Résumé: Bocho vient de prévenir Lau qu'une alliance pour le capturer faite entre le Prof et le duo Shun-Juan est à deux doigts d'avoir lieu. Pour empêcher cela, Lau décide de donner rendez-vous au Prof pour l'appâter. Mais avant toute chose, il lui faut mettre Jade dans un lieux sûr pour la protéger des agissements de la Chouette.
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CHAPITRE X
Un havre…
En retrait des buildings, on peut trouver dans le district de Tin Shu Wai à peu près tout ce qu’on n’imagine pas de Hong Kong.
Se trouve là-bas un quartier résidentiel alliant le pragmatisme hongkongais à un certain bon goût, mélange rare qui offre un spectacle très agréable. Cet ensemble de maisons jumelées sait en effet éviter la morosité propre à ce genre de lieux sans passé et qu’il faut normalement conserver « en l’état ». Habité par une population aisée, il est permis à chacun des propriétaires de personnaliser sa demeure : ceci donne une suite de portails, de cours et de devantures souvent de bon goût, qui savent éviter la monotonie sans, ô surprise, être forcément clinquants. C’est un endroit calme, un rêve bourgeois que ne partagent peut-être pas les citadins. Seuls les noms des rues, composés de lettres et de chiffres, donnent à ce lieux l’artifice d’une froideur toute contemporaine.
Jade n’était jamais venue ici et fut un peu surprise. Elle ne pensait pas atterrir dans un endroit aussi huppé en suivant son protecteur. Ils marchèrent un peu après avoir descendu du bus pour rejoindre l’une des plus spacieuses, coquettes, mais aussi discrètes, bâtisse cachée au bout d’un cul-de-sac. Lorsqu’ils franchirent le perron, une femme d’une cinquantaine d’année au visage doux et souriant les accueillit. Lau présenta Jade à Madame Lan, décrivant celle-ci comme la propriétaire des lieux ce que voulut réfuter la paisible femme.
« Ah, Madame, cette maison, que dis-je, ce palace vous est acquis ! Vous savez très bien qu’en le refusant, je perdrais la face ! », répondit Lau sur le ton de la plaisanterie.
Jade comprenait de moins en moins qui était cet homme. Ne pouvant plus le considérer comme un simple employé d’agence de photo, elle était plongée dans un abîme de perplexité.
Elle suivit docilement Madame Lan à l’intérieur tout en craignant de s’ennuyer dans ce quartier bien trop calme, tandis que Lau rejoignait le Philippin qui, la veille, l’avait prévenu de l’arrivée de Shun et Juan au Printemps Bleu.
Mabuhay, c’était son nom, était un serviteur de la famille de Lau depuis de très nombreuses années. Ce visage ridé et fermé cachait une grande sagesse ainsi qu’une capacité à entrer dans l’action le moment voulu. Lau éprouvait pour ce compagnon un attachement très fort, de l’amitié pourrait-on dire, mais le vieil homme habitué par des années de servage ne pouvait s’empêcher de continuer de l’appeler « Monsieur ».
« Enfin de retour ! À traîner dans ces endroits malfamés, vous jouez avec le feu, Monsieur.
-Hier nous étions à la recherche de ce chef de pègre nommé « Baron », aujourd’hui le poisson que je ferrais était d’une toute autre espèce.
-Vous parlez de la gamine ? Vous avez fait une erreur en la ramenant. On ne peut pas se fier aux jeunes, aujourd’hui, encore moins quand ils n’ont pas reçu d’éducation. »
Le visage de Lau s’empourpra :
« Tu seras gentil de ne pas me critiquer trop vite et de calmer ton jugement la concernant ! Je suis encore apte à prendre les décisions qui s’imposent sans ton consentement ! Je ne te paie pas pour jouer les sages-femmes, que je sache !
-Emportez-vous, Monsieur, il me suffit de vous rappeler certains moments critiques du passé pour vous calmer ! »
Mabuhay avait fait mouche. Il continua :
« Un homme tel que vous doit se montrer prudent avec une faune qui serait bien heureuse de lui soutirer toute sa fortune.
-Oui tu as raison. Mais je n’agis pas à la légère, crois-moi. J’ai décidé de consacrer ma vie à aider de bonnes âmes qui ont connu le malheur. Jade a le droit à une chance. Je lui offrirai cette chance, de même que j’offre mon aide à cette brave Madame Lan, une femme mariée à un homme d’affaire sans scrupule, et qui vivait dans le besoin lorsqu’elle s’est présentée à moi.
-Vous ne pourrez pas aider la Terre entière…
-Laisse-moi au moins la chance de corriger la ligne de ces deux destins.
-Je vous connais : tantôt bon comme un saint, tantôt aussi terrible qu’un Hantu (Ndla : un Hantu est un démon Philippin).
-Tu as raison, Mabuhay, car je me suis promis de retrouver les parents de la pauvre enfant et de les châtier pour l’avoir abandonnée à la Chouette, cette horrible vieille femme ! Mais chut ! Voici mes deux protégées qui reviennent… »