Hier, je suis tombé sur un article du Monde qui décrivait les conditions de travail des ouvriers sur les chantiers des J.O. à Pékin. C'était très bien écrit, du vrai Zola.
La majorité des lecteurs commentaient l'article par des remarques outragées et des appels au Boycott complet des JO, des produits made in china et des nouilles sautées. Beaucoup pleurent sur la disparition de quartiers "historiques" ("hutongs") qu'ils connaissent si bien parce qu'ils ont vu un reportage à la télé et qui regrettent que des rues de terre battue bordées de logements insalubres sans eau courante ni tout-à-l'égout soient remplacés par un habitat de béton... Certains rappellent alors qu'un certain Haussmann a fait quelque chose de ce genre il n'y a pas si longtemps, et que seuls des bobos extrémistes pourraient trouver intéressante l'idée d'un Paris comme au moyen-âge.
Mais c'est la réaction d'une lectrice prénommée "Delphine" qui a retenu mon attention. Je vous la livre ici:
D'une lectrice choquée par la description condescendante des travailleurs. On peut décrire les Français de la même manière également: "Les Français se nourrissent de pain et de viande de porc broyée et séchée dans un morceau d'intestin. Ils vivent entasses dans des immeubles vieux et sales, dans des appartements ridiculement petits ou les cuisines sont des placards et les salles de bain minuscules. Le soir, pour échapper a la misère de leur logis, ils se réunissent dans des taudis puant le vin. Apres plusieurs verres, ils sourient au visiteur sous leurs casquettes multicolores, estampillées Ricard ou Heineken et récupérées lors du dernier passage du tour de France. Leur manière de vous parler, c'est de vous mettre sous le nez en grognant un ballon sale de vin rouge, au comptoir, sous le téléviseur crachotant diffusant les résultats d'une loterie permanente, le rapido. En même temps il leur arrive d'exprimer une certaine fierté quand leur équipe de foot a gagne la veille." Delphine
Crédit photo: Sachmanns.dk / FlickR
L'image que nous avons du monde passe souvent par les yeux et la parole de "rapporteurs". Moi par exemple.
Je suis quelqu'un de positif et j'aime regarder le monde avec un oeil optimiste, que d'aucuns qualifieront parfois de naïf.
Ce que je décris de la Thaïlande fait envie à beaucoup. Et je ne mens pas, c'est comme cela que je vois les choses ici. Mais un autre pourrait vous montrer un angle tout à fait différent, comme Delphine l'a fait pour la France.
C'est trop facile de résumer la complexité de ce monde à quelques phrases et quelques idées préconçues. C'est ce que j'espère montrer avec ce blog: que le plus grand trésor des voyages est d'ouvrir l'esprit à l'immensité des possibilités et des vérités de ce monde, quitte à le rendre plus difficile à comprendre.
Non, la Chine n'est pas juste un pays affreux où les ouvriers sont sous payés, où les gens mangent du chien et où les dirigeants musellent l'opposition.
Non, la Thaïlande n'est pas juste un pays chaud et humide, rongé par la prostitution et dont les habitants en sont réduits à manger des insectes.
... pas plus que la France ne serait juste le pays constamment paralysé par les grèves, dont les habitants mangent des grenouilles et masquent leur absence d'hygiène par des effluves de parfum de luxe.
N'oubliez jamais que ce que j'écris ici n'est pas vrai dans l'absolu, mais seulement ce que j'apprends, comprends et ressent au moment où je le rédige.