Magazine Journal intime
Réponse De La Bergère Au Berger.
Publié le 17 mars 2008 par Mélina Loupia
La semaine dernière, ou celle d'avant, j'avoue qu'en ce moment, les jours défilent plus vite que dans Les feux de l'amour, je reçois un mail.
"bijour mesdames, monsieur
Vous vous êtes donc portés volontaire (si si) pour assurer l'interim sur mon blog pendant que je pars batifoler en formation en région parisienne
(youhou).
Voici donc les infos dont vous aurez besoin pour mener à bien votre mission.
Tout d'abord, le planning. Voici l'ordre dans lequel je vous ai collé, selon vos préférences.
Mercredi: Mélina
Jeudi: Peggy
Vendredi: Audrey (aka mlle A)
Samedi: Gaspard (aka Francis)
Dimanche: Elsa (aka Lelf)
J'ai laissé vos mails en clair en haut, si jamais vous voudriez faire des changements, tout ça. Vous pouvez vous arranger entre vous. Evitez d'en abuser quand même, il y a certains mails pro dans
le tas.
Voilà, mis à part ça, je vous laisse carte blanche. Vous pouvez parler de ce que vous voulez. Il y a une catégorie à part pour les interims qui s'appelle "les squats du rien" (pour ceux qui
connaissent pas overblog, je détaille après).
Les infos de connexion sont donc les suivantes. Il faut vous connecter sur le site http://www.over-blog.com et vous identifiez soit en haut à droite, soit
dans l'onglet administration.
Login: je lui fais pas l'affront de coller son mail perso, le pauvre sait déjà pas quoi faire de tous ses spams...)
mot de passe (modifié pour l'occasion): bitocu Je pense que ça se retient assez bien >)
Le mot de passe a déjà été modifié donc vous pouvez dès à présent commencer à enregistrer des trucs, de préférence en brouillon tant que je suis pas parti.
Voilà, voilà.
Je pense que vous avez tout ce qu'il vous faut.
Encore merci :) "
Toute émoustillée dans mon ego de fille blogueuse d'une influence à ne plus démontrer maintenant, j'accepte avec grand plaisir. D'autant plus que l'expéditeur me laisse carte blanche pour sévir
sur son espace perso.
Comme il m'avait collée la permanence du mercredi, et que le mercredi, j'ai pas que ça à foutre, je me suis mise à l'ouvrage lundi soir. Je me connecte grâce aux identifiants cédés pour
l'occasion, me gausse au passage sur ses stats gonflées à l'hélium, fouine dans les archives photo que la politesse et la présence de mes enfants me font taire ici de leur contenus et commence la
rédaction d'un billet féminin, à savoir le débat sur les règles doulouseuses. Puis je me dis que tout le monde s'en fout.
C'est là que l'idée lumineuse, celle qui passe dans les têtes une fois par siècle, qu'on ne peut pas se refuser d'avoir, celle qui a souvent changé la face du monde, germe dans ma petite tête.
"J'ai pas envie, la flemme, du ménage à faire, envie d'enfin faire caca, le pain n'est pas cuit, les pois chiches me travaillent, pffff, faudrait pouvoir avoir le droit de faire la grève des
blogs..."
Eureka!
Immédiatement, j'avertis en direct la fille à barbe et la demoiselle récemment madamisée qui sautent partout d'enthousiasme " On va lui faire la peau, chic alors.".
Fière comme si je venais de remporter une élection, je reprends le mailing que notre bourreau nous avait envoyé et je relaye l'info suivante:
" Salut les filles
Alors voilà, je viens de poster une note chez Cub', c'est mon tour,
D'entrée de jeu.
Juste elle me plait pas ma note.
Et je trouvais amusant de plutôt faire une mutinerie.
Genre "intérimaires en grève" où chacun posterait une note de gréviste.
Je vais poster la mienne qui sort demain ( soit aujourd'hui ou hier pour ceux qui lisent leurs mails quand ils ont juste le temps de faire caca) et chacun fera ce qu'il voudra mais ça serait
drôle qu'on fassetous la grève de Cubik.
Des bizettes "
J'envoie la missive, immédiatement, je poste ma note que je programme et je m'endors
contente comme tout.
Le lendemain matin, je suis obligée d'ignorer Internet et ses joies et n'allume Marilion qu'en fin d'aprèm. Je fais le tri entre les mails amis et ceux que mon Outlook, super bien dressé au
combat de spams vire directement sans préavis dans la poubelle, et je m'aperçois que le tortionnaire soi-disant absent du Web pour la semaine m'écrit. Je me dis que je dois lui manquer, que tout
fébrile sans ses patates et son Ice-Tea, la crise de manque fait rage dans son corps et qu'il lui faut absolument sa dose, son fix, sa piqûre.
" C'est gentil de me prévenir."
Disait en substance son message, suivi en dessous d'un mailing.
Le mien. Celui que je pensais avoir adressé à mes acolytes. Alors non seulement la victime l'a également reçu, mais encore en a-t-il été le seul et l'unique destinataire.
Dans mon empressement d'être à l'origine d'une mutinerie, j'avais complètement omis de vérifier à qui j'envoyais mon idée lumineuse.
Je n'ai même pas vécu un moment de solitude, ni un blanc absolu, encore moins la honte sur ma famille et toutes ses générations futures, mais tout à la fois.
J'ai raclé ma gorge, suis allée me passer un peu d'eau sur le visage et ai tenté de me justifier en pondant le plus gros mensonge électronique que la blogosphère ait pu enfanter, comme quoi
j'étais une grosse taupe et que j'étais sûre qu'il serait connecté à Internet de toute façon et qu'il était une grosse feignasse de surfer pendant le boulot.
J'ai prévenu deux des quatre grévistes de ma bourde, qui doivent encore se fendre la gueule à coups de hache à l'heure qu'il est de l'affaire et ai tenté de noyer ma honte dans l'alcool, la
drogue et peut-être même les deux.
Et pas plus tard que juste avant ceci, alors que je n'ai que quelques minutes devant moi pour voir si le mouvement avait été bien suivi par l'ensemble des grévistes, je m'aperçois que la vengeance fait rage.
Mais à ma plus grande surprise, l'homme sans tête et aux gros seins sous ses tee-shirts moisis n'a même pas tenté de me foutre la honte sur la blogosphère
comme quoi je suis incapable d'adresser un mailing correctement ou autre incompétence électronique. Juste il s'attarde sur mon absence de signes extérieurs de féminité, que plus personne n'ignore à
présent et que j'assume, voire revendique.
Mais comme je me méfie du lascar, véritable chacal des Flandres sauvages, je préfère prendre les devants.
Voilà qui est fait.