Deus Ex Machina: First Chapter

« Criiiick »C’est le son que fit la corde lorsqu’elle se tendit sous le poids de mon corps.
***
J’ai voulu faire l’expérience de la mort parce que la vie m’avait ennuyée.
Je venais de rentrer dans ma dix-huitième année avec ce sentiment que rien autour de moi ne pourrait jamais plus embellir mon existence.Depuis quelques temps déjà, je sentais une boule noire au fond de mon ventre me pourrir l’existence. Grossissant de jour en jour et obscurcissant peu à peu les derniers rayons de vie qui brillaient au fond de mes yeux.Il ne restait plus rien. Plus aucun de mes souvenirs ne me semblaient être un bon moment, la seule chose qu’il me restait, c’était ce dégoût du monde. Ces petites choses qui faisaient que la vie était belle n’étaient plus assez fortes face à cette incroyable noirceur.Je suis morte dans l’indifférence la plus totale. Sans aucun regret, car plus rien ne me retenait ici bas.
**   *
Elle ouvrit les yeux.
**   *
Alors c’est ca ?Je me suis réveillée entourée de lumière. Un sensation de bien-être me transcendait, comme si tout l’univers était en moi, comme si j’étais le centre de l’univers. Mon premier réflexe fut de regarder à nouveau mon corps nu. Mes mains, me pincer la peau. Toucher mon visage. J’étais toujours là, faite de chair et de sang. Je me sentais bien ! Intouchable et invincible. Un corps qui contient toute la magnificence du cosmos et la conscience d’un être. Je me sentais tellement légère ! Comme si j’etais en apesanteur. Baignant dans la béatitude.
Voila ce qu’est la mort ? Une nouvelle naissance ?
Alors chaque homme mort sur la Terre devient une partie de l’univers, un univers tout entier peut-être ! Serait-ce donc vrai lorsque l’on dit que chaque roi du passé se transforme en Etoile et veille sur nous ? Serais-je devenue l'une de ces lumières perdues dans l'immensité du vide sidéral?
J’ai voulu changer de position. Me mettre debout, mais je n'avais plus de repère. Quand j’eus pleinement conscience de mon corps, un spasme violent me parcouru et ma tête reçu comme une décharge électrique. Je me sens vivante et pourtant, j'ai bien accompli un acte de mise à mort. Ma conscience n'est plus dans ce corps si lourd qui peinait à me porter sur Terre.
Ainsi, moi qui ne pensais plus faire qu’un avec l’univers, me voila à nouveau limitée par mon propre corps. Un corps semblable au précédent, dont ma conscience semble se souvenir et être attaché.
Où suis-je ?
J’avais des yeux pour voir, mais je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez... que je ne voyais même pas. Il faisait noir. J'avais beau regarder tout autour de moi, il n'y avait rien que du vide.
J’essayais d’avancer, mais je ne pouvais pas me servir de mes jambes. Pourquoi ai-je toujours mes jambes si je ne peux m’en servir ? Je flottais, comme graines de pissenlit volent au gré du vent. J’étais libre. Mais libre de quoi ? J'étais prisonnière de cette immensité.
Il n’y a rien ici. Aucun repère ! Le nord, le sud n’existait pas. Le haut et le bas ne voulait rien dire, j’avançais, mais pour aller où ? Derrière moi, comme devant moi, il n’y avait rien. Pas de limite. J'essayais d'effectuer quelques mouvements de bras et de jambes pour contrôler ma direction, mais était-ce vraiment bien utile? je ne savais ni où j'avais, ni si j'allais quelque part.
Soudain, je fus prise d’une angoisse. Je suis seule. D’autres personnes sont mortes avant moi ? Où sont-elles ?
Si personne ne sait que je suis là, Alors je n’existe surement plus pour personne ! Il n’y a que moi qui aie conscience de MOI !
Et pourtant je suis ! Ne serais-je devenue qu’un souvenir ? Probablement. Mais si c’était le cas, il ne resterait de moi que ce corps.
Et puis il y eut cette déchirure.
La lumière qui traversait cette faille m’aveuglait.
Alors cet univers sans limite a donc bien une fin !
Cette ouverture dans ce qui me semblait être le vide me paraissait si proche ! Alors voila à quoi ressemble ce qu’on appelle un puit de lumière ? Un trou dans le vide.
La chaleur m’attirait lentement. La lumière m’appelait ! Je voulais la toucher ! Puis je fus rapidement assaillie par une terrible douleur. Je fus maintenant happée par cette lumière, qui maintenant m'englobait. Quelque chose en moi brûla et me consuma. Cette fois, ce devait être la fin.
Alors c'est ça la mort?
« Elle se réveille !»
