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Inside the studio – Phil Weeks

Publié le 30 avril 2012 par Jekyllethyde

Inside the studio – Phil Weeks

Après les Inside the office, place aujourd’hui à une nouvelle série sur Jekyll&Hyde, les Inside the Studio. L’idée est simple, une immersion dans le studio et l’univers musical d’un artiste que nous aimons. Un échange sur le son, la scène locale et internationale, mais aussi sur son matériel et ses techniques de production. Alors avec qui débuter ? Malgré l’exubérante liste de producteurs talentueux sur Paris, il fallait bien en choisir un… Et tant qu’à faire pourquoi pas justement suivre la voie de l’exubérance et de l’underground avec un producteur, Dj et boss de label, parfois méconnu du public français, Phil Weeks.
Reçu chez lui, pour une après-midi qui tiendrait presque de l’expérience sensorielle intense, il nous relate son passé au travers son label Robsoul records, sa carrière et son addiction pour la House music. Super bien accueilli, très bien soigné, le tout dans une atmosphère enfumée. Retour sur cette rencontre atypique.

Inside the studio – Phil Weeks

Salut Phil, merci de nous accueillir. Pour commencer, peux-tu te présenter ainsi que ton label ?

Phil Weeks, boss du label Robsoul records fondé fin 1999, et vraiment opérationnel en 2000 lors de sa première sortie. Je suis dj, producteur, depuis maintenant plus de 15 ans. Je voyage dans le monde tous les weekends et quand je rentre chez moi c’est pour faire de la musique ou m’occuper du label.

Peux-tu me parler de ton background musical et de ton parcours ?

J’ai mis le nez dans la musique avec le violon et le solfège, puis la batterie vers mes 13 ans. Âge qui correspond à ma première claque sonore, lors d’un voyage scolaire en Angleterre et l’achat dans un Virgin de l’album de Public Enemy « Fear of the Black Planet ». C’est à partir de ce moment là que je suis parti à fond dans le Hip Hop, les sons crados, les loops, les samples… Quant à mes premières sorties en clubs elles remontent à 91-92, époque où je découvre la House et des trucs plus barrés, comme le label Bonzaï. Mais ce n’est vraiment qu’en 97, suite à la découverte de l’album Homework des Daft Punk que je décide de vraiment me lancer dans le son, et de changer radicalement de carrière. Il faut savoir qu’à cette époque là j’étais joueur de tennis de table professionnel.

« Il faut savoir qu’à cette époque là j’étais joueur de tennis de table professionnel. »


Lorsque l’on se penche sur ta carrière on voit que tu traînes pas mal avec le « House Gangster » Dj Sneak, véritable légende de Chicago, avec lequel tu entretiens une amitié qui va au delà de la musique. Comment vous êtes-vous rencontrés, et quelle influence avez-vous l’un sur l’autre dans votre travail ?

Dans mes influences je citerais Derrick Carter, qui en 96 était un véritable monstre de production avec des dj sets complètement fous, et puis justement Dj Sneak que j’ai connu lors d’une gig en 2002. A l’époque je jouais déjà beaucoup de ses sons, et lui des miens, et au fur du temps nous avons appris à nous connaître, à devenir pote dans le privé et à commencer des projets ensemble. Ca fait donc maintenant plus de 10 ans que nous nous connaissons. J’ai sorti son album sur mon label (Robsoul 26) en 2004 et moi des disques sur le sien.

On a vu que tu étais très actif sur la scène, avec beaucoup de sorties, toujours avec la même signature sonore très raw. Peux tu nous parler du matos que tu utilises, l’importance de celui-ci dans ta façon de travailler, ton avis sur la MAO ?

J’ai pas envie d’entrer dans les débats du type « la MAO c’est moins bien » etc… Par exemple, Joss Moog produit avec Cubase, couplé avec du matos externe tel qu’un Rhodes et quelques synthés, et ça lui réussi très bien. Pour moi, il faut surtout de bonnes oreilles et une bonne culture. Après personnellement, j’ai toujours travaillé avec des machines car je me fais chier avec un ordi et une souris. Au bout de deux heures j’en ai marre. En plus, j’aime les sons dirtys, plus crades, et par ce fait les sons beaucoup trop pures de la MAO m’emmerdent vite. Je préfère travailler sur ce matos à la fois pour le plaisir de taffer en physique que pour le son qui en sort.

Inside the studio – Phil Weeks

Tu restes plutôt discret sur la scène parisienne, mis à part ta résidence au Rex et quelques soirées au showcase. Quel est donc ton rapport avec celle-ci, ainsi que de façon plus large avec la scène internationale ?

