La théorie de la dissipation énergétique

L'autre jour, à l'occasion des oraux blancs du bac, j'avais à interroger des élèves sur La Peau de Chagrin de Balzac. Ce roman, je l'avais lu il y a fort fort longtemps, je pense même que c'était mon premier Balzac (*soupir nostalgique*), autant vous dire que ça remonte à un temps certain. En gros, je pense que j'étais en seconde, ce qui ne nous rajeunit pas, n'est-ce pas. Bref, ce roman, si je l'avais aimé, je crois que je ne l'avais pour autant pas vraiment compris, car je n'y avais vu qu'une incursion de Balzac dans le fantastique, et comme je l'avais lu pour moi et non sur injonction professorale (oui, je faisais partie de cette espèce désormais en voie de disparition sinon disparue d'élèves qui lisaient des classiques pour leur plaisir ! Mettez-moi sous cloche dans un musée), j'étais donc passée à côté de toute la dimension "étude philosophique" de l'ouvrage.

Dans ce roman, c'est toute une conception de l'existence que nous propose Balzac. L'idée, c'est que chacun de nous dispose d'un capital énergétique à dépenser au cours de sa vie (symbolisé dans le roman par la fameuse Peau de Chagrin). Partant de là, deux possibilités : d'un côté l'économie, qui permet de vivre longtemps, mais moins intensément ; c'est le choix que font Foedora, la "femme sans coeur", et le vieil antiquaire. De l'autre, la dissipation : on vit moins longtemps, mais à fond ; c'est le choix de Raphael et de Rastignac (qui est un de mes chouchous dans la Comédie Humaine).

Je me suis alors interrogée sur mes choix de vie à la lumière de ce système : économie, ou dissipation ? Enfin, je me suis interrogée... environ un quart de seconde, tant il me paraît évident que je suis totalement dans la dissipation et la dépense extravagante de mon capital énergétique (et de mes sous !). Je préfère dire avec Perdican : "J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois : mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui". A l'inverse de Foedora donc.

Et vous, dans quel système êtes-vous ? Économie ou dissipation ?

(la photo ? Alors a priori pas grand chose à voir : c'est le café gourmand le plus waouuuu qu'il m'ait été donné de manger, et pourtant je m'y connais ; ceci dit en réfléchissant bien, il correspond au sujet en ce que je préfère manger de bonnes choses, qui m'apportent du plaisir, même si elles sont désastreuses pour ma santé, que de me plier aux injonctions diététiques et me nourrir de trucs tristounets...)