Un mélange de désillusion et de courage grandit dans l'adolescence d'aujourd'hui. L'innocence est en partie perdue, le non-sens prône ses vertus. Profiter de tout, ne rien laisser passer : soif de vivre au bord du gouffre, voilà ce que nous sommes : des adultes encore frustrés, dans le déni. Des adultes déjà résignés, qui se droguent pour échapper... à quoi ? Notre individualité, apparue au XVIIe siècle, dessert la masse. Le capitalisme est basé sur l'individualité et il s'effondre sur lui-même, lentement. Le communisme se basait sur le groupe - il n'a pu survivre aux individualités. Où est la solution ? Peut-être est-ce à cela que nous cherchons à échapper : devenir une partie de l'organisme géant qui constitue notre monde, notre monde humain. Devenir une cellule furieuse, étouffée, frustrée. A-t-on jamais vu un atome se rebeller et refuser les ordres de la physique ?
Oui, c'est pour cela que nous buvons, fumons, prenons du crack, de l'héroïne, que nous écrivons, lisons, peignons : pour échapper à ce sort au final universel : servir la cause de l'espèce aussi aveuglément qu'un atome, alors que notre esprit possède la vanité.
Esprit et Instinct ne peuvent cohabiter calmement. C'est la terrible tragédie de l'Homme.