Les poursuites judiciaires engagées par les autorités tunisiennes contre le patron d'une chaîne télévisée qui avait diffusé le film français "Persepolis" devraient être abandonnées, a déclaré Amnesty International avant la reprise du procès de cet homme.
Nabil Karoui est poursuivi pour "atteinte aux valeurs du sacré" et "troubles à l'ordre public" après la diffusion par sa chaîne du long métrage d'animation, auquel on reproche d'être blasphématoire car il comporte une scène montrant une représentation de Dieu. Il encourt jusqu'à trois ans d'emprisonnement.
"Alors que nous comptons sur le gouvernement tunisien pour qu'il donne l'exemple et consacre le plein respect des droits humains dans la nouvelle constitution du pays, il est troublant de voir que ce procès se poursuit", a expliqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
En octobre 2011, la diffusion sur Nessma TV d'une version en dialecte tunisien de "Persepolis", film primé sur la révolution iranienne de 1979 racontée du point de vue d'une petite fille, avait provoqué des réactions de colère.
La maison de Nabil Karoui a été incendiée le 14 octobre à la suite d'une manifestation devant les bureaux de Nessma TV, dans le centre-ville de Tunis. Des militants salafistes sont soupçonnés d'avoir perpétré cette attaque. Nabil Karoui a porté plainte mais, à ce jour, personne n'a été tenu de rendre des comptes à la connaissance d'Amnesty International.
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