Pour la France, ça a l’air de marcher plutôt bien en ce moment. Dans ce que j’aime, dans mes proches, il y a DJ W!LD qui explose bien, Chris Carrier qui a toujours été au top dans ses productions, Joss Moog de mon label qui est pour moi un des meilleurs producteur au monde en house. Plus largement je citerais mes potes Dyed Soundorom, Shonky, Dan Ghenacia, Djul’z et son label Bass Culture, ainsi que Yakine qui va bientôt sortir quelques trucs sur Robsoul. Ils produisent toujours un excellent taf. Pour moi la scène française est vraiment au top, les fêtes sont toujours pleines jusqu’à 6h du mat’ et les français cartonnent à l’étranger. Ca fait vraiment plaisir.
A l’international, j’aime beaucoup ce que font les anglais, les américains, les roumains, les italiens. L’Allemagne aussi, même si ce n’est pas mon son, ça commence à se rapprocher. En Allemagne, c’est par vague. En 2003 j’y jouais beaucoup plus, puis il y a eu un creux après l’explosion de la Minimale. Le truc c’est que ma musique ne bouge pas, je reste fidèle à mon style House, ce qui fait que je ressens donc les vagues de mode à l’internationnal. Exemple, je jouais beaucoup en Italie il y a quelques années, puis maintenant c’est l’Angleterre qui a prit le relais.

Justement, d’un point de vue international, peux-tu nous parler des endroits où tu as adoré jouer ?

J’adore les fêtes en Roumanie, le public est super réceptif, comme le Crystal à Bucarest ou le Crypton à Craoiva. Puis le Sunwave où il y a entre dix et quinze mille personnes sur une plage, et où même à midi il reste 2000 personnes qui ne veulent pas partir. Autrement, Londres reste une super destination pour la fête, le K-Ball ou le Crucifix Lane où le promoteur Loki y fait de super trucs. Amsterdam est aussi une de mes destinations fétiches, j’adore la culture, la mentalité. J’ai de très bons souvenirs de Sao Paulo au Clash Club, grand club avec un soundsystem au top. Ainsi que pleins d’autres endroits tels que Rome, Turin, Tokyo (même si je n y suis allé qu’une fois, ils ont une super scène deep house), Toronto, le Propaganda en Russie, Glascow où la scène est réduite mais avec un énorme engouement. J’ai aussi eu de super vibes à Dublin le weekend dernier, dans un petit club rempli de jeunes qui me connaissaient par mes vidéos. J’oublie probablement d’autres endroits.

« Le truc c’est que ma musique ne bouge pas, je reste fidèle à mon style House, ce qui fait que je ressens donc les vagues de mode à l’internationnal. »


En parlant de tes vidéos, on est assez friands de ta web série Underground Chronicles. Tu peux nous faire un petit pitch sur le concept pour ceux qui seraient passé à côté ?

(rires) Alors que dire dessus? A la base c’est une impulsion de mon manageur qui souhaitait mettre ma personnalité en avant en faisant des videos d’une minute qui raconteraient mon actualité, les lieux où j’ai joué, des sons que je kiff. Une sorte de journal de bord. Je n’étais pas super chaud au début, à cause du travail que cela demande, mais l’idée a germé dans ma tête et je me suis dis que ce serait l’occasion de prendre une autre dimension car ce concept n’avait pas encore été fait dans la House music. Puis je me suis lancé, doucement et un peu timidement au début. C’est super compliqué mine de rien de faire le show tout seul devant la caméra, mais les excellents feedbacks m’ont aidé à progresser ! A présent, j’y ai pris goût et j’ai envie de faire découvrir des choses aux gens, amener un mode de vie, tout en gardant un but positif en partageant des tips de prod, en m’amusant, en faisant kiffer les gens avec ce que j’aime tel que la mode, les sons ou des lieux.
Maintenant les gens me sautent dessus en club et me parlent finalement plus de mes videos et des phases que je sors, que de ma musique. C’est limite si je me fais pas engeuler si je suis trop long à sortir mes nouvelles videos. Ca a été un passage à un nouveau niveau, super positif pour moi, pour ma musique et mon label. Je suis déjà en train de préparer le prochain avec plein de nouvelles idées.

Inside the studio – Phil Weeks

En parlant de tes inspirations, tu restes un gros auditeur de House dans le privé ?

Je n’écoute pas de House en dehors de la recherche de son. Dans ma voiture j’écoute des trucs variés tel que J-Dilla, dont l’album Donuts est un des meilleurs albums de hip hop au sens large, ainsi que la bande son du film Foxy Brown. J’écoute aussi pleins de trucs sur youtube chez moi.

Aurais-tu un petit top 3 all style des albums qui t’ont marqué à nous faire partager ?

Alors clairement en premier Fear of the Black Planet de Public Ennemy, qui a été le point de départ de tout. Ensuite un des plus grands albums de hip hop, Donuts de J-Dilla dont je te parlais tout à l’heure. Puis peut être Homework des Daft Punk.

Et pour continuer dans le sujet, aurais tu quelques perles à faire partager, album ou titres que tu aimes rejouer en ce moment ?

