Mildred Pierce, incarnée par Kate Winslet (à droite), couronnée par un Emmy Award et un Golden Globe. Crédits photo : Mildred Pierce (c) Photo12
La série américaine débarque sur France 3. La chaîne des régions a cassé sa tirelire pour s'offrir un joli succès du genre, la minisérie Mildred Pierce, dont le rôle-titre est incarné à l'écran par la talentueuse Kate Winslet. Cette dernière y a même gagné un Emmy Award et un Golden Globe pour sa prestation. C'est auprès de la prestigieuse chaîne HBO que France 3 a acquis ces cinq épisodes d'une heure. Ils seront vraisemblablement diffusés le dimanche soir d'ici à début 2013. Le temps qu'Orange, qui en est le premier diffuseur, épuise ses droits pour sa chaîne Orange Cinéma Séries.
Pour France 3, il s'agit, selon David Djaoui, directeur de la programmation et des acquisitions de la chaîne, de «créer l'événement sur une case habituellement dévolue à la série policière récurrente européenne». Habituellement, ce sont des séries comme Barnaby, Murdoch ou Docteur Lewis qui sont diffusées ce soir-là, avec un certain succès d'audience. En moyenne, ces trois séries réalisent entre 11 et 12 % de part d'audience, soit des scores nettement supérieurs à la moyenne de la chaîne, qui tourne désormais autour de 9 %.
«Nous voulons, quelques fois par an, proposer une minisérie prestigieuse, très ciblée dans une logique de contre-programmation par rapport à ce que nous proposons habituellement», poursuit-il. Mais le responsable promet aussi que cette incursion dans le monde exigeant de la série américaine «n'aura jamais rien à voir avec ce que proposent les grandes chaînes commerciales de type TF1 ou M6» avec Mentalist ou Dr House. Et pour cause. Si la chaîne ne «s'interdit pas dans l'avenir de renouveler l'expérience» avec des fournisseurs aussi prestigieux que HBO ou Showtime, elle doit faire preuve d'opportunisme pour acquérir des droits existants.
Droits de second choix
Tous les grands fournisseurs de séries américaines font l'objet de contrats longue durée avec les télévisions privées. Ne laissant aux chaînes publiques que la possibilité d'acquérir les seconds choix des studios ou les productions échappant miraculeusement à ce type de contrat.
C'est d'ailleurs pour cela que France 3 n'hésite plus à investir dans le préachat de miniséries. Ainsi, la chaîne a annoncé le préachat des huit fois 52 minutes d'Un monde sans fin, la suite de la superproduction germano-canadienne des Piliers de la terre. Un vrai risque, compte tenu des audiences que la première saison a réalisées sur la chaîne, soit en moyenne 8,4 %. Mais, souligne David Djaoui, cette série «a réalisé une bonne performance sur notre baromètre qualitatif». De même, la chaîne entend préacheter en première exclusivité une série suédoise policière d'au moins six épisodes pour alimenter cette même case. Ces différents achats ont vocation à montrer que France 3 «bouge, se modernise et entend se rajeunir à l'heure où le paysage audiovisuel se complexifie. L'année prochaine sera encore plus compliquée pour nous, chaînes publiques, dans un univers à vingt-cinq chaînes», rappelle David Djaoui.
Ironie du sort, ces annonces interviennent alors que le Centre national du cinéma (CNC) vient d'annoncer sa volonté de relancer la fiction française et notamment de privilégier les nouveaux formats que sont les 52 et les 45 minutes. Jusque-là, France 3 s'imposait comme le champion toutes catégories du film unitaire de 90 minutes. Autant dire que les producteurs français vont devoir se mettre à la page, même avec la chaîne des régions.
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