Mes yeux saignaient à en remplir le tonneau des Danaïdes.
Les heures défilaient aussi vite que l’intrigue avance dans le chef d’œuvre de Stephenie MEYER. Mes yeux ne demandaient qu’à se clore pour ne plus jamais s’ouvrir devant un spectacle aussi affligeant que celui qui s’offrait à moi. Mes oreilles gagnaient davantage en surdité dès lors que les individus alentours ouvraient leurs lèvres pour en extraire des mots formant des phrases sans queue ni tête. Mes doigts n’effleuraient plus que la couverture des catalogues ornés d’images et de typographies présentant la société, qui devait être distribués à la populasse qui s’égarait en ce lieu étrange qu’est le salon des arts contemporains.
Mon odorat n’est pas en reste. L’odeur se dégageant des individus des peintures fraîches agresse mes sinus presqu’autant qu’Hitler avec… que… Skippy vous spammant de sms à votre réveil. C’est vous dire à quel point, c’est agréable (Non je ne voulais pas franchir le point Godwin en deux paragraphes). Quant à mon goût… C’est certainement la seule chose qui tienne la route en ces lieux inhospitaliers : la nourriture. Oui c’est triste à croire, je le conçois.
Vu la sobriété, on se demande où sont passés les artistes
Encore une fois, je vais vous dévoiler toutes les bonnes raisons pour ne pas vous aventurer (accompagné ou non) dans un espace aussi peu propice à la culture artistique aussi excentrique soit-elle. En effet, c’est un lieu d’égoïsme et d’onanisme intellectuel si tantôt le terme relatif à l’intelligence est bien approprié. Chaque exposant est persuadé que les deux taches… C’EST TOI LA TACHE ! (Qui a écrit ça ? Dénoncez-vous !). Les deux taches qui se battent en duel font donc de la toile une œuvre d’art qui selon les dires de l’imposteur du peintre se vend à un prix comptant quatre chiffres. Rien que ça !
Et après les artistes se plaignent que leur métier est difficile ! Il n’est rien de plus à ma portée que de tirer mon coup trois traits sur une toile et ainsi faire ressortir toute la créativité qui alimente mon esprit dérangé ou toute la force que j’ai mis à tracer quelques lignes colorés afin de mettre en avant mon ressenti quant à la période difficile (Oui les artistes sont toujours torturés) que je traverse actuellement, le tout pour la modique somme de quelques milliers d’euros.
Mais vous n’êtes pas célèbres et renommés à travers le continent ? Donc en quoi les quelques grammes de peintures qui garnissent la toile et le support se voient honorés d’un prix aussi astronomique ?
Et laissez-moi vous dire que ce n’est qu’un début par rapport à toutes les aberrations que j’ai croisé dans les allées du salon et on en voit du beau monde à force d’arpenter d’un pas las tous les stands : « Ce que je fais, vous ne le verrez nulle part ailleurs ! » (Haha ! Jeu de mots ? Émissions TV ? Rire ? Calembour ? Lol ? Humour ? Encule un mouton…). D’une part, certes, il y en a beaucoup dont on ne peut pas dire qu’ils imitent autrui, cependant vous n’avez pas inventé l’eau chaude non plus, mais bon ça je le garde pour moi, hein ! Les artistes sont sensibles aux vexations, alors on apprend à ne pas dire ce qu’on pense quand on ne vous le demande pas.
« C’est moi qui suis à l’origine de cette technique, c’est tout nouveau, c’est pour cette raison que ça choque les gens quand ils passent devant ! Oui je le sais parce que je sais tout en fait… », faux ! Cette technique a été étudiée au préalable et j’ai exprès fait mes recherches sur le net pour m’en rendre compte, il n’existe que quelques nuances mais l’idée est là et c’est toujours l’idée qui compte, donc… Et si vous pensez que les gens sont choqués en passant devant, je remettrais en question mes talents lacunes plutôt que le goût des visiteurs quand tous font la subtile remarque : « C’est particulier… », autrement dit : « Ça ne me plaît pas… » ou plus vulgairement : « C’est dégueulasse ! ». Mais voilà, ça encore vous le mettez au plus profond de vous-même pour vous épargner quelques différents avec autrui.
En parlant de ça, je vais vous expliquer ce qui fait que vous me retrouveriez dans pareil endroit, c’est tout aussi absurde que l’École Estienne d’ailleurs, soit dit en passant…
Si j’ai eu la chance de testé par trois fois le salon des arts contemporains à Paris, c’est grâce à un homme. Il est vrai que faire les salons me dépannent bien pour amasser des sous et ainsi remplir mon gosier de liquide alcoolique (Roooh je vous vois venir, crapules ! Ne me dîtes pas que vous ne le faîtes pas aussi ! Oui ? Bien, reprenons dans ce cas).
