Je vais vous conter l'histoire de la Douce Contrée, située tout à fait à l'Est de la Contrée Ancienne, berceau de l'ensemble des habitants de la Très Grande Contrée des Animaux. La Douce Contrée était tellement douce à tous les Animaux de la Très Grande Contrée des Animaux. que bien de ceux qui ne demeuraient point sur le carreau de cette Douce Contrée voulaient à tout prix la rejoindre pour s'emparer de tous les avantages que l'on y dispensait. Il faut dire que la majorité des Animaux à patte gauche refusait que l'on mette des barrières à l'entrée de la Douce Contrée et, bien entendu, tous les Animaux des Contrées Exotiques qui voulaient s'implanter de force dans cette Douce Contrée n'avaient absolument personne pour leur barrer le chemin.
Peu à peu, la Douce Contrée perdait son âme et se noyait dans des représentations qui n'étaient pas la sienne; tous les Animaux à patte droite de la Douce Contrée étaient fort en colère des exactions commises par les Animaux Exotiques qui rendaient bien mal aux habitant de la Douce Contrée, la pitance qu'elle distribuait généreusement; tout de même, à tort et à travers, que la pénurie menaçait fort.
Les Animaux de la Douce Contrée étaient fort désabusés aussi et n'en pouvait mais, il régnait dans le monde de cette Contrée, une sorte de terrorisme d'intelligence de patte gauche qui écrasait lourdement l'intelligence des pattes droite... chaque Animal à patte droite se réunissait en concile et tous avançaient leurs idées et leurs propositions pour que la Douce Contrée soit mieux protégée et défendue... tous avaient leurs idées mais comme elles étaient différentes et inconciliable, personne ne faisait rien et ils se disputaient à qui mieux, tous voulaient être le prochain Cheffion... le plus souvent pour satisfaire à leur orgueil surdimensionné plutôt qu'aider et guider le peuple des Animaux de toutes pattes. Le mélange exotique ne prenait pas d'autant que les Animaux de patte gauche veillait au grain: ils avaient décidé que la Douce Contrée était terre d'abondance ouverte à tous ceux qui le voulaient et que si quelconque voulait s'y opposer, serait instantanément couvert de glaise boueuse et d'opprobre. Pendant ces disputes, les Animaux Exotiques mettaient la Douce Contrée à sac et sous l'épée de Damoclès de façons d'être différentes et nulles advenues depuis les 2000 lustres d'ancienneté de la Douce Contrée.
Depuis plus d'une dizaine d'années, la Douce Contrée, était représentée par le Cheffion Nico, le coq que la majorité des Animaux de la Douce Contrée avaient eux-mêmes élu, un jour d'un joli mois de mai. Au grand dam d'un maximum de vieux barbons des années de l'autre siècle, une année appelée 1968 et qui avaient, comme d'habitude, un autre Animal dans la poche pour jouer ce rôle. Se souvenant et, pourrait-on même dire, croyant encore en leurs verts pâturages, ces vieux, qui auraient dû être sages, étaient tout au contraire une confrérie d'Animaux revanchards et abusaient sans vergogne et avec grande satiété, de tous les plaisirs de la vie qu'ils soient de table, de bouteilles, de femelles, de drogues, de jeux sans jamais s'en lasser tout en criant haut et fort Au Profiteur! pour les Animaux du camp d'en face.
Ils associaient à leur entreprise éhontée, un culot monumental, une morgue accolée à un verbiage haut en couleurs, qu'ils balançaient à coups de louches et même de seaux sur la tête des pauvres Animaux qui avaient le malheur de ne point se comporter comme leur bienséance de vieux de la vieille leur dictaient: hors leur pensée unique, point de salut.
Les pauvres autres Animaux qui n'étaient pas du sérail ou qui refusaient de l'être devaient se cacher entre des murs sans fenêtres ni ouvertures pour rigoler entre eux. La "police du politiquement correct" avait reçu des ordres pour sévèrement sanctionner les Animaux qu'ils suspectaient d'utiliser trop souvent leur patte droite: pas de quartiers aux dévoyés qui étaient traités d'affameurs, de "puissance financière mégalomaniaque", de ghettoïsâtres, un mot étrange qu'ils avaient entendu dans la bouche édenté d'un grand-père qui avait fait une antique bataille; celle-ci avait épouvanté toute la Contrée des Animaux il y a plusieurs générations. On en avait encore peur mais, chaque fois qu'une Animal se comportait de façon dictatoriale, ou plutôt, lorsque une tête ne leur convenaient pas, ces vieux Animaux sur le retour se précipitaient d'engluer le récalcitrant d'un verbiage honteux qui se voulait infâmant mais qui n'étaient qu'une forfaiture envers l'Animalité toute entière.
