L’histoire de la Sant Jordi remonte à la nuit des temps. Sant Jordi a été rattaché aux événements des pays catalans pendant les croisades et sa croix vermeille veillait à la protection des guerriers sur tous les champs de bataille. Le preux chevalier est, dès lors, devenu le fervent ennemi des forces du mal, comme le représente le célèbre peintre et graveur allemand Albrecht Dürer au XVème siècle. L’on y voit Sant Jordi terrassant le dragon et, par cela, venir à bout du démon, symbole de l’obscurantisme, pour que puissent éclore les fleurs de la culture.
Son culte s’éteignit avec les mœurs barbares de l’époque, pour se rétablir à la Renaissance sous une forme plus poétique associée à la rose et, plus tard, au livre et à la littérature. Aujourd’hui, la Sant Jordi est placée sous le triple signe de la rose, du livre et du pain. Depuis 1994, la Sant Jordi s’est, à Perpignan, ouverte sur le grand public en descendant dans la rue. Désormais, cette manifestation fonctionne comme un rendez-vous annuel attendu et connaît, édition après édition, un succès populaire croissant.Tous les 23 avril, pour la Saint Georges (Sant Jordi en catalan), la place Gambetta se transforme en une immense librairie de plein air. Editeurs, écrivains et libraires locaux se donnent rendez-vous pour le bonheur des petits et des grands. De nombreuses animations se déroulent également dans la ville comme la bénédiction des roses et la dégustation des vins et des coques de la Sant Jordi.Déclarée en 1996 par l’Unesco « Journée mondiale du livre », la Sant Jordi représente aussi de manière très symbolique l’arrivée du printemps après de longs mois d’hiver. Mais cette fête en terres catalanes est plus que cela. Sant Jordi est, en effet, le patron de la Catalogne. Comme déjà évoqué, la légende de Saint Georges tuant le dragon représente la victoire du savoir et de la connaissance sur l’obscurantisme.Cette conquête de la liberté de pensée s’acquiert à travers la langue, la poésie et la musique. D’où la symbolique du livre. La rose rouge, quant à elle, n’est rien d’autre que la représentation du sang qui s’écoule du corps meurtri du dragon. Elle signifie l’espoir placé par les hommes en un monde meilleur.Le 23 avril, place Gambetta, les sept viticulteurs de Perpignan sont aussi invités à faire couler leur vin autour de stands très fréquentés. La cuvée Sant Jordi fait des miracles. Des actions sont, parallèlement, organisées dans les écoles avec des distributions gratuites de livres. Des Gegants s’ébattent au cours de spectacle de rue. Les artisans boulangers participent aussi activement à la fête. Ils fabriquent pour l’occasion du pain, des gâteaux et des coques (fougasses).La Sant Jordi est fête de l’esprit mais aussi de tous les sens. Le dragon est mort « Au nom de la rose », n’est-ce pas Monsieur Umberto Ecco ?