A force de fréquenterle Périgord pendant plusieurs années, j’ai appris à découvrir les jardins quise suivent depuis Bordeaux, jusqu’à la limite de l’Aquitaine et du Limousin, en formant un véritable itinéraire très contrasté à la fois par les époques et les situations climatiques. L’und’entre eux, parmi les plus beaux vient de fêter ses quinze années d’ouverturepar une chasse aux œufs, Pâques obligent. C’est en effet le 23 mars 1997, aprèsune grande campagne de restauration, que les jardins de Marqueyssac ouvraientpour la première fois leurs portes au public. Durant ces quinze années, ce promontoire sur la Dordogne a accueilli 1 770 674 visiteurs. Ces derniersn'étaient que 34 626 à circuler dans les allées du bastion de la folie de buisen 1997. Ils étaient 189 600 en 2011 pour une saison qui détient, pourl'instant, le record de fréquentation.
Végétation méditerranéenne
Promontoire, il l’esteffectivement. Le bastion, magnifique construction à flanc de falaise, dominede ses hauts murs la plaine et les méandres de la Dordogne. C’est la terrasse quiaccueille le jardin d’agrément dominé par les buis taillés. Le tracé du jardinaux allées sinueuses est typique des aménagements réalisés en France sousNapoléon III. Le buis est véritablement mis en mouvement par vagues quirépondent aux vagues des collines. Onaura compris que l’avantage d’une telle plantation est que le feuillage denseet persistant du buis offre un aspect invariable quelle que soit la saison. Cesbuis communs, Buxus sempervirens, sontcde plus parfaitement adaptés au sol calcaire, d’une grande résistance à lasécheresse mais aussi capables de pousser en sous-bois. Presque tous les buisont été plantés au cours de la deuxième moitié du siècle dernier. Bien que leurcroissance soit extrêmement lente, certains d’entre eux, non taillés, dépassentdix mètres de haut. Seuls 3 000 pieds ont été plantés récemment. L’entretien dece trésor est assuré par une équipe de 5 jardiniers. Les brochures deprésentation du jardin insistent très justement sur les caractéristiques botaniques :Le versant sud de Marqueyssac est couvert d’une végétation méditerranéennecomposée de chênes verts, chênes pubescents, érables de Montpellier,genévriers, arbousiers, viornes-tins, pistachiers, pins parasols. Au contraire,sur le versant nord, une végétation de type atlantique s’est développée : charmes,chênes, érables et quelques robiniers ou faux acacias. Cette différence devégétation est bien visible du Belvédère : le versant sud couvert de chênesverts est bien plus foncé que le versant nord. Ces chênes verts au feuillagesombre et persistant marquent les paysages de la vallée. De là serait née l’appellationde Périgord Noir.
Unpeu d’histoire
Ecoutons leshistoriens. « François de Salignac, évêque de Sarlat dans la deuxièmemoitié du XVIIe siècle, avait demandé pour son évêché le plan d’un jardin à LeNôtre, par l’intermédiaire de son neveu Fénelon, précepteur du petit Dauphin àVersailles. André Le Nôtre s’empressa d’obéir au désir de l’évêque ; il ne se contentapas de lui donner le plan demandé, il envoya à Sarlat, pour exécuter ce plan,un de ses meilleurs élèves appelé Porcher. Le sarladais Bertrand Vernet, grandbâtisseur qui avait acquis la propriété de Marqueyssac en 1692, auraitégalement bénéficié des contacts de Fénelon à Versailles et des plans de Porcher.Le bastion et les terrasses du château sont une des plus belles réalisations enPérigord à cette époque. Julien de Cerval, magistrat à Sarlat, à qui revint lapropriété à partir de 1861 s’est consacré à l’embellissement de Marqueyssac etlui a apporté son caractère italien. Engagé dans la Légion romaine des zouavespontificaux, il a en effet défendu la papauté. Il est à l’origine de l’édificationdu petit bâtiment d’architecture italienne à l’ouest du bastion. Il introduitdifférentes plantes ornementales : cyprès, pins parasols et cyclamens de Naplesqui forment aujourd’hui de beaux tapis colorés de fin juin aux premièresgelées.
Les jardins suspendusde Marqueyssac. Belvédère de la Dordogne - 24 220 Vézac (à 9 km de
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