Rencontre : Élodie Sire architecte d’intérieur et décoratrice, éclectisme et liberté au rendez-vous

Propos Deco
Il y a peu, je suis allée à la rencontre d’Élodie Sire, architecte d’intérieur et décoratrice. Son agence, nichée au fond d’une cour du 18e arrondissement, est à son image : un endroit chaleureux et accueillant. Elle commence par me parler de son parcours, de ces huit années passées au sein de l’agence SMD, où elle fait ses gammes et développe son propre univers. C’est en 2007 qu’elle ouvre D.mesure, sa propre agence en architecture intérieure et décoration, suivie en 2009 de la boutique, une vitrine sur son univers « fait d’objets insolites, de mobiliers que je glane au fil de mes balades, dans le nord de la France ou en Belgique…»

Les clients viennent à elle chercher ce « supplément d’âme » qu’elle est une des rares à manier avec équilibre et talent. « J’ai la chance d’avoir des clients qui me font confiance, c’est précieux car parfois je leur fais acheter des objets anciens et non restaurés sur lesquels tout reste à inventer pour leur redonner vie ».

« Un lieu est indissociable des gens qui l’habitent, de son histoire et en tant qu’architecte d’intérieur, mon rôle est de révéler ce potentiel. »

Chez elle, pas de dogmatisme mais un irrésistible style bohème où les mélanges et les contrastes s’accordent sans fausse note. Élodie a la goût du détail, le sens des matières mais tout cela « est au service d’une architecture où les postulats de base sont la circulation, la lumière, sans oublier le budget du client et le respect des délais, c’est d’abord tout cela qu’il faut accorder. La décoration à proprement parler découle de ce processus indispensable ». Puis précisant « bien sûr, certains éléments comme les boiseries, les portes anciennes, ou encore un garde-corps doivent être connus et pris en compte dès le départ ».

Il semble que le style d’Élodie réside en cela : comment amener un espace à révéler à sa propre histoire ou comment certains éléments clés peuvent d’un coup, participer à l’esprit d’un lieu. « J’aime mettre à jour ce qu’il y a d’intéressant, ne pas tout raser sous prétexte que ce n’est pas à la mode. Quand il n’y a aucun élément existant sur lequel je peux m’appuyer, alors je pars à la recherche de pièces anciennes qui animeront ce lieu de manière unique ; cela peut être une ancienne grille en fer forgé installée en porte de douche, ou encore une vasque murale sur piédouche XIXe servant de lavabo, ce sont de beaux objets et c’est surtout inattendu » explique-t-elle.

Mais ce n’est pas tout, Élodie à un sens incroyable des matières, elle marche « aux coups de cœur, après je laisse la place à la distance et à la réflexion pour valider mes premières sensations ». Elle travaille par contrastes, combinant les styles, confrontant le bois d’un ancien billot à la laque brillante d’une cuisine, s’amusant de ce dialogue entre ce qu’il y a de plus raffiné et de plus brut. De toutes les matières, ses préférences vont à celles naturelles qui ont subi les assauts du temps « les tâches, la rouille, le vieux bois, tout cela me parle. Mais je ne perds jamais de vue la fonctionnalité des espaces, il faut une harmonie entre modernité et éléments anciens, il faut vivre avec son temps ».

Élodie est une architecte de l’instant, elle amène ses clients à s’emparer d’un endroit, se l’approprier pour en faire un lieu de vie personnel et vivant : « rien n’est figé, la décoration que je réalise est une rencontre entre mon univers et celui de mes clients. C’est une première étape, la suite s’inventera naturellement au gré de leurs achats et de leurs souvenirs ».

Une des dernières réalisations d’Élodie Sire est visible dans le Côté Ouest paru ce mois-ci.
On y retrouve son univers : informel, emprunt de beaux objets, faisant rimer histoire, poésie et éclectisme sans rien renier à la modernité. Une liberté de style qui fait du bien.