Charles Beaudelaire

Publié le 22 avril 2012 par Ppleversicateur

Baudelaire, dans son acharnement à vouloir mettre à nu le mal et ses liens avec la beauté, c'est-à-dire les faiblesses et les turpitudes de ce monde, donne « à la poésie un frisson nouveau » avec un recueil de poèmes vraiment original : Les fleurs du mal.

Si l'homme est déchiré, il est lucide, cherche par l'imagination un passage entre le réel et le surréel, refuge ultime et fragile du poète.

J'illustrerai mon article avec une citation de Montaigne :

« La vie n'est en soi ni bien ni mal, c'est la place du bien et du mal selon que vous la leur faites. »  

De ce vénérable auteur, je vous livre ce magnifique extrait interdit à son époque :

Les Fleurs du mal - XX - Les bijoux 

   La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
   Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
   Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
   Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.
     
   Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
   Ce monde rayonnant de métal et de pierre
   Me ravit en extase, et j'aime avec fureur
   Les choses où le son se mêle à la lumière.
        
   Elle était donc couchée, et se laissait aimer,
   Et du haut du divan elle souriait d'aise
   A mon amour profond et doux comme la mer
   Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
     
   Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
   D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
   Et la candeur unie à la lubricité
   Donnait un charme neuf à ses métamorphoses.
     
   Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
   Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
   Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
   Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
     
   S'avançaient plus câlins que les anges du mal,
   Pour troubler le repos où mon âme était mise,
   Et pour la déranger du rocher de cristal,
   Où calme et solitaire elle s'était assise.
     
   Je croyais voir unis par un nouveau dessin
   Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
   Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
   Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !
     
   — Et la lampe s'étant résignée à mourir,
   Comme le foyer seul illuminait la chambre,
   Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
   Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !

Jean-Augustre-Dominique Ingres

La Source

Citation de Charles Beaudelaire :

« L'amateur de la vie fait du monde sa famille comme l'amateur du beau sexe compose sa famille de toutes les beautés ... Comme l'amateur de tableaux vit dans une société enchantée de rêves peints sur toile. »