NAUFRAGE
Sans doute la montagne a-t-elle
Elle-même son silence ! les mots
Sont des fleurs tombées dans un bain de sable ―
Décombres sous les pieds ! ― la mer,
Son éperon délivre le vaisseau de sa voile,
Et la dune est soudain vidée de ses rayons.
C’est un son de pipeau que promène le vent.
Et là, encore la barque dort
Le mât se brise ? La terre au loin
Ne chante plus
Que des refrains de mort. La cigarette du phare
S’éteint
Et les berceuses
Des villes se perdent dans la mémoire.
L’ange écoute son nom prononcé
Dans l’Orage. La maison secrète
De ta vie,
Tu l’oublies ?
C’est le bagage qui encombre les bras !
Et le flot
Délivre les noyés de leur bouche tordue.
(Mai 1946.)
Jean-Pierre Duprey, Premiers Poèmes publiés et inédits (1945-1947) in Derrière son double, Œuvres complètes, Christian Bourgois Éditeur, janvier 1991 ; Gallimard, Collection Poésie, 1999, page 261. Préface d’André Breton. Édition de François Di Dio.
NOTE d’AP : deux ans après la publication (1999) du volume Derrière son double de la collection Poésie/Gallimard (réédition des Œuvres complètes de Jean-Pierre Duprey publiées par Christian Bourgois Éditeur en janvier 1991) a paru chez Le cherche midi éditeur, un volume de poèmes inédits : Un bruit de baiser ferme le monde (2001). Des poèmes d’extrême jeunesse, écrits pour la plupart en 1946. Jean-Pierre Duprey avait alors tout juste seize ans. Lire à ce propos le billet de Patrice Beray sur Mediapart.
JEAN-PIERRE DUPREY
Source
■ Voir aussi ▼
→ (dans L’Art d'aimer, revue d'essais critiques) La Vierge du Néant, Sur les premiers poèmes de Jean-Pierre Duprey, par Alexandre Secher
→ (sur Mediapart) Une main, demain, billet de Patrice Beray sur Jean-Pierre Duprey (11 mars 2009)
→ (sur LaFreniere&poesie) une page sur Jean-Pierre Duprey
→ (sur Sitaudis.fr) Maurice a peur du noir, par Alexandre Didier
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