Happy or not to be,

Il y a quelques temps, on m’a demandé de me souvenir de la petite personne que j’étais quand j’avais 12 ans. Autant dire que ça me semble loin – très loin.

Je me souviens qu’à cette époque je faisais du judo, un sport qui n’a jamais été fait pour moi. Mais comme tout ce qui n’est pas fait pour moi, j’ai mis du temps à le comprendre. Autrement dit, il a fallu que je finisse avec une minerve et interdite de le pratiquer, pour finir par me dire que je n’étais vraiment pas faite pour ce sport. Échec quoi.

Je me souviens aussi de ma prof de français. Je me souviens qu’elle se préoccupait beaucoup de moi et de mes résultats. J’étais bonne élève mais pas brillante non plus. J’avais du potentiel comme on dit. Je me souviens que ce qui allait devenir une de mes spécialités n’était pas mon fort : l’écriture d’invention. À l’époque, je m’appliquais à trouver de bonnes idées mais il n’y avait rien de fluide, ni de vibrant dans ma façon de les retranscrire : tout était justement, trop pensé, trop pesé, pas ressenti… Je me heurtais à une énigme, à un mur qui m’imposait un peu de maturité, de perspectives et de virtuosité pour voir de l’autre côté. J’avais envie de réussir à parler d’un chausson avec émotion. Hélas, malgré toute ma bonne volonté, j’étais loin du compte.

Je ne me souviens quasiment d’aucun sujet sauf celui où il m’avait été demandé d’écrire ma recette du bonheur. Le résultat devait être bien naïf et sans doute très ennuyeux. Mais je m’étais appliquée. Je me vois encore me prendre la tête sur le sujet. Et prendre conscience que ça n’avait rien de naturel pour moi. En matière de bonheur, j’avais besoin d’un peu d’aide.

Des années après, la seule réponse que j’ai à la question du bonheur est la même que celle qui me vienne à l’esprit en repensant à cette laborieuse rédaction – un exercice compliqué.