Je ne pensais écrire un tel titre de chronique. J’ai quitté mon pays depuis plus de 3 ans et jamais jusqu’ici j’ai eu envie d’y retourner. Pars parce que plus rien ne m’intéresse là-bas, mais parce que le ici continue de me combler. Il arrive bien évidemment que des proches du Qc me manquent, que des effluves de la tonkinoise de chez Phò Bang New York me hantent, ou encore que l’envie d’un espresso du Café Italia me fasse verser dans la nostalgie, mais pas un ennui persistant. Jusqu’à ce que ces concerts de casseroles qui poussent sur l’asphalte qui dégèle au printemps installent leurs racines. Des racines qui ne seront jamais trop profonde, c’est dans la logique d’une crise, les fleurs ont la vie courte. Mais quand même, j’aurais envie d’y être. Je me vois bien dans les rues à frapper de la casserole et à scotcher toutes ces scènes de vie sur mon kodak. Parce que c’est de cette vie que je m’ennuie. Je ne sortirais pas dans les rues contre la loi 78 ou contre l’interdiction de manifester avec un masque. Je ne jouerais pas de la T-Fal contre la hausse des frais de scolarité ni contre le néo-libéralisme ambiant. Non, je manifesterais pour cette expression de la vie démocratique. Parce que ma grande crainte des dernières années (une de mes grandes craintes avec un nouveau séisme) est c’est épuisement de l’existence démocratique. Je me souviens d’avoir lu des chroniqueurs ou entendu des commentaires au printemps dernier de se plaindre d’être appelé aux urnes pour une troisième fois en quatre ans !!! On voit ces taux de participation aux élections fondre comme neige au soleil depuis des années. On ne parle pas des élections municipales … Pas besoin de faire le tour de la planète pour comprendre que cette dimension de la vie collective est une denrée rare (dans son existence tout autant que dans sa qualité) sur cette belle planète et qu’à se titre, on a la responsabilité de bien la traiter et de l’entretenir. Je l’écrivais ici il y a quelques semaines, j’en étais arrivé à penser que seule l’écologie pouvait mobiliser les gens de mon pays (Suroit, Orford, …). Je me mets à rêver à des manifestations populaires pour dire à nos gouvernements qu’on veut Kyoto, que le libre-choix en matière de procréation est un droit, qu’on ne veut pas d’une justice criminelle plus répressive, que l’on veut un positionnement politique plus modéré dans le dossier palestinien, … Si tout ça arrive, je reviens au pays !