De Saint-Simon à Falcon Hill

Deux petites choses se sont passées aujourd'hui, deux petites choses de rien qui me ramènent pourtant à ce clavier tard dans la soirée.

Plus tôt cet après midi, j'ai pris le premier tome des mémoires de Saint-Simon dans la bibliothèque de mon grand-père. Je ne devrais pas mais bon, je fais toujours des parallèles avec l'actualité quand je me lance dans ce genre de lecture. Dans son introduction Saint-Simon explique que « L'histoire est d'un genre entièrement diffèrent de toutes les autres connaissances. Bien que tous les évènements généraux et particuliers qui la composent soient cause l'un de l'autre, et que tout y soit lié ensemble par un enchaînement si singulier que la rupture d'un chainon ferait manquer, ou pour le moins changer, l'évènement qui le suit; il est pourtant vrai qu'à la différence des arts, surtout des sciences, .. nul événement général ou particulier historique n'annonce nécessairement ce qu'il causera, et fort souvent fera très raisonnablement présumer au contraire »!

Je me suis donc posé plein de questions sur la situation historique qui est en train de se développer en France, avec l'élection possible d'un Président Socialiste. Quelles seront les conséquences de cet événement particulier? De quelle façon est ce que le paysage politique national va se redessiner dans les semaines et les mois à venir? Comment allons nous gérer les grands déséquilibres financiers et économiques différemment?

J'en étais là de mes réflexions quand je suis tombé sur le billet très personnel de Falcon Hill, ici. Il y est question d'un décalage entre les blogs « acteurs de la campagne » et les blogs « observateurs intéressés ». Les blogs militants se sont lancés dans une communication sans nuances, et c'est normal. Les autres, tout en reconnaissant « que les enjeux sont suffisamment importants pour que cette campagne le soit, importante », trouvent souvent que leurs lectures dans la blogosphère « les mettent très mal à l'aise, pour ne pas dire plus ».
Ce qui me ramène à mes propres questions. Je ne sais pas vous, mais moi j'ai l'impression que la lune de miel annoncée sera une des plus courtes de l'histoire politique de la 5ème république. Le changement c'est maintenant, c'est vrai, mais un 6 mai ne peut pas faire disparaître les nuages noirs qui s'agglutinent à l'horizon et le programme de François Hollande ne me semble pas en prise avec la réalité. Les circonstances exceptionnelles, qui sont les nôtres, appellent une nouvelle pensée économique, à des décisions et des actions hors normes. Je n'envisage pas plus d'austérité pour rassurer les barons de la finance, bien au contraire. Je demande une prise de conscience de la classe politique en ce qui concerne les risques de la zone Euro, mais surtout une compréhension et une vraie communication sur les grands déséquilibres structurels de nos économies occidentales. La solution passe obligatoirement par une refonte complète de la gestion de nos pays. Et ces changements dramatiques je ne les vois pas dans le programme socialiste. En outre, en ce qui concerne François Hollande en capitaine fort et déterminé en pleine tempête, j'ai comme un doute.
Ceci dit, mes questions n'ébranlent en rien ma détermination d'aller voter dimanche, car je suis convaincu qu'il serait pratiquement impossible de faire pire que ce qu'à fait ou ce que propose de faire Nicolas Sarkozy. Un pas, le moindre pas, vers plus de justice sociale dans la gestion de la crise, est un pas dans la bonne direction. Je me réjouis donc de ce que les sondages nous prédisent. Non seulement je m'en réjouis mais je vais y contribuer, en votant Hollande au premier tour et au second tour.

Cependant.. Cependant... j'en reviens à Saint-Simon et je me demande si cet «événement historique particulier annonce nécessairement ce..» qu'on espère?