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Egoïsme alimentaire

Publié le 03 mai 2012 par Fracturedenuit

Depuis quelques semaines, je me suis lancée dans un régime, ou plutôt une modification drastique de mon alimentation commençant par un régime alimentaire de type Atkins, c’est-à-dire un régime extrêmement pauvre en glucides et riche en  graisse et en protéine. Pas de sucre, pas de farine, pas de pomme de terre, pas de pâtes, pas de pain, pas de fruits ou presque.

J’ai lu «Fat – pourquoi on grossit» de Gary Taubes (version française parue en 2012, Thierry Souccar Editions).  Je me suis dit : peut-être qu’il y a quand même un espoir tangible.
J’ai commencé un régime basé sur ses recommandations, mes proches se sont inquiétés du “déséquilibre alimentaire” induit, je me suis un peu inquiétée aussi, j’ai consulté des sites divers, le blog de Gary Taubes, j’ai regardé des vidéos sur Youtube, envisagé de consulter mon médecin. J’ai continué mon régime. Je me suis achetée une balance. J’ai parlé régime avec des copines, découvert que plusieurs y étaient, avec des journées à 1’000 -1’300 calories. «- Ça me semble vraiment peu», ai-je osé. «Non, non, ça marche – il y a deux ans, j’avais déjà beaucoup perdu avec ça». Au ton, je bats prudemment en retraite, avec en tête des idées moroses, comme le taux d’échec des régimes hypocaloriques (95 % à 5 ans, semble-t-il).

«- C’est un régime pour maigrir ou pour autre chose ?» m’a demandé une collègue, interloquée. «-Pour maigrir.» Et ça marche ! J’ai perdu 5 kilos en mangeant du bacon et 2 œufs chaque matin, de la charcuterie, du saumon, des harengs crus,  du gruyère, des côtelettes d’agneaux etc.

Ce n’est pas le ixième régime que j’entreprends, c’est le deuxième. La première fois, il y a 6 ans, c’était Weight Watchers. J’ai perdu 8 kg, je les ai tous repris illico. Je me suis sentie un peu bête, et gênée d’avoir dépensé autant d’argent pour rien. Ce régime-ci, je l’invente moi-même au fur et à mesure. Mon but : descendre à un indice de masse corporel “sain”, i.e idéalement à 25, 26 ça irait aussi. Arrivée à ce stade béni, suivre semaine après semaine ma courbe de poids et voir le nombre de glucide que mon corps tolère sans reprendre du poids. J’espère qu’il en tolère beaucoup

;-)
!

De ma vie adulte, je n’ai jamais mangé autant de protéines animales. C’est un bouleversement complet de mes habitudes alimentaires. Sur le plan personnel, ce mode d’alimentation correspond à mes intérêts. Je perds du poids et j’ai plus d’énergie, physiquement et mentalement, un effet secondaire inespéré. Je me fais plaisir en mangeant, j’ai une alimentation variée. J’ai perdu précisément là où mon surpoids est le plus dangereux pour ma santé, au niveau de la taille. Bref, sur le plan perso, c’est une opération 100 % bénéfique.

D’un point de vue éthique, la situation est plus contrastée. Je trouve légitime de tuer des animaux pour les manger. Je n’ai pas de problème particulier avec ça.  Je ne trouve pas légitime de faire subir aux animaux des conditions d’élevage qui les rendent malades et difformes. Je consomme donc très prioritairement de la viande et du poisson d’élevage bio. Comme Taubes recommande de consommer la viande la plus grasse possible et que, par ailleurs, je ne suis pas musulmane, je mange essentiellement du porc et des morceaux de viande pas très chers. Par ces choix,  je limite  certaines conséquences néfastes d’un monde d’alimentation carnivore (souffrance des animaux d’élevage dans l’agro-industrie, apparitions de résistance aux antibiotiques en raison de la taille et de la densité des élevages, importations de denrées alimentaires du Sud pour nourrir les animaux de bétail du Nord, notamment).
Si jusqu’ici je privilégiais une alimentation quasiment végétarienne (viande une à 2 x par semaine), c’était aussi pour des motifs éthiques, par solidarité humaine. Il faudrait plusieurs planètes pour nourrir une population mondiale se nourrissant principalement de protéines animales. Le privé est politique. Difficile d’assumer et de légitimer cet égoïsme alimentaire.


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