Magazine Humeur

L'exercice catholique du droit de vote

Publié le 09 avril 2012 par Hermas

La grande médiocrité des débats et une certaine lassitude nous ont conduits à observer le silence sur les élections prochaines. Ce silence paraissait d'autant plus s'imposer que les élections prochaines laissaient moins d'illusions sur la réalité de la liberté offerte aux Français. Les courants et partis en présence ne sont-ils pas, pour la plupart, de simples déclinaisons d'une idéologie commune puisant sa sève dans un libéralisme culturel universellement répandu, un athéisme pour le moins pratique et un relativisme moral érigé en principe d'évolution sociale ?

Lorsque, surmontant nos répugnances, nous regardons et écoutons les candidats et leurs thuriféraires, comment se convaincre que leurs propos et leurs gestes ne sont pas que pantomimes de saltimbanques et roucoulades de séducteurs ? Quand les propositions des uns ou des autres sont portées dans des conversations privées, la vérité parvient-elle jamais à y mieux trouver son indispensable place, comme règle et mesure intellectuelles et morales ? Tout ne paraît-il pas s'y jouer plutôt en termes de partis, c'est-à-dire d'apriori et de parti pris, plutôt que de vrai et de bien ? L'acceptable et l'inacceptable ne sont-ils pas simplement mesurés, au fond, par les seuls appétits divergents de libertés individuelles irréductibles qui s'entrechoquent ?

Pourtant, nous ne pouvons pas, en tant que catholiques, ne pas faire entendre nos voix, fût-ce, lorsque cela s'impose, pour clamer celle d'un « non possumus » que nous commande notre devoir de témoins de la vérité.

A cet égard, il nous paraît utile de reprendre cet article que nous avions publié le 4 juin 2007.

On consultera également, avec le plus grand profit, sur le blogue du Petit Placide, le récent sermon du Père Abbé de Fontgombault sur la même question (cliquer sur ce lien).

*

*          *

L'exercice catholique du droit de vote
« Avant les prochaines élections (…), je désire vous rappeler quelques critères à prendre en considération au moment de voter. Ces orientations découlent de ma mission d’évêque, que j’exerce en essayant d'aider les fidèles catholiques et les personnes de bonne volonté à éclairer leur conscience devant l'acte de voter. 
En premier lieu, nous devons souligner l'obligation morale d'exercer notre droit au vote. Celui-ci étant un acte libre, il s'agit d'un moyen direct de collaborer au bien commun de la société. Nous n'aiderons pas nos cités et nos peuples si nous cessons d'exercer ce droit pour toute cause qui ne serait pas exceptionnelle ; sans l’expression de notre opinion, les résultats ne refléteront pas la volonté et le sentiment de tous, seulement ceux de quelques-uns.
A cette responsabilité s’ajoute la nécessité de connaître ceux qui se proposent d’être élus, l’idéologie des partis et surtout leurs programmes électoraux et les mesures destinées à réaliser chacune des propositions présentées. Cet aspect est de la plus haute importance pour les catholiques, parce qu'au moment d'exercer le droit de vote nous devons surtout agir avec la conscience bien formée, selon les principes de la raison droite et du magistère de l'Église, en particulier de ceux qui se rapportent à la doctrine sociale, laquelle a été si féconde tout au long de l’histoire. Parmi les opinions politiques compatibles avec la foi et la loi naturelle, nous devons choisir celles qui nous paraissent favoriser le mieux le bien commun.
Avant toute chose, il faut rechercher les projets qui collaborent à la défense des droits fondamentaux de la personne, surtout le droit à la vie depuis le début de la conception jusqu'au décès naturel. Si nous défendons les droits des personnes et, entre tous, celui de la vie, nous ne pourrons pas accepter les propositions qui, pour favoriser certaines fins sociales, font appel à des actes qui s’y opposent.
Il faut également privilégier positivement les projets qui tendent à défendre la famille, comprise comme la relation résultant de l'union d’un homme et d’une femme qui, unis par amour, sont ouverts à la vie et à l'acceptation d’enfants comme un don inestimable ; la famille doit être reconnue et protégée, en défendant son irremplaçable fonction sociale et en faisant en sorte qu’elle puisse se développer dans un logement digne et être soutenue par un travail digne et justement rémunéré.
Au moment d’exprimer son vote, il est un autre aspect dont il faut tenir compte, qui est celui de la liberté religieuse, y compris des signes religieux. Il faut défendre l'expression publique de la foi et la valorisation du fait religieux comme élément constitutif de la personne. Nous ne devons pas oublier à quel point la religion catholique a formé l'histoire de nos cités et le caractère de nos peuples au cours de l'histoire, et combien elle a contribué au progrès moral et social de la communauté humaine. 
Il est également important de privilégier les propositions qui promeuvent le droit à l'éducation, et surtout celles qui protègent le rôle qu’y jouent les parents, en permettant à ces derniers de choisir le centre éducatif et le type de formation qu’ils préfèrent, en vertu de leurs convictions religieuses et morales. On ne saurait en aucun cas accepter les projets qui tendent à supplanter le rôle des parents par des structures qui ne tiennent pas compte d’eux et qui utilisent l’éducation pour promouvoir un type de personne modifiable à son gré.
En définitive, nous devons encore favoriser les propositions qui sont profitables aux plus nécessiteux de notre société : les malades, les personnes âgées ou dépendantes, etc. ; ainsi que celles qui se préoccupent des plus pauvres, des laissés pour compte, et qui recherchent les moyens de promouvoir un accueil solidaire, notamment à l’égard des émigrants, et un ordre social juste (…) » 

† Jesús García Burillo
Evêque d’Avila

Retour à La Une de Logo Paperblog