonique, au nord.

Si les loyers résidentiels ont continué à croître légèrement, les loyers commerciaux ont chuté entre 25 et 50%, ce dont témoignent les rangées de magasins vides à Athènes, à la vitrine barrée du bandeau jaune "à louer", enikiazetai en grec.

Signe de l'asséchement du crédit, les transactions, au nombre de 40.000 au 1er trimestre 2007, sont tombées à 9.000 au 3e trimestre 2011.

Le secteur de la construction, traditionnellement dynamique dans un pays où l'on construit pour ses enfants, mord aussi la poussière, d'autant que les coûts des matières premières restent élevés.

Les permis de construire sont en recul de 32% sur les 7 premiers mois de l'année. Et l'emploi dans le secteur de la construction ne représente plus que 6,3% de l'emploi total (260.200 personnes), contre 9% en 2007.

Jusqu'à présent, la solidarité familiale et l'attitude des banques, qui ont donné du temps aux emprunteurs en rééchelonnant les prêts, ont joué un rôle d'amortisseur.

Mais cette politique accommodante pourrait se voir remise en question à l'issue de la mission du cabinet américain BlackRock, chargé de contrôler si les banques grecques ont suffisamment provisionné leurs créances douteuses.

Leur taux, pour l'immobilier, atteint 12,8%.

BlackRock, qui devrait rendre son verdict en janvier, pourrait leur demander de tirer un trait sur une partie de leurs mauvaises créances, au risque d'entraîner une hausse des saisies, jusque-là limitées, redoutent certains analystes.

En outre, l'aggravation de la crise pourrait inciter certains propriétaires à vendre leur bien pour compenser la baisse de leurs revenus et éviter d'avoir à payer la nouvelle taxe sur l'immobilier imposée cet automne. Ce qui serait sans précédent dans un pays qui a un des plus forts taux de propriétaires en Europe (près de 80% contre 57% en France) et où l'immobilier est l'élément clé du patrimoine et de la transmission.

"Ce que ce pays doit préserver avant tout est la valeur de son patrimoine foncier et immobilier: c'est sa seule richesse", estime Alexandros Manos, un responsable de la Banque du Pirée, critique à l'égard de nouvelles taxes.

Seuls les étrangers pourraient tirer profit du marasme. Les prix des villas sur les îles branchées comme Mykonos sont beaucoup plus bas, souligne Christos Vergos, agent immobilier de la société Remax New Deal à Athènes.

L'Etat de son côté s'est engagé auprès de ses créanciers à céder pour une vingtaine de milliards de biens immobiliers mais, selon une source diplomatique européenne, les obstacles restent nombreux, à commencer par le fait que la Grèce n'a toujours pas de cadastre digne de ce nom et que les contentieux juridiques pèsent sur quasiment chaque terrain.

Par Eve SZEFTEL


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