[Critique] INDIAN PALACE

Publié le 13 mai 2012 par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Best Exotic Marigold Hotel

Note:
Origine : Angleterre
Réalisateur : John Madden
Distribution : Judi Dench, Tom Wilkinson, Maggie Smith, Bill Nighy, Penelope Wilton, Celia Imrie, Dev Patel, Ronald Pickup, Tena Desae, Lucy Robinson, Ramona Marquez, Raoul Marquez, Liza Tarbuck, Lillete Dubey, Diana Hardcastle…
Genre : Comédie dramatique/Adaptation
Date de sortie : 9 mai 2012

Le Pitch :
Un groupe de retraités anglais quitte la Grande-Bretagne pour rallier l’Inde. Certains de leur plein grès, d’autres plus ou moins forcés. Sur place, alors qu’ils pensent s’installer dans un magnifique et luxueux hôtel, leurs illusions laissent vite place à l’effroi. Le Marigold n’est pas aussi rutilant que sur les brochures. De quoi provoquer une série de bouleversements dans l’existence de ces retraités, qui ne sont pas au bout de leurs surprises…

La Critique :
John Madden n’est pas un cinéaste spécialement intéressant. Un réalisateur assez insipide, sage et dont le fadasse Shakespeare in Love a volé l’Oscar du Meilleur Film en 1999 alors qu’il faisait face à Il faut sauver le Soldat Ryan, La Ligne Rouge ou encore La Vie est Belle. En 1999, John Madden est d’ailleurs très surestimé. Un type qui par la suite, s’est impliqué dans des projets plutôt honorables mais assez plan-plan (Killshot, sympathique petit thriller d’après Elmore Leonard ou L’Affaire Rachel Singer pour ne citer qu’eux) qui n’ont pas affolé les radars des cinéphiles et plus largement du grand public.
Un rapide coup d’œil dans le rétro qui permet sans conteste d’affirmer qu’Indian Palace est le meilleur film de John Madden.

Long-métrage choral dans la grande tradition d’un certain cinéma britannique, Indian Palace voit s’entrecroiser des personnages venus d’horizons divers mais réunis par leur âge. Adaptation du roman Ces petites choses de Deborah Moggach, le film adopte aussi l’humour du pays de la Reine Elizabeth. Et c’est une bonne chose, tant le fait d’injecter au script d’un film, une large dose d’humour british, suffit bien souvent à lui conférer un cachet sympathique et attachant.

Indian Palace est donc une comédie. Une comédie qui peut atteindre à plusieurs reprises des sommets, grâce à un scénario riche en répliques savoureuses, qui jouent à fond sur les clichés anglais et sur le fossé qui sépare l’Angleterre de l’Inde. Beaucoup de ces clichés passent à la moulinette mais c’est pour la bonne cause. Indian Palace repose sur un scénario solide, qui évite le sensationnalisme facile et qui s’avère au fil des minutes de plus en plus émouvant sans être pour autant tire-larmes.

Le film mettant en scène des sexagénaires (et plus), il est important de souligner qu’il arrive constamment à être universel. Que vous soyez jeune ou moins jeune, voir carrément vieux ou grabataire, Indian Palace a de grandes chances de vous toucher. Les protagonistes principaux illustrent le concept de nouveau départ, se heurtent à des obstacles et arrivent finalement à entrevoir la lueur d’espoir qu’ils pensaient disparue. Tout compte fait, le concept est assez osé, le cinéma reléguant bien souvent les vieux au rang de rôles secondaires. Ici, c’est Dev Patel, le jeune comédien découvert dans la série Skins et révélé par Danny Boyle et son Slumdog millionnaire qui évolue dans l’orbite de ces retraités. Il est à la fois le vecteur de leur changement, mais subit aussi les effets de leur débarquement. C’est donnant-donnant. Les personnages voyant d’une certaine façon leurs certitudes au sujet de leur condition, ou de la vie en général, voler en éclat. L’important est de savoir comment ces personnages vont réagir face au changement.

Un tel scénario, doux-amer, qui alterne les ressorts comiques et les enjeux plus dramatiques, se devait de pouvoir compter sur des acteurs charismatiques. Sur le coup, c’est la grande classe. Que ce soit Judi Dench, parfaite en veuve en recherche existentielle perpétuelle, Bill Nighy, d’une classe folle et toujours impeccable (et à nouveau marié à Penelope Wilton après Shaun of the Dead), Tom Wilkinson, touchant à plus d’un titre dans un rôle déchirant tout en retenue, Maggie Smith très pertinente dans un rôle pourtant cousu de fil blanc ou encore Dev Patel, littéralement habité par son personnage, toute la distribution est au diapason. Tous font passer le beau message plein d’espoir et dénué de cynisme du film. Tous contribuent à sublimer la réalisation classique et un poil plate de John Madden pour hisser le film à un niveau supérieur et masquer les quelques défauts d’un script sans surprise mais profondément honnête.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Fox Searchlight