Alors je vais vous introduire le personnage par quelques extraits de conversations pour vous montrer comment la mythomanie est reine en ce lieu malfamé.
Attention j’envoie du lourd !
Visiteur : « Bonjour, en fait vous présentez plusieurs artistes, c’est bien ça ? »
Lui - Oui tout à fait ! Je suis M. *biiiiip* (faux nom, il donne celui de la société) et voici ma nièce (moi) »
Ha bah je suis heureuse de l’apprendre, je ne savais pas, merci ! D’autant plus que quelques minutes avant, il me disait « Si on te demande, tu dis que tu travailles pour la société… ». Où est l’intérêt de cette mythomanie ? Si ce n’est le plaisir de mentir pour… bah pour rien en fait… Raaaah ça me dépasse !
Encore un exemple ?
Visiteur : « Oh ! C’est amusant, on dirait qu’il s’est inspiré de tel peintre, non ?
Lui – Ha non, non ! C’est pas possible, ce qu’il fait c’est unique et ça n’a rien à voir avec untel !
Visiteur – Ha oui ? Vous trouvez… C’est curieux quand même, c’est la même idée et le même esthétisme.
Lui – Non non, vous vous trompez. Untel il fait pas ça lui.
[Le visiteur s’éloigne et mon ex-responsable vient à ma rencontre, alors que j’ai tout entendu]
Lui – Tu connais toi tel peintre ? »
Les frères Bogdanov, eux, ont reconnu avoir le menton de Popeye
Non mais sérieusement ça ne vous blase pas d’entendre des choses aussi saugrenues ? Soutenir le contraire d’une affirmation alors qu’on n’en sait pas plus sur le sujet. Ce doit une sorte de troll, je ne vois pas d’autres alternatives, pour faire preuve d’autant de mauvaise foi ! [Je rappelle pour les plus jeunes qu’il n’est pas grave de poser des questions ce qui traduirait cette votre ignorance sur la chose mais qui vous cultiverait pour la prochaine fois]
Après réflexion, ce doit être un grand enfant en fait ! D’autant plus que j’ai fait mes recherches (Et oui encore !) sur la chose et le référence du visiteur a tout à voir avec ce que nous exposions !
Autre chose :
Lui : « On ne le présente pas cette fois, mais on a un autre peintre qui utilise une technique au tube. Tenez voici le catalogue le présentant…
Visiteur - Ha bah oui c’est vous sur la photo ! »
Lui - Non, non c’est mon frère jumeau. Mais j’en ai marre qu’on nous confonde alors je dis que c’est un peintre. Il est à une expo en Espagne en ce moment… »
Vous l’aurez bien compris : il n’a pas de jumeau et encore moins de frère, fort heureusement… Alors oui moi aussi, je m’interroge. Aurait-il honte de reconnaître ce qu’il peint ? C’est triste de ne pas assumer ce qu’on fait. D’autant plus que je l’entends dire à notre arrivée : « Je sais pas ce qu’on fait ici, sincèrement. N’importe qui ici ne nous arrive pas à la cheville au niveau du talent de la peinture ». Vous voyez le profil ? Complexe d’infériorité ? Nul ne le sait et quand bien même je lui poserai la question, je me ferai envoyer bouler à l’autre bout du chapiteau avec mon gabarit de crevette.
D’ailleurs il n’y a pas besoin d’user de provocation pour vous prendre en pleine figure des réflexions non méritées.
Je vous mets en situation : vous êtes dans la voiture tranquillement avec Lui. Tout à coup, sans transition avec le précédent sujet, il vous demande comment vont les amours en ce moment. En soi, ce sujet est Ô combien barbant quand on a rien à dire… Mais c’est davantage chiatique quand votre interlocuteur ne lâche pas l’affaire et renchérit en vous sortant un bon : « En tout cas, t’as pas intérêt à en retrouver un comme le précédent là ! Et puis aussi cet autre-là, de toute façon *biiiip*, il t’a jamais aimé lui… »
Allez BOUM ! Prend toi ça dans la gueule, c’était gratuit ! Pardon ? Après une journée aussi accablante, vous croyez réellement que je vais laisser passer une telle offense ?
