« La mauvaise vengeance, ben c'est une vengeance, le type il souffre, il se venge bêtement. Tandis que la bonne vengeance, ah, ça n'a rien à voir, le type, il souffre, et, bah, il se venge, mais il le fait bien. » — Anonyme
Comme tous les archétypes de la littérature, la vengeance peut mener à des résultats superbes. En cela, le Roman de Gustave Borjay sera une illustration supplémentaire – et éclatante. Mais, comme tous les archétypes, l’idée de vengeance peut mener aux pires balançoires.
Et le Maître va vous les dessiner, ces balançoires. Histoire que vous, apprenti écrivain qui, la bouche en cœur, parlez de l’intrigue de votre roman, une intrigue novatrice où le gentil cherche à se venger du méchant, ne sombriez pas dans les travers les plus pathétiques.
Premier écueil : l’imitation manifeste. Suite à Dumas, on ne peut plus écrire l’histoire d’un type qui se fait trahir le jour de son mariage par ses trois meilleurs amis, qui se fait emprisonner sur une île dont il s’évade, avant de trouver un trésor. Suite à Gladiator, on évitera qu’un fils d’empereur trahisse le général favori de son père à la succession en s’attaquant à sa famille. Et ainsi de suite.
Enfin, une petite compilation des effets à éviter lors du récit d’une passionnante vengeance.
♦ le héros trahi ne regarde pas le ciel en criant à pleine voix – que dis-je, en hurlant – son désespoir ;
♦ le héros ne se livre pas aux plus évidents reproches qui pourraient lui venir à l’esprit lorsqu’il découvre la perfidie du grand méchant : « Nooon ! Pourquoi moi ? Je ne comprends pas ! », « Moi, passe encore, mais untel était innocent(e) ! », « Où que tu ailles, je te retrouverai et je te ferai expier tes crimes, monstre infâme ! Tu regretteras jusqu’au jour où ta mère te mit au monde ! » ;
♦ lorsqu’enfin le héros se venge, qu’il ne dise pas d’une voix mauvaise « Ça, c’est pour untel ! » (où untel désigne la personne proche tuée lors de la trahison initiale) ;
♦ pour finir, une vengeance, ça abîme, psychologiquement parlant : sans doute faut-il éviter une fin idyllique où le héros a terminé ses représailles et va, le cœur tranquille, cultiver ses choux en banlieue avec l’héroïne.
Et, tout annonçant à vos oreilles reconnaissantes qu’il se livrera prochainement à un article concernant les moyens de réutiliser efficacement des archétypes romanesques, comme la vengeance justement,
Gustave Borjay vous salue.
« Tout était bien. »