Non, décidément, l’élection présidentielle française ne suscite aucune émotion de ce côté du monde. Ni les 27% de Sarkozy, ni les 28% de Hollande, pas plus que les 18% de Le Pen. Rien. Tout juste une mention dans les news que la France a voté. Comme un fait divers. Ou d’hiver (j’étais à Paris la semaine dernière, et il y a fait un froid de canard). Circulez, y a rien à dire. Les Américains s’en cognent. Et comment les blâmer si l’intérêt des français eux-mêmes pour cette élection ne dépasse pas celui d’une course de Nascar : regarder les candidats tourner en rond en attendant l’accident.
Ayant scrupuleusement épluché la rétrospective des propositions de campagne des candidats (c’est que c’est long, 12 heures d’avion), il faut dire qu’il n’y a pas de quoi alimenter un débat de CM2 une fois sorti de la cour de récréation. Taxer les millionnaires à 75% (bien fait), mettre les banquiers à l’index (même pas peur !), étiqueter la viande halal comme si elle était bio (bouh ! sale nazi !), supprimer un fonctionnaire sur deux (et pif !) ou en embaucher 60.000 de plus (et paf !), augmenter la TVA (même pas mal !) ou réformer le quotient familial (na-na-nère)… Le monde peut bien continuer de tourner, la France semble avoir décidé de n’y jouer aucun rôle.
Tant pis pour l’influence de la France dans les pays arabes réformés. Tant pis pour le potentiel de développement de la méditerranée. Tant pis pour la consolidation politique de l’Europe ou l’optimisation de sa puissance économique —la première au monde—. Tant pis pour l’accélération de l’innovation, la compétition des universités mondiales, la lutte contre le réchauffement climatique et la recherche d’énergies nouvelles et rentables. D’autres peuvent bien s’y intéresser. Tout comme à l’effondrement de la Syrie, au risque nucléaire iranien, à la prédominance économique de l’Asie et la montée en puissance de l’Amérique du Sud. Ces élections ne semblent avoir qu’un intérêt : virer Sarkozy d’abord. Après on se fait une bouffe et on en parle, du moment que ce n’est pas au Fouquet’s. Non vraiment, cette élection française me parait voler plus bas qu’une sénatoriale américaine… et ce n’est pas peu dire.
Sous le soleil Californien, rien de nouveau. L’onde de choc ressentie se matin à 10h37 ne venait pas des bureaux de votes, mais d’un vrai tremblement de terre dans la région de San Juan Capistrano, à quelques kilomètres d’ici. Un grand « BAM » et quelques vibrations semblables à celles du métro sous les immeubles parisiens. Une magnitude de 3,9. C’est moins bien que le score de Marine Le Pen mais c’est un rappel que la Terre, elle, a encore évolué ce matin