1516
à Anna Akhmatova
Anna écrivait sur des pages d’avant révolution
Eut quelques heures de gloire passagère
Juste avant que ne se referment les absurdes prisons
Anna attendit sur les trottoirs de Léningrad
Suppliante devant les geôles à jamais refermées
Anna n’eut que larmes et mots
Avant de sombrer en parfait oubli
Brisée avec les rêves de liberté
Vainement promise
*
Ainsi nos yeux voient
Ce qui est nié
Ainsi nos oreilles entendent
Le discret bruit des suppliciés
Celui qui ne trouble rien
De l’ordinaire aveuglement
*
Monstres froids qui avancez en trainant vos pantoufles
Monstres glacés qui ne pleurez que sur votre triste sort
Monstres
Monstres
Monstres
*
Que ne suis-je capable
De souffler tempête implacable
Sur vos têtes pourries
Vos truffes abjectes
Vos silences complices
*
Mais ce serait encore violence ajoutée à la vôtre
Tristes pantins aux mains de ceux qui vous possèdent
Manosque, 10 février 2012
© Xavier Lainé, février 2012
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