Comme une envie d’irrévérence
Comme une envie de tout jeter par les fenêtres.
De recommencer à fumer! Pis pas des menthols!
D’aller me perdre en Amérique du Sud
D’avoir trop chaud
Chaud jusqu’à la sueur en dessous de la lèvre inférieure
Chaud jusqu’aux cuisses qui glissent l’une contre l’autre
Chaud visqueux
De me retrouver dans une ville où j’connais personne
De danser cochon avec un gars qui porte des Loafers
De m’saouler à la téquila jusqu’à vomir dans l’taxi qui m’ramène chez nous
De m’saouler à la téquila jusqu’à brailler mes amours déçues dans les bras du chauffeur
De frencher des inconnus, ah non pire que ça : de fourrer criss!
D’aller dessiner un pinch mou sur tous les exemplaires des nouveaux formulaires d’impôt
D’écrire des textes choquants
De dire des mots sales «plotte, sacraman, coliss, viarge, coudon tabarnak»
De voler une moto
D’apprendre à conduire une moto pas de casque avec un ancien prof de marketing qui a décidé de s’ouvrir une commune dans les bois francs pis qui sent l’sapin pis la sueur
De faire l’amour avec mon prof de moto pis le casque que j’ai pas voulu mettre pour conduire
De porter des jupes trop courtes avec pas de bobettes en dessous
De faire un road trip à Ottawa pour aller accrocher les bobettes que je porte pas sur la tête de la statue de la reine Élizabeth
De faire des graffitis
De me faire tatouer «Christophe forever» sur la fesse gauche même si je ne connais pas de Christophe
De me faire tatouer born to be wild sur la droite parce que je suis wild!
D’essayer de dire la phrase «Les chemises de l’archiduchesse» la yeule pleine de biscuits soda
De pêter les vitres d’un char à grands coups de bat de baseball
De détourner un camion du journal de Québec pis de calisser l’feu dedans
De hurler
De me lever pendant la messe pour crier «bullshit»!
D’aller dire des affaires cochonnes au curé par le tit carré du confessionnal
D’aller m’baigner toute nue à piscine municipale pour montrer mes nouveaux tattoos
De ruer dans les brancards
Comme une envie d’explosion.
Comme une envie de sabotage.
Comme une envie de transgression.
Comme une envie de me mettre dans marde
Pour pouvoir me permettre longtemps de penser en dehors de ma tête
Pour ne pas mourir vivante et marcher les bras tendus, le regard vide, en ligne droite vers le gouffre
Pour continuer à emprunter les sentiers tortueux de la pensée libre
Plutôt que les autoroutes des sophismes virulents propagés par les médias de masse
Pour ne pas oublier qu’y a moyen de vivre en marge de la boîte
Comme une envie de toute faire c’qui est mal vu, juste pour brasser la cage des normes
Juste pour ne pas oublier que c’est encore possible de les transgresser
Que c’est notre choix
Que nous sommes encore libres!
Voici un extrait du reportage qu’Annie Landreville a fait de la finale Rimouskoise. On y trouve un extrait de ce slam.