IV
[ME TIRASTE UN LIMÓN]
Me tiraste un limón, y tan amargo,
con una mano cálida, y tan pura,
que no menoscabó su arquitectura
y probé su amargura, sin embargo.
Con el golpe amarillo, de un letargo
dulce pasó a una ansiosa calentura
mi sangre, que sintió la mordedura
de una punta de seno duro y largo.
Pero al mirarte y verte la sonrisa
que te produjo el limonado hecho,
a mi voraz malicia tan ajena,
se me durmió la sangre en la camisa,
y se volvió el poroso y áureo pecho
una picuda y deslumbrante pena.
Miguel Hernández, « poema 4 », El rayo que no cesa [Ediciones Héroe, 1936], Sial ediciones, Madrid, 2002, página 79. Edición de José María Balcells.
IV
[TU M’AS JETÉ UN CITRON]
Tu m’as jeté un citron, si amer,
d’une main si chaleureuse et pure,
que j’ai pu en goûter toute l’amertume,
à travers son corps intact.
Avec ce coup jaune, mon sang
est passé d’une douce léthargie à une fièvre
anxieuse et a ressenti la morsure
d’une pointe de sein long et dur.
Mais en te regardant toi et ce sourire
né d’un événement fait de citron,
si contraire à mon humeur vorace,
mon sang s’est endormi dans la chemise,
et ma poitrine poreuse et dorée s’est fait
une peine éblouissante et pointue.
Miguel Hernández, L’éclair qui n’a de cesse, in Hormis tes entrailles, Éditions Unes, 1989, page 18. Poèmes traduits de l’espagnol par Alejandro Rojas Urrego et Jean-Louis Giovannoni. Vignette de couverture de Lorenzo Jaramillo.
MIGUEL HERNÁNDEZ
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur Esprits Nomades) une page consacrée à Miguel Hernández (« Miguel Hernández, Les chants rugueux de la terre »)
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