Pour revenir dans la house, je dirais Djaimin – Open The Door, un petit track qui remonte à 1998, avec l’histoire d’un mec qui essaie de rentrer en boite. Vous allez comprendre en l’écoutant. Ca marche pas mal en club, ça fait rire les gens et ils adorent. Et un autre truc qui marche pas mal, très after, c’est Schatrax – Restless Nights. Un son qui cartonait à Paris dans les mêmes années, plutôt late night, vers 5h c’est niquel !

Au niveau de ta recherche musicale pour tes mixes ou pour ta prog, tu continues à faire du diggage pur et simple dans les disquaires ?

Beaucoup moins maintenant, je passe plus de temps sur internet. Quand je trouve un truc que je kiff, je passe sur Itunes ou sur discogs si je ne trouve pas le morceau, mais je fais toujours l’effort d’acheter en physique ce que j’aime. 
Pour la prod, lorsque j’écoute du son, j’entends le sample et je me met sur ma mpc. Et là je laisse parler la créativité… Etant donné que je suis très créatif je sors toujours quelque chose, que je release ou pas, mais je garde toujours tout. Pour moi le sample est une matière première, comme si tu étais forgeron et que tu prenais du fer pour le faire fondre et forger un nouvel objet. Le travail sur le sample est le même.

Inside the studio – Phil Weeks

On peut aussi voir que ton mode de vie est aussi super influencé par la weed. Tu peux nous parler de ton rapport avec la beuh, de ce que ça t’apportes, de l’influence que cela a sur ton travail ?

(rires) Je suis sûr que ça m’a apporté beaucoup de choses, aussi bien dans ma vie que dans mon travail. Alors bien sur je peux faire de la musique sans fumer, mais la weed, c’est un mode de vie. Par exemple, je suis un fumeur de beuh mais je fume pas de tabac. La beuh c’est pas juste être fonsdé. Ca me donne envie de travailler, ça me donne des idées, ça me rend joyeux, je ne m’énerve jamais je suis toujours tranquille. La vie est cool pour moi, j’ai l’impression que ça me maintient jeune et en forme et puis que ça me soigne, comme aux USA où c’est utilisé à des fins thérapeutiques. Je suis un pro-weed, je ne pense pas que ce soit néfaste pour la santé. Ce qui est néfaste par contre, c’est si tu la fume avec du tabac. Alors bien sûr, je sais dans quels domaines fumer, je suis un grand garçon et je ne fume pas dans n’importe quelles conditions. Maintenant j’ai la chance d’évoluer dans le domaine artistique et créatif donc c’est plus facile.
Pour la prod, je me met sur un track où je galère, je fume de la beuh plus forte telle que de l’amnésia, et mon esprit s’éclaire, c’est immédiat. Et là je suis parti. Je n’ai pas l’impression de faire quelque chose de mal, je n’en vend pas, je suis juste un fumeur. On en voit dans mes vidéos, mais est-ce qu’on peut venir me punir parce que je fume chez moi? Je sais pas.

Etant donné que cela reste un trait de ta personnalité, au même titre que le son, aurais-tu une variet’ préféré à conseiller aux aficionados ?

Clairement la Haze. L’Amnésia. C’est la plus forte, celle qui m’envoie le plus haut. C’est le double de n’importe qu’elle autre beuh. Puis de manière plus large, toute les beuh à dominante Sativa. C’est à dire qui t’excite et qui te mettent high. Contrairement à celles qui te mettent stone. Si je fume c’est pour être actif, pas pour aller dormir.

Etant donné que cela reste un trait de ta personnalité, au même titre que le son, aurais-tu une variet’ préféré à conseiller aux aficionados ?

Pour finir, peux tu nous parler des actualités du label ? J’ai vu que Joss Moog, qui ne sort pas assez de sons à notre goût, allait être actif durant les prochaines semaines…

Alors notre dernier disque est l’EP de DJ W!LD (ndlr: That Old Feeling de Joss Moog entre temps). En gros j’essaie de sortir un disque toutes les deux semaines. Le prochain sera justement une sortie de Joss Moog, où on arrête avec la série des Rooms pour passer à un autre concept. Suivra l’EP de Fries & Bridges avec le titre « Pipe Cleaner ». C’est un morceau qui a beaucoup marché à Miami lors du WMC, et qui reçoit toujours un bon retour quand je le joue. Sûrement grâce à la petite vidéo sur youtube où je m’éclate avec Hector Moralez, les gens connaissent déjà les paroles par coeur, c’est plutôt cool.
Au niveau perso, j’suis en tournée sur mon album Raw Instrumental sorti le 9 mars dernier, et bosse également sur un PW03 et PW04. J’ai pleins de morceaux que j’aimerais sortir et je réfléchis encore auxquels. Sans oublier ma résidence Get Underground le jeudi au rex, qui marche très bien. D’ailleurs, Scott Grooves sera mon invité lors de la prochaine le 17 mai.

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