Marie (de Guillaume Appolinaire)

Publié le 16 mai 2012 par Ceciledequoide9
Bonjour à celles et ceux qui écrivent des poèmes
Bonjour à celles et ceux qui les lisent
Bonjour aux zotres

Hier, j'ai mis en ligne un message de 207 consacré au très court roman de Michel Quint Aimer à peine en précisant que j'avais découvert il y a une semaine seulement d'où venait son titre. Il est tiré d'un poème intitulé Marie que Guillaume Appolinaire a écrit en 1912 pour Marie Laurencin qui venait de le quitter après 5 années de liaison houleuse.
Je ne suis pas subjuguée par ce poème que je trouve quelque peu déséquilibré, désordonné, foutraque (voire incohérent) même si j'ai bien conscience que, dans une certaine mesure, c'est l'effet recherché. Je n'aime pas non plus la sonorité de certains passages et je trouve qu'il manque de rythme et d'euphonie. Du même auteur (qui n'est pas mon poète préféré), je préfère de très loin Si je mourrais là-bas.
Marie me laisse un sentiment d'inachevé, de remplissage forcé de certaines strophes (chose qu'on peut écrire sur un blog mais certainement pas dire lors d'un oral de bac !). A l'inverse, lorsque j'ai lu dans l'avion, isolées au début d'un roman :
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux

j'ai failli tomber à la renverse (enfin c'est une image et heureusement que ça ne s'est pas produit car j'étais dans un avion en train de décoller... l'avion... enfin moi aussi, de fait, je décollais... bref, vous comprenez), bouleversée par la beauté des mots et la douloureuse délicatesse de cette déclaration. Ces vers se suffisent à eux-même. Tout y est dit. Cela dit, Appolinaire a tort, 1000 fois tort. J'y reviendrai quand je parlerai du magnifique roman où ils figuraient en exergue.
Marie
Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C'est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu'elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux
Les brebis s'en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d'argent
Des soldats passent et que n'ai-je
Un coeur à moi ce coeur changeant
Changeant et puis encor que sais-je
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l'automne
Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine.
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