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J'avais dit...

Publié le 25 mai 2012 par Lepepindanslapomme
J'avais dit plein de choses.
J'avais dit que j'aurai des enfants.
J'avais dit que j'aurai un mari.
J'avais dit que j'aurai un métier.
Ah... et quel métier je m'étais trouvé!
Un métier qui me permette d'avoir une indépendance, un moyen de survie, une monnaie d’échange.
Un métier pour lequel j'aurai été contente de me lever tout les matins.
Un métier épanouissant.
Un métier ou j'existerai, moi. en tant qu'individu, en tant que femme, en tant que moi.
J'avais dit...
Et puis une fois la décision prise et annoncée, je ne pouvais plus faire marche arrière.
Et j'ai continué. Je me suis accrochée. Je me suis donné les moyens, d'aimer ce nouveau métier,
Je me suis donné les moyens de le faire correctement.
Je me suis donné les moyens d’être bonne dans ce que je faisais.
Alors effectivement il y a des hauts et des bas dans une vie.
Il y a des matins plus radieux que d'autres.
Il y a des retours a la maison plus difficiles que d’autres.
Et puis il y a des nuits....
Des nuits où on ressasse toutes nos actions de la journée et que l'on se rend compte qu'on a oublié de dire une chose a notre collègue.
Il y a des nuits où les personnes que l'on a accompagnées nous suivent, nous parlent, et nous quittent de nouveau.
Il est mon meilleur souvenir.
Il est ma plus belle expérience humaine.
Juste parce qu'il ma fait assez confiance pour lui fermer les yeux sur la vie,
Juste parce qu'il m'a écoutée quand je lui ai dit que si il regardait bien, il verrai de nouveau, mais plus comme avant. et qu'il ne serait pas tout a fait parti, jamais.
Il est ma plus belle réussite. même si c 'est la mort qui y a mis un point d'orgue.
Il est le pourquoi de ma persévérance dans ce métier, qui, quelque part n’était pas une vocation.
Je ne me souviens plus de son nom.
Je ne me souviens plus de son prénom.
Je me souviens juste que sa petite fille avait le même prénom que moi.
Et qu'il m'a attendu pour mourir.
J’étais une infirmière. Je faisais mon travail. Mais...
Il m'a attendu pour mourir.
C 'est la plus belle chose que mon métier ai fait pour moi.
Me faire prendre conscience de la vie, de la mort.... de la joie, de la peine...
Et de l’équilibre precaire qui règne dans toute harmonie.
J'avais dit...
J' avais dit que je serais heureuse. Coûte que coûte.
Et parce que mon harmonie est comme toutes les autres, fragile,
J' ai décidé que mon bonheur était là,
J'ai décidé égoïstement que je m’arrêterai sur cette belle mort.
J'ai décidé que je vivrai autrement,
Parce que je ne veux plus vivre pour travailler, Je veux travailler pour vivre.
Mon métier, je l'aime trop pour le faire a moitié.
Mais quand je donne, je donne tout.et je me perds dans ma vie d’infirmière.
Faire la part des choses? ne plus être triste quand je pers un patient?ne plus écouter la douleur des gens? Ne plus comprendre les malades?
Oh non...je ne sais pas faire ça.
Alors plutôt que de me mettre en colère comme dans certains articles précédents, je vais accepter.
Accepter de ne pas être assez forte.
J'avais dit que serai heureuse coûte que coûte,
Dans ma vie de tout les jours.
Mon mari, mes enfants méritent mon attention et mon amour,
Et pour le moment, je suis heureuse comme ça!
Alors oui, j'avais dit,
J'avais dit Bien des choses,
Mais au final le véritable bonheur n'est il pas celui qui nous était inconnu et non calculé?
Et si le vrai bonheur était justement de savoir dire "je me suis plantée"?
J'avais dit...

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