Moins de poisons à l'école

Publié le 28 avril 2012 par Jean-Robert Bos

Un article sur Isabelle Farbos et le travail d'HSEN dans Sud Ouest
http://www.sudouest.fr/2012/04/26/moins-de-poisons-a-l-ecole-698681-2780.php

6h00
Par Hélène Rouquette-Valeins

Isabelle Farbos, docteur en génétique et biologie moléculaire, en guerre contre les produits toxiques, fait de la pédagogie auprès des agents d'entretien. (Archives « SO »/ Quentin Salinier)

«Il y a trop de molécules en libre-service. » Isabelle Farbos, docteur en génétique et biologie moléculaire, cofondatrice de l'association Habitat-Santé-Environnement (HSEN), sait de quoi elle parle. Elle et son compagnon, Ragnar Weissmann, docteur en microbiologie et écotoxicologue, examinent les bureaux, les écoles, les maisons individuelles, les espaces verts de la région Aquitaine et émettent un diagnostic. En partenariat avec le Conseil général de la Gironde, ils ont réalisé ce travail au sein des établissements scolaires dont la collectivité locale a la responsabilité. Mais aussi au CHU, à la polyclinique Bordeaux-Nord ou à Pau.

« Pour l'entretien des établissements scolaires girondins, sur 80 produits utilisés, il fallait en retirer 70 », témoigne Isabelle Farbos. Il s'agit en général de produits d'entretien hautement toxiques soupçonnés d'être des perturbateurs endocriniens ou des agents cancérigènes.

L'association HSEN commence par sensibiliser ceux qui utilisent les produits de nettoyage. « On parle de ce qui les concerne eux », explique Isabelle Farbos. Durant les trois heures de sensibilisation, les membres de l'association « traduisent la science en actions concrètes » devant l'encadrement et les agents.

Un cancer par collège

« On explique comment la chimie a un impact sur eux et sur ceux qui fréquentent les locaux. » Ils mettent en rapport éthers de glycol et perturbateurs endocriniens. Ils déroulent la liste des substances CMR (produits chimiques cancérigènes et/ou mutagènes et/ou toxiques pour la reproduction). Et rappellent aussi que 1 cancer sur 600 touche un enfant scolarisé. Un par collège. Ensuite viennent les conseils et les bons gestes.

« Un peu de science et beaucoup de psychologie pour tenter de changer les mentalités », note Isabelle. C'est ainsi qu'ils ont convaincu les jardiniers de bannir les pesticides et le Round-up pour l'entretien des espaces verts des établissements scolaires. Mais « encore faut-il ensuite pouvoir proposer des produits de substitution et réintroduire des labels fiables », précise Isabelle Farbos.

« Ils travaillent par exemple avec l'entreprise Alcal, qui fabrique des détergents et désinfectants écologiques pour l'hygiène alimentaire, destinés au nettoyage des cuisines collectives et de celles de l'industrie alimentaire. Cette société, installée en Dordogne, bénéficie de trois labels : Écolabel, Écocert, Nordic Swan. « Nous fournissons, détaille Philippe Briat, son directeur général adjoint, des produits qui sont garantis en termes de désinfection, sans faire appel à des produits toxiques. Les travaux de recherche de nos laboratoires sont effectués par des docteurs en chimie. Un choix volontaire, de façon à disposer d'une matière grise de haut niveau, plus experte. Nous travaillons sur le plan national pour quelque 500 clients, dont les magasins Leclerc. »

La société forme aussi les agents à l'utilisation économique des produits. « Ce qui explique, assure Isabelle Farbos, que l'on réalise aussi des économies, 40 % pour le Conseil général, 33 % pour le CAT de Bègles. »