source journaldemontreal.com
Les manifestations étudiantes et le nouvel horaire de travail
coûtent cher à la police de Montréal, tellement qu’elle doit déjà se
serrer la ceinture quatre mois après le début de l’année.
« Une chance que le Canadien n’a pas fait les séries parce qu’on
serait dans le trouble », répètent en chœur plusieurs policiers
interrogés par le Journal.
Depuis le début mars, des policiers de partout sur l’Île nous ont
confié que la situation budgétaire est telle que des enquêtes ont dû
être mises sur la glace, ralenties ou terminées prématurément, et que
des opérations ont été reportées pour des raisons budgétaires.
Dans les centres opérationnels, les enquêteurs ont reçu le mot
d’ordre de ne plus faire d’heures supplémentaires, à moins que celles-ci
aient été dûment autorisées en haut lieu, nous a-t-on dit sous le
couvert de l’anonymat.
Questionné à ce sujet hier, le chef de police, Marc Parent, s’est montré rassurant.
« Non, les budgets n’affectent pas les enquêtes. Et ce n’est pas vrai
qu’il n’y a plus d’heures supplémentaires. S’il y a de la criminalité,
on va s’en occuper », a-t-il dit.
« Mais il y a toujours des imprévus et le mouvement étudiant en est
un qui vient occasionner des dépenses plus importantes », a convenu le
directeur de la police.
200 heures chacun
Selon nos informations, chaque policier de l’intervention aurait
cumulé plus ou moins 200 heures supplémentaires seulement avec les
manifestations étudiantes.
D’après des chiffres qui circulent depuis quelques jours, les
manifestations étudiantes auraient déjà coûté 2 M$ en heures
supplémentaires à la police de Montréal.
Mais d’autres sources avancent un montant de 10 à 15 M$. « Non, moi
je crois que c’est trop », dit le chef Parent, selon qui sa direction
est en train de comptabiliser les dépenses.
Des sources ont confié au Journal que l’enveloppe d’heures
supplémentaires pour toute l’année serait déjà dépensée à 80 %, ce que
rejette le directeur du SPVM.
On nous a également confié qu’il est très rare que des directives
visant à se serrer la ceinture soient données si tôt dans l’année.
Normalement, elles circulent après les festivals, au retour des vacances
d’été ou quelques mois avant la fin de l’année financière.
Le nouvel horaire de travail appliqué dans le cadre d’un projet
pilote depuis la fin du mois de janvier n’aiderait pas les choses.
En vertu de ce nouvel horaire, les policiers des postes de quartier
effectuent des quarts de travail d’une durée de 9 h 45. Les policiers de
nuit travaillent sept jours consécutifs suivis d’autant de jours de
congé.
Témoignages coûteux
Or, il semble que leur présence en cour pour témoigner durant leur
semaine de congé coûte cher en heures supplémentaires, beaucoup plus
qu’anticipé.
Le soir, les équipes sont plus nombreuses, mais réduites en effectif,
ce qui a pour effet d’augmenter le nombre de remplacements.
« Effectivement, il y a eu des gros projets en début d’année et la
présence à la cour a aussi été importante. On est en train de voir tous
les impacts associés à ça, mais il est trop tôt pour le dire », affirme
Marc Parent.
Le nouvel horaire devait également s’appliquer aux enquêteurs, mais
ce projet a été reporté à l’automne. « Les commandants s’arrachent les
cheveux pour voir comment ils pourraient l’appliquer », nous a-t-on dit.
« C’est pas quelque chose que je vais régler dans un article de
journal. Mes gens sont en discussion avec la Fraternité », a répondu le
chef lorsque le Journal lui a demandé si le nouvel horaire pourrait ne
jamais s’appliquer aux sections des enquêtes alors que le projet pilote
tirera à sa fin à l’automne.