Arvo Pärt , musique et mystique.
Publié le 26 mai 2012 par Perceval
Arvo Pärt est né en Estonie le 11 septembre 1935
Für Alina, date de 1976, ce morceau marque le tournant des créations d’Arvo Pärt, qui s’illustrera désormais comme compositeur majeur du minimalisme, dans sa
branche « mystique ».
« Ici, je suis seul avec le silence. J’ai découvert qu'une seule note suffit quand elle est bien jouée. Cette note, ou un moment de silence me réconforte.
Je travaille avec très peu d’éléments (...). Je construis avec les matériaux les plus primitifs - avec l’accord parfait, dans une tonalité spécifique. Les trois notes de l'accord résonnent comme
des cloches. Et c’est pourquoi j’appelle cela tintinnabulation. »
On retrouve dans ce court morceau cette grandeur dans la simplicité, cette fraîcheur et luminosité des sonorités détachées, et une subtilité des silences qui nous
conduit vers une calme et douce extase.
Pour mieux saisir sa pensée il faut ici un texte du compositeur écrivit à l'occasion de la création de son œuvre Lamentate de 2002 : « Quand,
lors du vernissage dans le Hall des turbines de la Tate Modem à Londres en octobre 2002, je découvris le Marsyas d'Anish Kapoor, la première
impression fut écrasante : Moi, cet être vivant, je suis debout devant mon propre corps et je suis mort - comme dans un décalage temporel où le futur et le présent prennent place en même
temps. Tout à coup, je me voyais déplacé dans une situation d'où ma vie m'apparaissait sous un autre jour. À ce moment j'éprouvai la vive sensation de pas être encore mûr pour mourir. Et
jaillissait cette question : que pourrais-je encore accomplir durant le temps qui me restait à vivre ? La mort et la souffrance sont des problèmes qui préoccupent tout être humain, une
fois précipité dans ce monde. Son attitude face à la vie dépend alors de la façon dont il résout (ou ne résout pas) ces problèmes - consciemment ou inconsciemment. La taille de la sculpture
d'Anish Kapoor dynamite non seulement nos conceptions de l'espace, mais aussi, selon la perception que j'en ai, les dimensions temporelles. La frontière entre le temporel et l'intemporel tend à
s'estomper. C'est la sphère thématique de ma composition Lamentate (Plaignez). J'ai de la sorte écrit une plainte, une lamentation, non pour des morts, mais pour nous, les vivants, qui devons
résoudre ces problèmes, chacun pour lui seul - pour nous qui peinons à traverser la souffrance et le désespoir dans le monde. »
Source: esprits nomades