Il s’en est suivi une discussion de quelques minutes et un débat sur l’amour et les relations en passant par la définition d’une leçon que l’on donne à quelqu’un ainsi que sur l’exploitation du système, allez savoir pourquoi… Je ne sais plus, tout ça a été très vite et tant mieux parce que vu la profondeur du débat, il valait mieux qu’il soit abrégé au plus vite par un léger : « Quand on a échoué avec trois femmes, je pense que l’on n’a pas de leçon à donner… ». Bref, concis et cinglant !
Ambiance ambiance !
J’ai le souvenir qu’aux salons précédents c’était pareil, il n’était pas rare d’entendre cet individu dire aux voisins de stand que les peintures alentours n’avaient rien pour plaire. En revanche, la sienne et celle du second protagoniste devraient se faire arracher par tous les passants, tant l’harmonie des couleurs et la recherche du travail était poussées à un tel niveau d’expertise que cela touchait des plafonds jamais atteints par quiconque. Oui rien que ça !
Non mais ce n’est pas fini ! Ensuite mon ancien responsable revient vers moi au stand pour me dire que l’on n’a rien à envier au voisin quant à ses œuvres. Bon très bien, mais c’est pas ce que tu disais y a deux minutes Coco, mais ça je le garde pour moi.
Et puis le soir, on est de nouveau copain parce que voisin propose gentiment du vin, haaa bah ça ! Ça ne se refuse pas. Comme c’est habile de retourner sa veste dans les moments les plus opportuns. Je prends mon ex-responsable comme référence puisque je puis observer ce qu’il se passe à notre stand, mais en réalité, chacun des exposants fait de même. L’hypocrisie règne en maîtresse sur les lieux !
Mais voilà, ce ne serait pas divertissant si je ne m’arrêtais qu’à ces individus, car si ces derniers m’ont presque rendue folle (Ne vous enflammez pas, j’ai dit « presque ») de par leurs discours, il n’en reste pas moins que j’ai longuement hésité à me crever les yeux pour ne pas subir les débordements imaginatifs de nos amis les artistes.
Non mais sérieusement, qu’est-ce qui vous empêche de ne pas partir en courant quand vous croisez quelqu’un qui porte un collier avec en guise de pendentif un morceau de pain ? Je… Enfin ce n’est pas moi qui divague et qui aie quelques soucis quant au bon sens de ce « bijou » ? C’est… Enfin… Mais… Je comprends juste pas !
Moi aussi ça m’arrive souvent de me dire que je vais finalement me promener à l’école avec mon garde-manger accroché à ma taille et puis qui sait, je vais sûrement lancer une nouvelle mode pour les ceintures. Après tout, certaines ont commencé à se mettre des bonbons comme boucle d’oreille, alors après tout pourquoi pas !
Incontestablement, Lady Gaga est donc une artiste !
À peine vous vous remettez émotionnellement de ce que vous venez de croiser qu’une bonne femme s’avance vers vous, vêtue de manière fort grotesque (Et encore… Ceci est un euphémisme, si vous voyez ce que je veux dire). Enfin bref, donc un individu drapé d’une jupe rose à pois noirs fait quelques pas vers moi en me décochant un sourire des plus hypocrites. Vous sentez bien que tout ceci n’est pas anodin, que l’on va soit vous parler du temps (ça serait intelligent étant donné que nous sommes sous la tente), vous proposer des herbes aux effets bénéfiques et étourdissants (ce qui n’est pas bien étonnant en ces lieux), soit cette personne va tenter de vous faire adhérer à son point de vue en vous lançant une phrase des plus banales « Y a de très belles choses cette année ! », oui bah écoutez, si par là, vous essayez de me faire dire que j’aime ce que vous exposez… Bah désolée de vous décevoir…
Cependant, je suis de bonne éducation ! C’est pourquoi, je garde pour moi le fond de ma pensée. Et puis je ne vous ai pas encore relaté ce qui m’a forcé à changer mes verres de lunettes faute d’une baisse de ma vue assez considérable ! Je cherche encore à quoi cela a-t-il pu être dû…
Au fur et à mesure de mon avancée dans les allées de l’exposition, les peintures, les sculptures et autres agayons se métamorphosaient de paysages en portraits avec plus ou moins d’imagination, plus ou moins de techniques, mais surtout et essentiellement plus ou moins de talent ! (Bien que le « moins » l’emporte sur ce dernier point)
Vous pouvez admirer sur votre droite ces magnifiques toiles où l’on sent bien que l’artiste a fait ressortir toute sa colère, alors que là c’est la joie que l’on observe. Oui bah y a juste deux taches sur deux toiles distinctes, y a pas de quoi fouetter un chiard chat… M’enfin moi je dis ça, je dis rien… BAH FERME TA GUEULE ALORS ! (Laissez ce clavier tranquille, je vous prie !)