La lumière m’aveuglait. Je mettais mes mains et mes avants bras pour me cacher les yeux. Mon dos me brûlait. Je percevais des sons lointains, mais je ne comprenais pas, comme si j’étais sourde. Je voulais bouger, me lever, mais mon corps me paraissait à nouveau si lourd. J’avais mal. J’ai tenté de me redresser en m'appuyant sur mes bras et un spasme violent me fit gerber sur ce qui semblait être un sol... Pourtant il n’en était rien. J'ai vite repris mes esprits en découvrant le spectacle étonnant qui se déroulait à ce réveil. Je flottais, en équilibre sur le vide, au milieu des étoiles. Et ce qui sortit de ma bouche, ne tomba pas sur ce sol invisible que je pouvais palper, mais semblait tomber dans cette immensité de vide, en se mouvant comme un liquide en apesanteur. Une masse molle qui se déformait.
Puis je vis mes mains. J’étais recouverte par une sorte de liquide visqueux opaque. J'étais sale. J’ai essayé de m’en nettoyer, et je découvris de mon corps. Un corps qui n’était pas le mien. Un corps différent de celui que je connaissais. Ce n’était pas mon corps. Et ce corps étrange m’effrayait.
Je commençais à trembler, face a l’inconnu. J’ai voulu me toucher.
Qu’est-ce que je suis devenue ?
Et puis j’ai vu tout l’univers autour de moi. Une boule se forma dans ma gorge, puis l’air commença à manquer. J’ai suffoquée, et cette sensation d’étouffement fut démultipliée par dix avec la peur de l’inconnu. Et la, j’ai crié d’un cri qui résonna jusqu’au plus profond de l’univers !
« Les Etoiles ont entendu ton éveil ! Elles scintillent pour lui souhaiter la bienvenue ! »
« Où suis-je ? »
Je distinguais de mieux en mieux la lumière éblouissante qui se tenait devant moi. Ce qui était flou se dessinait peu à peu, et je pus apercevoir que cette lumière blanche qui m’étourdissait n’était rien d’autre qu’une grande femme qui se penchait sur moi, comme une mère se penche sur le berceau de son nouveau né.
Sa peau était d’une blancheur étincelante, ses yeux d’argent me contemplaient et sa longue chevelure ivoire et ondulée dansait comme les flammes d’un brasier. Elle était tellement belle, et semblait si gracieuse, qu’elle paraissait irréelle.
« Elle est revenue ! » Dit une voix chantante, presque divine. Mais ce n’était pas elle qui parlait. Mon dos me brûla à nouveau à l'entente de cette voix.
« Ca va ? » Me dit-elle simplement avec sa voix cristalline. Elle souriait, comme si elle était contente de retrouver un être cher.
« Regardez, elle essaie de se lever ! » Dit encore la voix chantante, dont je n’arrivais pas à distinguer la source. Cette voix résonnait en moi comme un écho.
J’essayais tant bien que mal de me redresser au milieu de se vide, mais même si je sentais sous mes pieds et mes mains, une sorte de sol, la seule chose que je voyais était le vide intersidérale et ou baignent millions d’étoiles, de nuages et de galaxies. Je ne pouvais pas m’arrêter de trembler a l’idée de tomber. Mes premiers mouvements furent gauches, et l’assurance de la jeune femme me fit prendre conscience en moi. Et j’essayer de tenir sur mes deux jambes, tant bien que mal, comme si c’était la première fois que mes jambes me portaient.
« Tu peux marcher ? »
J’acquiesçai timidement en hochant de la tête. Puis la jeune femme marcha au dessus de l’univers.
« Suis-moi ! »
Je l’ai suivie au milieu des étoiles. C’était un moment assez incroyable. Je marchais au milieu de l’infini. Je ne sais pas combien de temps cette traversée allait durer, mais cela n’avait pas d’importance, car je me sentais bien et en parfaite harmonie avec le monde qui m’entourait. Certains astres au loin, semblaient resplendir plus que d’autres, comme pour me saluer, ou me signaler qu’ils m’avaient vue. En oant ses étoiles resplendir au loin, une chaleur emplit mon dos. J'ai voulu voir ce qu' il avait pour ma brûler ainsi, mais la matière visqueuse qui me recouvrait m'empêchait. Et puis je ne suis pas assez souple pour regarder.
Je ne savais plus où donner de la tête, ce paysage était vraiment merveilleux… Extraordinaire. Parler de paysage parait vraiment dérisoire. Mais quand on découvre ces lieux, on n’a pas tous les mots pour exprimer ce que l’on voit et ce que l’on ressent. J’avais l’impression de traverser un tableau.
