WALT WHITMAN
En su país de hierro vive el gran viejo,
bello como un patriarca, sereno y santo.
Tiene en la arruga olímpica de su entrecejo
algo que impera y vence con noble encanto.
Su alma del infinito parece espejo;
son sus cansados hombros dignos del manto;
y con arpa labrada de un roble añejo,
como un profeta nuevo canta su canto.
Sacerdote que alienta soplo divino,
anuncia, en el futuro, tiempo mejor.
Dice al águila: «¡Vuela!»; «¡Boga!», al marino,
Y «¡Trabaja!», al robusto trabajador.
¡Así va ese poeta por su camino,
con su soberbio rostro de emperador!
Rubén Darío, “Medallones” in Azul, 1888.
WALT WHITMAN
Dans son pays de fer vit le grand vieillard,
beau comme un patriarche, saint et serein.
Il y a dans la ride olympique de sa gabelle
quelque chose de noble, de conquérant et d’enchanteur.
Son âme est comme le miroir de l’infini ;
ses épaules éreintées sont dignes de la mante ;
et d’une harpe ouvrée dans du chêne vieilli
tel un nouveau prophète il chante son chant.
Aruspice soufflant un souffle divin,
il annonce pour l’avenir un temps meilleur.
Il dit à l’aigle ; « Vole ! » ; « Vogue ! » au marin,
et « travaille ! », au robuste travailleur.
Ainsi va ce poète sur son chemin
avec son visage superbe d’empereur !
Rubén Darío, « Médaillons », III, in Azul, suivi d’un choix de textes, Éditions José Corti, 2012, pp. 117-118. Traduit de l’espagnol (Nicaragua) par Jean-luc Lacarrière.
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions José Corti) une fiche de Philippe Ollé-Laprune sur Rubén Darío
■ Voir encore ▼
→ (sur Terres de femmes) Walt Whitman | Fureur amoureuse
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