"Saluons celui qui cultive les plantes. L'homme au pot de fleurs est bien plus humain que l'homme au sécateur. Nous le voyons - avec quel délice - s'inquiéter de la pluie et du beau temps, se battre contre les parasites, s'affoler à la moindre gelée, s'angoisser quand les bourgeons tardent à paraître, se réjouir, enfin, à la frondaison. En Orient, l'art de la floriculture est des plus anciens, et nombre de contes et de chansons célèbrent les amours du poète et de sa plante favorite. Sous les dynasties Tang et Song, les céramistes créèrent pour les plantes de merveilleux récipients ; non point des pots, mais d'authentiques palais de pierres précieuses. A chaque fleur était attaché un domestique particulier, qui avait la charge de veiller sur elles et de laver ses feuilles avec une fine brosse en poils de lapin.
Au Japon, l'une des danses de nô les plus populaires, le Hachinoki, composée sour les Ashikaga, raconte l'histoire d'un guerrier ruiné qui, par une nuit glacée, manquant de bois pour son feu, coupe ses plantes chéries pour recevoir un moine errant. Aujourd'hui encore, cette pièce ne manque jamais d'arracher des larmes au public tôkyôïte."
Kakuzô Okakura
Le Livre du thé
Un ancien post sur le bonsaïdo (l'art du bonsaï) : ICI
Satsuki azaleas bonsai exhibition - parc Ueno (Tokyo) mai 2010