Le p'tit gars à sa maman...

Publié le 25 avril 2012 par Lesimparfaites
- Il est ben calme, ton gars!?!
C'est vrai. Il est doux, calme et colleux. Il a un instinct maternel qui le fait devenir gaga et précautionneux devant les bébés. Il est câlineux et n'est pas rough pour deux sous. Aucun potentiel de grand sportif, il est plutôt un artiste très dans sa bulle, dans sa tête et ce depuis qu'il est tout petit. Le matin, quand il est avec moi, dès qu'il se lève, il titube jusqu'à moi dans la cuisine et étire ses bras pour qu'on se fasse notre "colleux du matin". Sa tête sur mon épaule, ses petits bras autour de mon cou, bien collé, il reste ainsi pendant 5 minutes. C'est notre petit moment. Il est probablement aussi dans son Oedipe profond car il multiplie les compliments à mon égard. Il peut dessiner trois heures non stop quand on est au resto ou au Salon du livre. Sans se plaindre. Sans déranger.
- Ouin, un vrai p'tit gars à sa maman...
Ça veut dire quoi? La phrase incomplète, en suspension, est lourde de sous-entendus. Le terme "fils à maman" est lourd de sens. On voit parfois même la proximité mère-fils comme une pathologie. On imagine un garçon accroché à sa mère, dépendant, qui ne sait pas se débrouiller et une mère qui contente d'avoir quelqu'un à materner s'accroche aussi à son fils. On pense aussi que j'en fais un petit différent, une "poule mouillée", probablement un efféminé, un hors-norme, comme on traite encore ces garçons qui ne saccagent pas une maison en moins de deux minutes, qui n'ont pas de problème à ne pas grouiller pendant un souper au resto et qui ne trippent pas sur les gros Tonka.
Il est comme cela. C'est tout.
Oui, j'aime aussi le fait qu'il soit colleux et affectueux. Je devrais l'éloigner? No way! Je sais bien trop que ça passe. Et puis, il parait, selon le livre The Mama’s Boy Myth: Why Keeping Our Sons Close Makes Them Stronger que les fils à mamans sont plus confiants, ont moins de problèmes avec l'autorité et présentent moins de comportements à risques à l'adolescence. Et qu'on ne devrait pas s'inquiéter...
Ma crainte d'un "fils à maman" était plutôt qu'il s'accroche et qu'il ne soit pas indépendant ou autonome. Le genre à se morfondre à l'école ou à pleurer pour ne pas que je le quitte. Jamais. Il n'a pas de problèmes relationnels avec son père, mon amoureux, son professeur ou les autres adultes significatifs dans sa vie. Je ne suis exclusivement son objet d'attention et de câlins. Mais je suis consciente que j'en suis le centre. Je n'en abuse pas, je ne compense pas non plus. C'est juste sain et je ne le transformerai pas en simili-sportif ou petit-grouilleur pour plaire aux autres.
Toutefois, les "fils à maman" ont mauvaise presse. On les croit encore à s'accrocher à leurs parents. Qu'on ne s'imagine pas que je plierai ses bobettes jusqu'à 29 ans (il le fait déjà tout seul!) ou que je lui serve/desserve son assiette avec une attitude limite béate d'admiration (il connait très bien le lave-vaisselle). Je ne l'infantilise pas. Je ne lui fais pas plus de passe-droit (il a visité le tapis de punition souvent lors de ses mémorables crises!).
En fait, je ne veux qu'il soit un homme heureux un jour. Et je pense que là, à cinq ans, s'il a envie d'avoir des câlins, eh bien je vais lui en faire encore. C'est probablement ainsi que je vais en faire un homme heureux et épanoui pour plus tard. Un jour, sa blonde me remerciera.