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La mémoire de Lucie et Raymond

Publié le 08 mai 2012 par Fbaillot

La mémoire de Lucie et Raymond

Nous fêtons aujourd’hui le 67e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945. C’est une commémoration que nous souhaitons mettre en évidence, parce que nous voulons que nos enfants, nos petits-enfants, nos descendants en conservent la mémoire.

Nous nous devons de donner de la chair, de la réalité, année après année, aux événements tragiques de cette dernière guerre mondiale sur notre continent, et aussi à la gigantesque coalition politique et militaire qui a permis de terrasser le mal. C’est de cette manière que nous contribuons à entretenir la mémoire, et à nous assurer que plus jamais de telles tragédies ne puissent avoir lieu.

Il y a un tout petit peu moins de 70 ans, le 29 mai 1942, la 8e ordonnance allemande  édicte que « Il est interdit aux Juifs, dès l'âge de six ans révolus, de paraître en public sans porter l'étoile juive. » L’étoile de David, ce symbole protecteur venu du fond des âges, devient brutalement signe de honte et de haine, et organise la solution finale. Les policiers et gendarmes français ont la charge d’appliquer cette ordonnance, et arrêtent des milliers de contrevenants. Ce sont les pires années de cette terrible guerre.

Mais il convient de mettre en parallèle ces événements douloureux avec l’attitude de ceux qui choisissent de ne pas céder sur les principes. Malgré la sévérité de l’occupation allemande, malgré le zèle des forces de l’ordre, malgré la mise en place d’un État inféodé à l’Allemagne nazie, des Français anonymes choisissent de protéger et d’abriter des Juifs. On les appelle les Justes, ils ont choisi de désobéir, de résister, pour protéger autrui, au péril de leur propre vie.

Les événements les plus sombres de notre histoire ont aussi permis d’écrire ses plus belles pages et nous avons le devoir d’assumer ces deux volets de notre réalité.

Il ne reste plus beaucoup de témoins de cette barbarie, ni de héros de cette résistance à l’occupant. En avril, nous avons appris la disparition de Raymond Aubrac, à 97 ans. Avec sa femme, Lucie, il s’engage dans la Résistance  dès la capitulation, en juin 40. Tous deux font la connaissance de Jean Moulin. Lucie organise notamment l’évasion de son mari du fort de Montluc. Après la Libération, pendant des années, Lucie et Raymond vont témoigner, inlassablement, auprès des collégiens et lycéens, de ce qu’était la Résistance à l’occupant allemand. Jour après jour ils expliquent combien l’ostracisme, la peur de l’autre contiennent les ferments du totalitarisme. Maintenant qu’ils ne sont plus là, nous devons nous-même entretenir la flamme de la vigilance à tout ce qui pourrait favoriser le retour de ces années funestes du nazisme et du fascisme.

Je voudrais aussi, quelques jours après une échéance électorale dont chacun a pu mesurer l’importance pour notre pays, souligner deux éléments importants en ce jour anniversaire de la victoire de 1945.

D’abord, la construction européenne, que nos aînés ont mise sur pied pour garantir la paix sur notre continent, vit à nouveau des moments décisifs. Un peu partout en Europe,  les politiques d’austérité provoquent un rejet qui va nécessiter de nouveaux choix : les équilibres des comptes sont nécessaires, mais doivent permettre de dégager des marges de manœuvre pour la relance, et l’espoir.

Ensuite, et enfin, l’attitude très digne du président sortant, souhaitant bonne chance à son successeur, et l’invitant à participer aujourd’hui à ses côtés aux cérémonies du 8 mai, nous rappelle que nous vivons dans une démocratie apaisée, où l’alternance est possible et normale, celle pour laquelle nos parents et nos aînés, les époux Aubrac, les Justes de France et bien d’autres se sont battus. Gardons-les bien vivants dans notre esprit et dans notre cœur.


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