Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

Publié le 25 avril 2012 par Anaïs Valente

Il m’a dit « normalement, vous ne devriez plus avoir mal ».

Cool.

Pas cool.

C’est le « normalement » qui me pose souci.

Et tout bien réfléchi, le « devriez » me pose également souci.

J’aurais préféré une phrase du genre « là, cette fois, plus jamais mal, Miss Anaïs (enfin Miss OK, vu qu’il m’a appelée comme cela toute mon adolescence, lorsque, chaque mercredi, je me pointais chez lui, sourire en coin, bouche cariée, OK sous le bras) », ou alors « c’est sûr à 100.000 %, la douleur a quitté votre dent ».

C’eût été préférable à « normalement, vous ne devriez plus avoir mal ».  Et à ce qu’il a ajouté ensuite « si vous avez mal, je vous prescris des antibiotiques ».

J’ai un souci avec le « si vous avez mal ».

Je veux pas avoir mal. 

Je veux plus avoir mal.

Et voilà.

J’ai mal.

Bah, je devrais avoir l’habitude, depuis le temps qu’elle me donne du fil à retordre, cette dent.  La 24.  Mais je ne m’habitude pas à avoir mal.  Chuis une chochotte moi, ma bonne Dame, une chochotte qui n’a jamais supporté les bobos.

Mais j’ai mal.

Ça va passer, je veux y croire. 

Faut dire qu’après des piqûres qui piquent, des fraises qui fraisent, et tout le toutim, ben c’est véritablement un cabinet dentaire qui s’est installé dans ma bouche.  Pas que l’odeur, tout le matos avec. 

L’avantage d’être myope, chez le dentiste, c’est que pour ne pas voir tous les instruments de torture qui me menacent, il me suffit d’ôter me bésicles.

Sauf qu’il aurait mieux valu que je sois presbyte et pas myope car, même sans lunettes, lorsque la jolie main de dentiste chéri s’approche avec, non pas la fraise, qui est mon amie depuis belle lurette, mais un instrument tournant sur lequel est fichée une longue tige de métal qui va entrer dans ma dent évidée jusqu’à la pointe de sa racine, ben en étant myope et pas (encore trop) presbyte, je vois tout.

Alors je ferme les yeux, et je m’imagine dans un champ plein de jolies fleurs, mon visage caressé par un tendre soleil… à moins qu’il ne s’agisse d’une main masculine tout aussi tendre.  Le vent me fait frissonner, à moins qu’il ne s’agisse toujours de cette main.  Le bzzzzzzzzzz bzzzzzzzzzzzzzz de l’abeille me fait ouvrir les yeux.  Nan, pas une abeille, juste cette tige qui nettoie ma dent, encore et encore, faut c’qui faut hein, faut souffrir pour être... euh pour être quoi au juste ?

Allez, je m’en vais chercher une paille et tenter d’ingurgiter un liquide quelconque en attendant que ma face d’hémiplégique se réveille.

Illu de Ptitbordel.