Cette note je l'ai déjà publiée ici en mai 2009, deux ans après la mort de maman, et plus récemment dans les blogalams n°1.lien
La revoilà parce que je l'ai aussi envoyée comme contribution au projet de l'écrivain Mathieu Simonet,lien et que cela fera cinq ans demain...
“ se pencher sur son passé, c'est risquer de tomber dans l'oubli, Michel Colucci, dit Coluche ”
La maladie d'Alzheimer est une chute lente, très lente comme dans un cauchemar, dans les profondeurs de l'oubli de soi et des autres.
Comme les mots d'enfants, les paroles des malades nous amusent un temps, nous émeuvent, nous faisant croire parfois à un bref retour de lucidité, d'humour. Je me souviens de la réaction récurrente de maman quand on la prévenait de l'arrivée de la dame qui lui prodiguait des soins à domicile quotidiennement depuis des mois. Maman faisait l'étonnée, mettait en doute l'arrivée annoncée de Madame Martin. Un temps j'ai cru que c'était une gentille taquinerie de sa part, comme avant. Par la suite, elle en vint à nier que la dame soit venue la voir la veille et les autres jours, disant que Madame Martin, elle ne la voyait jamais.
— Ca métonnerait bien qu'elle vienne, elle n'est jamais venue ici, discutait-elle âprement quand on essayait de la raisonner :
Chaque jour la même scène, répétée, jour après jour, pendant des années.