Vous poursuivez votre avancée au péril d’une cécité irréversible, quand tout à coup, vous avez la surprise de vous retrouver devant une technique peu commune : la peinture utilisée semble vieille et endommagée. Les autoportraits ne sont cependant pas désagréables à l’œil, mais quelque chose paraît hors du commun, c’est alors que je lis la biographie de l’artiste « Peinture : faite à partir de mon sang dilué avec de l’eau ». Rien que ça ! Alors oui d’accord c’est original et tout ce que vous voulez mais qui veut se retrouver avec du sang sur une toile chez soi ? J’espère pour vous que vous n’êtes pas un meurtrier amateur de peinture, sinon vous êtes comme qui dirait « dans la merde ». Le pire est peut-être pour les vampires, sans cesse à vouloir sucer une toile, c’est dommage de signer un chèque à quatre chiffres pour ensuite lécher une toile dont le motif sera altéré avec le temps.
Mais bon, nous ne faisons pas partie de ces sous-genre de l’espèce humaine (Les meurtriers pas les vampires, enfin surtout les artistes en fait, bref j’me suis embrouillée ! Interprétez comme bon vous semble)
Je croise sur la route des encadrés représentant des individus, j’espère seulement que ce n’est pas réalisé selon un modèle, sinon je m’interrogerais un peu sur mes proportions après avoir infligé un revers de pelle à celui pour qui j’ai posé.
Certains doivent prendre des substances illicites pour faire apparaître des choses pareilles sur leurs toiles, des proportions aussi peu réalistes, la notion du beau perd tout son sens ici bas, comme c’est triste. Je ne sais même plus si mes yeux se remplissent de larmes tant tout cela me pique les yeux ou si je suis tout bonnement triste de voir pareil massacre des réalités.
« T’as pas la fibre artistique, tu peux pas comprendre, c’est tout !
- Ha bah écoutez, j’en suis bien heureuse parce que pour me planter autant dans les proportions, faut avoir un sacré compas dans l’œil, voire dans les deux. Ha oui ! Question ? Si votre jupe traîne jusqu’au sol c’est pour vous prendre pour une reine du pinceau ou vous tentez de camoufler que votre modèle vous a pété les rotules après avoir vu ça ? »
Voilà pour ce qui est des exposants, ce sont des gens très ouverts, c’est fort sympathique de parlementer avec eux, si si je vous jure !
Je dis ça, mais les visiteurs ne sont pas en reste, oh que non ! Je ne compte même plus combien sont passés devant le stand sans même vous adresser un mot, un sourire pas même un regard, alors que vous venez de leur décocher un « Bonjour » des plus cordiaux. Malheureusement vous n’êtes pas en mesure de réagir à une pareille insolence puisque comme je le disais au préalable, nombreux sont-ce qui s’égare en ces lieux et vous ne voulez pas faire de mauvaise pub à votre stand.
Si certains n’en ont rien à faire de vous, d’autres viennent de leur plein gré à votre rencontre pour en apprendre davantage sur les techniques utilisées et c’est toujours agréable de sentir utile pour renseigner autrui sur ses interrogations.
Toutefois, certaines questions me laissent perplexe :
« Et ce soir, vous fermez à quelle heure ?
- On expose jusqu’à 20h, monsieur.
- Et c’est quoi votre nom ?
- Nous sommes une agence en réalité, nous faisons du mécenat d’art. *Biiiip*, c’est le nom de l’agence et…
- Non mais votre prénom à vous ? »
J’ai bien dit « agence » tout court, pas « agence de rencontre ». Parfois il existe des moments où l’on bugue tant la fatigue nous envahit devant les réflexions de certains, c’était ce moment-là précisément !
Je vous laisse libre de vous égarer en ces lieux. Vous y découvrirez encore bien d’autres choses dont j’ai certainement (à mon grand soulagement) été épargnée. Si votre curiosité vous pousse à vous faire votre propre opinion, il ne tient qu’à vous de vous y rendre par vos propres moyens du 20 au 24 juin 2012, place Saint Sulpice à Paris.
Je ne vous souhaite que bonne chance, vous verrez que l’on peut assurément être fier de son art et ainsi content pour rien ! (Jeu de mot ? Calembour ? Humour ? Encule un mouton… Non toujours pas ?)