Je ne mesurerai jamais tout ce que m’a apporté Mœbius allias Jean Gireaud à travers son œuvre. Je ne l’ai jamais rencontré en personne, mais par ses BD j’ai tant appris. J’ai rêvé d’abord, de liberté, de paix, de douceur, de vérité, de questionnement intérieur dans ses univers poétiques et vivants, où il m’emportait vers la dimension humaine de l’être; vers les mystères de la Vie, vers le questionnement du sens que nous donnons ou pas à nos vies. Ce que j’ai aimé chez lui c’est la justesse, la clarté, et la douceur de son trait associées à l’audace, l’originalité et la sensibilité de son propos. J’ai aimé comment il n’a jamais fait l’éloge de la violence, de la puissance, de la force ou de la réussite sociale. Avec lui on est tellement loin des valeurs brutales et simplistes des Dragon Ball Z ou des comics américains, centrés sur la quête de puissance, la rivalité, la compétition, et l’affrontement naïf des « bons » contre les « méchants » par exemple. Ses héros étaient fragiles, imparfaits, faibles et souvent pleins de doute. Et la solution à leurs péripéties ne résidait jamais dans la violence ou la toute puissance. Son propos fut altruiste, jamais simpliste ni manichéen, mais toujours profondément centré sur l’humain au cœur de chacun. Voilà pourquoi je chéris ce que cet homme m’a apporté par son œuvre qui a nourris et inspiré ce qu‘allait être la mienne plus tard avec Le Monde de Titus. Il m’a donné envie de dessiner, librement, de façon lisible limpide; de parler de choses utiles d’une façon subtile et personnelle. Il m’a donné envie d’exploré la dimension spirituelle de l’Homme à travers ma créativité. Alors oui, Merci Mœbius, pour tout ça, et pour tout ce que j’ai reçu de vous et que je ne mesure pas encore. Une nouvelle étoile s’est ajouté au firmament quand vous avez quitté ce monde. Mais je ne vous oublierai pas.