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Jean Daive | [Le monde est maintenant visible]

Publié le 24 mai 2012 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

Je compte les mâts penchés près du rivage.
Ph., G.AdC

[LE MONDE EST MAINTENANT VISIBLE]

Le monde est maintenant visible
entre mers et montagnes.

Je marche entre les transparences
parmi les années
les fantômes
et le matricule de chacun.

Les pierres
les herbes sont enchantées.

Tout se couvre
jusqu’au néant
de pétroglyphes.

Je compte les mâts
penchés près du rivage.

À perte de vue, la prairie des cormorans
car chaque maison est un navire
qui se balance.

Plutôt le crime ou plutôt
la mort des amants ou
plutôt l’inceste du frère
et de la sœur ou ―

je prends le temps
de manger une orange.

Dans ces moitiés d’assiettes et
autres fragments trouvés
avec pierres taillées, dessinées ou peintes
masse de cailloux, graviers avec sable
mesurent un site
une ville que j’explore
avec l’énergie d’un oiseau.

Jean Daive, L’Énonciateur des extrêmes, Nous, 2012, pp. 39-40.


Daive, L'Enonciateur des extrêmes


  NOTE : dans L’Énonciateur des extrêmes, Jean Daive évoque en tant que phénomène l’amitié entre les poètes américains Charles Olson (1910-1970) et Robert Creeley (1926-2005), tant du point de vue du savoir, de l’énigme que de l’éphémère. Il tente de tramer ce qui les préoccupe tous deux — la civilisation de l’Indien pour le premier, la civilisation de l’animal pour le second.
  Une première version de L’Énonciateur des extrêmes a paru dans le CCP n° 20 (Cahier critique de poésie du Centre international de poésie Marseille, octobre 2010) consacré à Charles Olson et au Black Mountain College (cf. la note de présentation des éditions Nous).



JEAN DAIVE

Jean Daive

Source

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site d’Éric Pesty Éditeur) une bio-bibliographie de Jean Daive



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