Carla Bruni peut-elle redevenir une chanteuse à succès ?

Publié le 16 avril 2012 par Vinsh


Mes cerises confites, à l'approche du premier tour de l'élection présidentielle (c'est dans moins d'une semaine, quand même), il n'y a pas grand chose de pop à se mettre sous la dent dans cette belle campagne. Tout au plus pourrait-on causer du stylisme capillaire de Nathalie Arthaud (Arlette spirit ou pas ?), des lunettes multicolores d'Eva Joly, du potentiel bear de Philippe Poutou ou de l'incursion musico-publicitaire dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon. A la rigueur, le traitement médiatique aussi, mais à force de critiquer le Grand Journal, tu vas finir par croire que j'ai une dent contre Canal Plus (que je n'ai pas)... Par contre, il y a un sujet, certes uniquement théorique pour le moment, qui renvoie un peu à la variété française : que va devenir Carla Bruni si elle n'est plus Première Dame ?
En effet, alors qu'elle avait entamé les années 2000 par une collaboration de prestige avec Julien Clerc, puis avec un premier album solo écoulé à plus d'un million d'exemplaires, il faut bien avouer, malgré l'excuse bien commode (et utilisée par tant d'autres) du piratage et de la crise du disque, que la suite de sa carrière a été nettement moins brillante jusqu'à présent. L'album No Promises, en 2007, souffrait certes de son statut nettement moins "grand public" (mise en musique de poèmes de William Butler Yeats, Emily Dickinson ou Walter de la Mare = pas très variétoche made in Chérie FM), mais les ventes relativement faibles de Comme si de rien n'était ne laissent plus trop de doutes : entre déclin progressif suite à des ventes mirobolantes (trop de succès trop vite dès le premier album = incapacité à scorer aussi fort durant le reste de sa carrière) (c'est le syndrome Avril Lavigne) et désamour du public bobo (qui avait grandement contribué à son succès) suite à son mariage royal médiatique avec le Président, la cote de Carla Bruni sur le marché du disque a régulièrement baissée. Les rumeurs lol concernant les ventes boostées artificiellement par l'UMP pour son dernier album en 2008 n'ont pas non plus aidé à maintenir la crédibilité de l'ex-mannequin.
Alors, si elle passe de Première Dame à Première Dame de l'opposition (voire à Première Dame de que dalle, si comme il l'a plus ou moins affirmé Nicolas Sarkozy assumerait les conséquences d'un éventuel échec à la Présidentielle 2012 en se retirant définitivement de la vie politique pour partir vivre à l'Île de Ré ouvrir un club de Scrabble avec Lionel Jospin probablement), Carla Bruni observera-t-elle un impact sur sa carrière musicale ?
Sera-t-elle une has been incapable de vendre un album à plus de douze exemplaires, ou bien de nouveau une curiosité pour le public, qui continuera à se demander ce que cette people de luxe a bien pu écrire et chanter de nouveau ? Car finalement, le grand public est-il si intelligent que ça, a-t-il vraiment adoubé Carla Bruni en tant qu'artiste, ou ne la suit-il dans sa carrière musicale que par curiosité peoplesque ? Après la curiosité pour le mannequin qui chante et la curiosité pour la première dame qui chante (belles ventes à l'international pour Comme si de rien n'était) (Michelle Obama devrait tenter de sortir un single dance), y aura-t-il une curiosité pour la pasionaria de l'UMP qui a suivi son amoureux et ses convictions jusque dans la défaite (ou pas) ?
D'un côté, quand on voit la poisse que cela a pu porter à Faudel ou Miss Dominique en 2007, on se dit que Carla est mal barrée. D'un autre côté, elle a quand même réussi à classer un album n°1 après son rapprochement sarkozyen, ce dont ni Enrico Macias ni Mireille Mathieu ne peuvent se vanter, quand on y pense. Je suppose que l'évolution des choses dépendra de plusieurs critères : si son prochain album est bon (après tout, Quelqu'un m'a dit était un très bon album "nouvelle chanson française", avec des mélodies réussies et des paroles pas connes, apportant au petit monde de la chanson française un petit vent de fraîcheur pas désagréable, pour montrer si jamais c'était nécessaire qu'un mannequin peut très bien avoir de véritables talents au-delà de sa beauté plastique) (c'est l'un de mes albums préférés en français, je dois dire) (même si depuis 2008, en tant que bon gros bobo, ça me fout un peu la honte de l'avouer), si elle fait effectivement un prochain album (si ça se trouve, elle va juste se retirer dans une ville de province pour élever sa fille Giulia et faire des soirées raclette avec Nadine Morano jusqu'à la fin de sa vie), si elle bénéficie de collaborations "respectables" et bankable pour l'appuyer (où est donc passé Louis Bertignac ?) (ah oui, il vote avec sa bite dans The Voice, pardon), si les radios commerciales la soutiennent un peu... Le baromètre d'évaluation, en dehors des ventes, sera probablement une nomination aux Victoires de la Musique, ce qui signifiera probablement que la profession, forcément composée d'artistes gaucho-bien pensants, lui aura pardonné son passage de "ex-mannequin rock'n'roll de gauche ayant couché avec Mick Jagger, défilé aux côtés de Naomi Campbell et posé à poil la moitié de sa vie" à "dadame bourgeoise coincée transformée en archétype de la girouette politique par son revirement pro-UMP et soupçonnée de parachutage favorisé au casting d'un film de Woody Allen".
En fait, et au-delà de toute considération artistique, le vrai enjeu de la carrière musicale de Carla Bruni dans les années à venir, c'est son image : alors, se demandera l'acheteur de variété française en hésitant devant son CD, est-elle amoureuse et sympa, ou biatch et arriviste ? A ce titre, le mieux qu'elle aurait à faire en cas de défaite de son époux le 6 mai (ou même le 22 avril), pour s'éviter un probable bad buzz de "grosse connasse opportuniste" et probablement sauver sa carrière musicale, serait surtout de ne pas en divorcer dans les dix minutes qui suivent. Mais va savoir pourquoi, les mauvaises langues continuent de la croire suffisamment inconsciente pour le faire.