La fenêtre entrouverte
je regarde la mer.
Je voyage
ma main
sur le bois
rugueux
de la vitre
dont la peinture écaillée
ne compte plus son âge.
Au loin
un phare
lance ses éclairs
comme un appel
un cri
dans la nuit.
Une solive craque
le passé se réveille.
Je « m’ensonge »
comme le disait Jacques Lacarrière
je passe les portes du temps
je pénètre un secret de murs
de vieilles pierres
dedans
des soupirs s’exhalent du parquet
tout un peuple prend vie
venu de l’ombre
dehors le vent le lève
de puissants nuages noirs menacent
la mer se gonfle
prête au combat
et je me demande
je me demande
depuis qu’est née cette maison
qui domine la mer
combien
comme moi
un soir
dans la solitude
le cœur pesant
concassé de chagrin
ont regardé l’horizon
et senti soudain
une présence
la présence
de tous ces absents
qui regardèrent
un soir
se lever la tempête
ainsi que je le fais
la main posée
sur le bois de la fenêtre…
Absents
dont un jour
je le sais
je serai.
©Adamante