« Où va-t-on ? »
Elle se tourna vers moi et avec ce même sourire, elle répondit :« Avant toute chose, il faut te laver ! »
« Se laver dans l'espace? » L'idée paraissait tellement saugrenue et inattendue, mais c'est vrai que ce liquide visqueux qui me colle à a peau n'est pas très agréable à porter. Et je pourrai enfin découvrir ce corps inconnu. Nous continuions alors à marcher et je voyais déjà devant moi se dessiner une magnifique nébuleuse. En son centre, des milliers d’étoiles paraissaient se joindre comme une foule pour célébrer un magnifique évènement. La lumière de ce nuage se diffusait au travers de millions de particules colorées. Cet endroit ressemblait à une immense explosion de couleurs que l’on aurait arrêtée dans le temps.
Plus nous nous approchions et plus le nuage grossissait et s’étendait à perte de vue, au dessus de nous, sous nos pieds, et semblaient petit a petit nous embrasser. L’éclat des Etoiles devenait de plus en plus intense, et une chaleur bienfaisante m’envahissait peu à peu. Je me sentais presque rayonner, entrant ainsi en communion avec le cosmos. Mon dos commença à me chauffer a nouveau. Comme si quelque chose se mettait en route, et je sentais des chatouillis me parcourir l’échine. Il semblait réagir à la lumière des astres.
Apparut au loin un objet en mouvement ! Avec cette femme en cristal, cette boule molle qui grossissait lentement à notre approche était le deuxième objet ? mouvant que je voyais.
Arrivées a notre but, cette poche mouvante était vraiment immense, transparente et réfléchissante. Elle déformait tous les objets que l’on pouvait voir au travers. La lumière des étoiles, se brisait à l’intérieur et coloraient la matière de toutes les teintes possibles d’un arc en ciel !
« Plonge en son sein ! » m’intima la femme de Cristal.
Et je me suis exécutée, non sans crainte, mais aussi avec beaucoup de fascination. Je me suis rapprochée doucement de cette forme transparente qui se mouvait. Je l’ai touchée du bout de mes doigts. C’était chaud et doux. Lorsque je les ai retires, trois petites gouttelettes de ce liquide se sont échappées de cette masse et s’en sont allées librement. Sans jamais retomber. J’essayer à nouveau en enfouissant ma main, et mon avant bras. Cette sensation de bien être me rappela mon éveil dans cet obscur infini, mais également des souvenirs plus lointain, avant ma mort. J’ai retire mon bras, et je vis qu’il était propre maintenant. Je pouvais alors découvrir une partie de ce nouveau corps effrayant que je ne connaissais pas encore.
Ma main et mon bras, comme tout le reste de mon corps, étaient recouverts d’une peau cuirassée rouge. je n'avais pas de poils. Cette peau semblait très dure, et résistante, mais peu souple. Mes mains étaient griffues et sur leurs dos à la base de mes doigts, cinq perforations apparaissaient. Ensuite, J’examinai un peu plus en détail mon avant bras. j’essayais de reproduire les mouvements que je connaissais avec mes doigts, mon poignet, mon coude, Et ce corps semblait effectivement fonctionner de la même façon que l’ancien. En regardant de plus prés, j’ai pu également voir une cavité se dessiner sous mon coude, semblable a celles de mes doigts. Comme je suis toujours un être symétriquement construit de l’extérieur, j’ai facilement supposé que l’autre coté était façonné de la même manière. J’ai essayé de me voir et, de me découvrir au travers du liquide dans lequel j'allais rentrer. la masse réfléchissante me déformait quelque peu. Je pouvais voir derrière moi La dame de cristal m’observer avec Attention, toujours avec ce même sourire. Puis je me suis focalisée sur mon être. J’étais sale et gluante. Comme je l’avais imaginé, je pouvais deviner que toute ma peau était rouge. Parfois, on pouvait voir de grosses veines jaunes apparaitre entre deux plaques de cette nouvelle carapace. J’avais peur de moi, j’avais l’impression d’être un monstre. Pourtant, j’étais toujours anthropomorphe, seule mon apparence extérieure était changée !
Je me suis rapprochée encore un peu plus du liquide pour tenter d’examiner mon visage plus en détail. J’ai essayé de repousser cette longue chevelure dorée qui était plaquée contre ma peau à cause de toute cette matière visqueuse et plutôt opaque qui me recouvrait.
J’ai touchée mes joues, ouverts ma bouche. J’avais toujours une langue, et de magnifiques dents blanches. Puis j’ai inspecte mes yeux, ils étaient de sang, comme la couleur de ma peau. Je n’avais plus de cils, ni de sourcils. Cette peau dure m’empêchait d’avoir des poils. Mes oreilles étaient plus petites, mais légèrement plus pointues. J’apprivoisais petit à petit ce nouveau corps qui était désormais le mien.
J’ai touché à nouveau le liquide mystérieux, du bout des doigts comme pour me toucher, pour le caresser. Et j’ai demande à la dame de cristal qui attendait toujours derrière moi : « Qu’est-ce que c’est ?
