Le (convenable?) Étranger

Publié le 22 mai 2012 par Hunterjones
Je ne déteste pas le Canada. Il y a de très beaux endroits au Canada. Des gens intéressants aussi.
 Mais je le regarde comme on regarderait un pays étranger.
C'est une question de sensibilité.
Je trouve que j'ai bien peu en commun avec les gens hors province. Je m'intéresse à l'information internationale, aux arts, aux différents pays dans le monde, aux conflits internationaux, aux enjeux politiques, aux gens extraordinaires et je suis contre la religion.
Mon Canada est en général petit dans sa tête, peu cultivé, peu porté sur les pays étrangers si ce n'est que pour lui souquer un peu d'argent, légèrement cancre dans ses implications dans les enjeux internationaux et parfaitement ordinaire, voire beige. La religion empoisonne aussi quelques fois les raisonnements canadiens.
Bien que le Québec ne soit pas un pays, j'ai déjà le regard de celui qui regarde le Maroc, la Bulgarie ou le Bengladesh et qui est fasciné par ce qu'il découvre.
Mais la fascination n'est pas toujours heureuse.
Surtout depuis que les créationistes de Stephen Harper sont au pouvoir.
Bon je ne mentionnerai pas tout ce qui me sépare de leur manière de faire rouler le petit hamster dans leur calotte crânienne, j'en ai suffisament parlé sur ce site et je me tombe moi-même sur les nerfs sur le sujet.
Mais la semaine dernière, je n'y peux rien c'est arrivé tout seul comme un gros bouton blanc dans un beau visage, un nouveau projet loufoque du gouvernement Harper est tombé sur la table.
Dans la réinvention du pays, outre l'idée avortée de vouloir écrire une charte des droits du foetus (à l'encontre des droits de la femme), un nouveau projet de réécriture de la définition du mot "convenable" a été suggéré. Ou si vous préféré "d'emploi convenable".
Le gouvernement Harper s’apprête à resserrer les critères qui permettent aux chômeurs de toucher des prestations d’assurance emploi. Il demanderait donc à ceuux-ci de se montrer moins exigeants dans leur quête d’un emploi.
Quelqu'un lit comme moi une définition de l'expression "niveler par le bas"?
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a même crêmé la proposition avec cette stupéfiante déclaration lancée sans rire:
«Il n’y a pas de mauvais emploi. Le seul mauvais travail est de ne pas en avoir un».
Suivant son raisonnement, même si vous avez un baccalauréat en sciences appliquées et une maitrise en lignuistique, vous devriez tout de même prendre ce job chez Tim Horton.
Ou si vous préférez une analogie toute autre, si vous n'êtes pas en couple ou en laision amoureuse avec quiconque depuis un bout de temps, acceptez les avances de n'importe qui. C'est mieux que d'être tout seul.
Je comprends ce qui est derrière tout ça, l'envie de réaliser des économies, mais il y a pire. Derrière ce tuype de raisonnement il y a cette idée méprisante que certains chômeurs ne sont pas DÉJÀ en train d'accepter des emplois bien en-dessous de la valeur de leur candidature. Faites le tour des chauffeurs de taxi et vous en trouverez de la diplomation.
Les conservateurs croient que la femme n'a pas son mot à dire quand vient le temps de choisir entre avoir un enfant et se faire avorter.
Ils croient aussi que tous les artistes sont des parasites.
Ils sont étouffés par la religion comme cette stupide guerre au sexe livrée encore cette semaine.
Ils croient que le réchauffement climatique est une invention d'alarmistes.
Ils croient maintenant qu'il ne serait pas innaceptable de se faire offrir un boulot moins bien rémunéré, avec des conditions de travail moins avantageuses, ou hors de son champ de compétences.
Un refus face à ses critères (de luxe nous disent les conservateurs) pourrait entraîner une suppression de prestations d'assurance emploi.
Comment ne pas penser qu'on est franchement pas du même pays?