Dominique Sorrente | [je suis celle qui se voue à la flamme]

Publié le 11 avril 2012 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

[JE SUIS CELLE QUI SE VOUE À LA FLAMME]

Je suis celle qui se voue à la flamme, dis-tu.

Et moi,
dormeur debout
ou marcheur allongé,
je me vois pactiser avec le corps du feu.

Nu parmi les encres sèches,
avant de retourner à la boue,
avant que chaque mot me dépossède
sous sa feuille de verre,

je me vois
qui écoute, émerveillé,
où ton ventre respire,
dans le magma pur des origines,
le bruit que fait une chute
insignifiante.

Où plus rien ne résonne, tu te lèves, tu es la vivante.

Sur l’univers de ta peau, je consacre chaque centimètre.

Et voici,
dans l’incertain pays, je touche la violence, et la douceur
de cette violence,
quand tu dis : désastre de l’enfant intérieur.

Puis j’imagine le cocotier au doux sexe dans une seule graine,
et le doreur sur trempe
qui dit : on a toujours deux vies.

C’est bien ici. Les amoureux se reconnaissent
à leur façon de trouver des anagrammes
aux prénoms de la terre.
Ils rient pour faire de la conversation une œuvre d’art.

Sur ce rebord du monde qui nous rendra tous étrangers,
je suis
un corps debout
qui tient le paysage.

Mes pas
ne veulent plus être
qu’aujourd’hui,

le repos,
la vie sauve,
les mots reçus
du beau témoin tardif.

La terre est ce grand jour mêlé
qui sépare les eaux dans les éclats du temps.

Dominique Sorrente, « IX Esquisse pour la vivante », C’est bien ici la Terre, Éditions MLD, 2012, pp. 88-89-90. Préface de Jean-Marie Pelt.



DOMINIQUE SORRENTE


Source

■ Dominique Sorrente
sur Terres de femmes

C’est la terre
→ Écueils
→ J’écris comme on décide par fragments
→ Je t’envoie ma chanson des jours bleus
→ Le temps sans rideaux
→ Pays sous les continents
→ Le Scriptorium | Portrait de groupe en poésie

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site du Scriptorium de Marseille) un Portrait de Dominique Sorrente



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