Nico étaient un coq, comme tous les coqs: vibrionnant, agissant sans cesse, courant d'un endroit à l'autre, il fourrait son bec partout, avait l'œil à tout et ma foi, réussissait assez bien dans le Concert Mondial des Animaux de Toutes les Contrées. On lui reconnaissait une grande présence dans le Concert Mondial. En fait, il avait fait beaucoup au moment du Grand Chambardement qui avait failli emmener toutes les Contrées dans une immense catastrophe dont peu de Contrées se serait relevées, laissant le monde des Animaux éploré, sans avoir le moindre grain ou brin de paille à se mettre dans le bec.
Les vieux barbons voulurent, un certain, imposer un gros paon blanchi sous le harnais croyait-on et qui aurait pu tenir tête à notre Coq Nico. En fait de blanchissage des plumes, Dédé Kséksa étaient un ignoble coureur de plumes de jeunes oiselles; il n'avait pas toujours le bon goût de leur demander la permission d'agir; beaucoup des demoiselles se plaignaient d'avoir été "forcée" par le Kséksa blanchi. Il fit tant et si bien, qu'il en creva... Les Animaux de patte gauche, durent trouver un autre impétrant pour la Grande Cabriole, cette période où l'on change régulièrement, le chef des Contrées des Animaux.
Après maintes et maintes recherches avec des coups bas et autres règlements de compte, ils arrêtèrent leur choix sur Francoy le cochon. C'était un pari risqué car Francoy passait son temps à répéter: j'y vais, j'y vais pas. Il passait son temps à changer d'avis, de chemise, de tête. Il s'inquiétait tellement qu'il en avait fort maigri... On finissait pas ne plus le reconnaître tant il avait peint ses rares cheveux en noir foncé. Puis, un jour, Francoy se transforma en imitateur d'un ancien et vieux cochon, aujourd'hui disparu mais qui avait fait fort impression dans la cohorte des Animaux de patte gauche. Notre Francoy, tant à faire, prit aussi, les gestes, les mimiques granguignolesques, la morgue de l'Ancien Cochon et toute la Contrée à la patte gauche de s'esbaubir et de hurler bien fort: c'est lui qu'il nous faut!
Toute la Confrérie du Plumeau qui recrutait en ses rangs plus de 90% d'Animaux à patte gauche se mit alors en devoirs de jeter des tombereaux de légumes pourris sur le dos de Nico le Coq qui ne pouvaient même plus respirer. Pauvre Nico... Malgré l'aide des Animaux à patte droite venu à sa rescousse. Rien n'y fit. Le pauvre Nico perdit la tête de la Grande Cabriole et du laisser sa place de Cheffion au fumiste cochonnesque, le dénommé Francoy.
Une vieille lionne, qui malgré la maladie et la blancheur de ses poils était restée très vive de cœur et d'esprit décida alors de ne pas laisser Francoy profiter de sa nouvelle installation comme Grand Cheffion de la Douce Contrée.
La vieille Lionne était un Animal de patte droite et une qui en avait vu d'autres depuis longtemps, et même de très difficiles. Elle avait un don puissant pour sonder les cœurs et les reins et elle se dit qu'elle allait, finalement, mettre ce pouvoir en pratique; après tout, les Vieux Barbons avaient eu le culot de salir de façon éhonté le coq Nico, un coq qu'elle s'était prise à respecter devant tout le travail accompli pour tenir hors de l'eau la Douce Contrée.
La Vieille Lionne qu'on avait surnommée JiJi avait décidé d'entrer dans la danse. Elle se mit à tenir un cahier ouvert où elle pourrait souvent venir raconter les turpitudes qu'elle subodorait incroyables des Animaux à patte gauche qui graviteraient désormais dans les salons lambrissés et dorés du Grand Lotissement des Anciens. Le plus dur serait de "penser" au Nouveau Cheffion pour deviner en lui ce qui s'y cachait... mais, il fallait en passer par là.
Jiji espérait bien que ses notices de Grande Plume seraient pertinentes et remonterait le moral des Animaux de patte droite. Elle se doutait qu'un jour où l'autre, l'assemblée des Animaux de patte droite serait rejointe pas des tas d'Animaux de patte gauche qui finiraient pas se désolidariser et se détourner plus vite qu'on ne le croyait, du Cheffion Francoy. Bientôt, on s'apercevrait, de toute évidence, qu'il se comportait en capitaine de pédalo comme on avait déjà dit durant les longues assemblées de préparation de la Grande Cabriole. On n'allait pas tarder à s'éclater de rire.... Jaune, hélas, pour tous les Animaux de Commerce et d'Usinage.
Prochaine notice: mais qui est le Cheffion Francoy