Le matin à sept heures et demi, Fida emmène sa petite fille de six mois, Léa, à la garderie avant de partir au travail. Cinq jours par semaine, elle a à peine quelques minutes avant de laisser son enfant à la garderie pendant les dix heures à venir. Là-bas, Léa et les autres enfants âgés de quarante jours à deux ans sont sous une garde attentive à tout instant. Croyez-vous que c’est la vérité? Le Podcast Journal a pu rentrer dans une des garderies les plus renommées du Liban pour vous raconter ce que vous ne savez peut-être pas. Alors lisez attentivement! Après tout, ils pourraient s'agir de vos propres enfants.
Contents à côté de leurs parents. Photo (C) Ibrahim Chalhoub
Podcast_Garderie_Liban.mp3
(394.3 Ko)
Récemment, les médias locaux se sont intéressés aux mesures de sécurité dans les garderies, suite au décès de plusieurs enfants. Ces cas sont rares et n’ont pas besoin d’un envoyé spécial pour les suivre comme pour les maltraitances journalières qui peuvent être dissimulés tant que l’enfant va à la garderie.
Parmi ces pratiques, il y a l’utilisation de deux lingettes au maximum pour le nettoyage des selles. Et comme la rapidité dans la manipulation est essentielle pour pouvoir s’occuper de tous les enfants présents (douze par chambre), on demande d’utiliser la force dans le nettoyage comme si le bébé n’avait pas une peau sensible. Les crèmes et les émollients ne sont pas appliqués à chaque changement de couche. Ils sont réservés à la dernière minute avant que l’enfant quitte la garderie. Même si un érythème se développe, la maman ne saura pas la cause tant qu’elle retrouve des traces du produit protecteur sur les fesses de son enfant lorsqu’ils rentrent à la maison.
La force et la rapidité jouent aussi leur rôle lors du repas. Peut importe la situation, l’enfant doit finir son assiette. Plusieurs cas de vomissements inexplicables chez les ados peuvent provenir d’un trauma durant l’enfance vécu à la table à manger de la garderie quand le petit pleurait parce qu’on criait pour qu’il mange vite malgré son mal au ventre ou à la gorge.
Les employées de la garderie, jardinières et aides, s’emprisonnent dans un cercle vicieux gouverné par le stress d’être toujours en retard d’une part et de leur maltraitance des enfants qui augmente l’angoisse du surmoi. Le résultat serait une fausse adaptation des employées à la tension qui se manifeste par de mauvaises pratiques physiques et psychologiques qu'elles répètent (dont plusieurs d’entre elles sont des mamans) dans leur travail à la garderie.
Quand les enfants se réveillent après la sieste, certains d’entre eux auront besoin d’un peu de temps pour récupérer leur zèle, fait qui tape sur les nerfs des employées stressées et les pousse à faire des actes que l’on regrettera. Les enfants seront traités par des mots comme “stupide” et “con” considérant qu’ils ne comprennent pas ce qu’on leur dit. Ils seront aussi attrapés par les bras et emmenés ou poussés par de coups de mains continus en répétant “vite… vite!”. Il y a certainement des exceptions. Les employées ne cessent de qualifier les enfants, dont les parents apportent des cadeaux de qualité, par des expressions comme “hyper intelligent” et “qu’elle est belle!”.
En 1944, le psychanalyste D. W. Winnicott a dit: “Tout ce qui n’apporte pas un soutien spécifique à l’idée que les parents sont des personnes responsables sera, à long terme, dangereux pour le cœur même de la société”. Étant donné l’absence obligatoire des parents de l’environnement de la garderie, et après ce qu’on vous a exposé suite à notre enquête, ce serait à vous d’en tirer la leçon et de réagir! Autres articles avec des tags similaires
-
L’IMAGE DU JOUR – Beyrouth la nuit
-
L’IMAGE DU JOUR – Malgré le temps
-
L’IMAGE DU JOUR – Carine Salameh
-
L’IMAGE DU JOUR – L'enfant mendiant
-
Le chien comme antistress idéal
Voir la carte