_ De l’eau ! »
La réponse, pourtant si évidente, m’étonna. C’était pourtant si évident ! il y a de l’eau partout dans l’univers !
Je suis finalement rentrée dans cette bulle d’eau pour me nettoyer. Premier reflexe humain qui me restait, je me suis bouchée le nez, j’ai retenu mon souffle et j’ai fermé les yeux. J’ai marché jusque dans la bulle, et lorsque je mis le premier pied a l’intérieur, ce sol qui me semblait étendu dans l’infini disparut et je me suis mise à flotter dans l’eau. J’ai ouvert les yeux. A l’intérieur, je ne voyais pas grand-chose, j’ai tente de mes retourner vers la dame de Cristal pour la saluer, et je me suis rendu compte que je ne savais même pas qui elle était. Mes joues était gonflées, et j’ai débouche mon nez. Quelque chose de bizarre se produisit dans ma gorge et dans mes poumons. Les premiers instants furent assez désagréables. De l’eau remplissait petit à petit mes bronches en me chatouillant l’intérieur de la gorge. J’avais l’impression de me noyer peu a peu. J’ai voulu me saisir la gorge pour
boucher les orifices, et j’ai senti de chaque cote trois fentes qui s’ouvraient et se fermaient dans un rythme réguliers. J’ai alors compris qu’il ne servait à rien de lutter. Je sentais l’eau monter jusque dans ma gorge, et la dans un dernier élan, j’ai ouvert la bouche pour laisser l’eau m’envahir complètement. A ma grande surprise, Il ne se passa rien. J’étais toujours la, consciente au milieu de l’eau. Ces fentes dans ma gorge étaient des branchilles et je pouvais respirer et me mouvoir comme un poisson, sans avoir peur de me noyer. Apres cette rapide accoutumance qui m’a paru tres longue aux vues de mon angoisse, j’ai voulu inspecter le reste de mon corps.
Mes longs cheveux d'or pouvaient enfin virevolter librement. Les fins rayons de lumière qui pouvaient arriver jusqu'à moi, les faisaient flamboyer de mille feux. J’avais des formes de femmes, mais je n’avais ni nombril, ni sexe. Je n’y avais pas fait attention jusqu'à présent, mais ma colonne vertébrale ressortait de mon corps au niveau de mes reins et formait un long appendice recouvert de poils soyeux. J’avais une queue aussi longue que moi, semblable à celle des petits félins terrestres, et elle dansait dans l’eau, signifiant ainsi en gestuel le bien-être que je pouvais ressentir. J’ai tenté de rapprocher mes jambes pour mieux les voir, maintenant qu’elles étaient lavées. Mes jambes étaient fortes, je sentais leur puissance quand je me mouvais dans l’eau, et je sentais toute l’eau que je pouvais déplacer. Quant à mes pieds, je n’avais que deux doigts griffus qui dépassaient, et une énorme griffe qui ressortait au niveau du talon, servant ainsi de meilleur appui pour marcher. Dans cette position presque foetale, je me sentais bien et en securité. C'est alors que des souvenirs enfouis depuis des temps immémoriaux s'emparèrent de moi. Comme si mon corps se rappelait que cette position avait été important pour moi. J'eus une legère image de moi, trouble m'étant djà retrouvée dans cette position dans ce corps, au fond de long, dans un passé très incertain. Ce ne devait qu'un rêve que j'avais eu dans la vie que je viens de quitter. Peut-etre que tout ce qui se passe en ce moment précis, n'est qu'un rêve...
Apres cet apprentissage de mon corps, j’ai nage dans cette immense piscine chaude, pour me dégourdir les membres et pour découvrir l’amplitude de tous les mouvements que j’étais capable d'effectuer... Je me sentais apaisée. Quand j’ai nagé à nouveau vers la dame de cristal, en repérant la lumière blanche qu’elle pouvait émettre, j’ai remarque que je n’étais plus orientée de la même façon. Je la voyais à l’ envers, au dessus de moi.
J'ai emergé du liquide, le jeune femme me tendit les mains et m'aida a sortir et à me remettre sur pied. Un nouveau vertige s'empara de moi, et encore une fois, je n'ai pu m'empêcher de régurgiter... Le liquide fut emporter doucement au lointain, en se distordant. on aurait dit que cette masse rampait comme une larme.
« Ton équilibre n'est pas encore parfait, il faut que tu réapprennes à te déplacer dans cette immensité. »
« Tu vois ce points très lumineux là-bas? »
Elle me désigna un petit point blanc lumineux qui luisait au loin.
« Tu vois ce qui brille au fond de l'univers? »
J'ai hoché brièvement la tête pour lui signifier que oui. C'était une lueur minuscule qui se détachait de la seule petite parcelle d'obscurité que nous pouvions voir.
« C'est le centre de l'univers, et c'est en cet endroit que tu viens de naitre... »