Voici un article de Pascal Tellier qui a très bien connu Douglas Harding et qui témoigne dans cet article de la difficulté de certains à accepter de n'être rien...
"Rien, …. mais je ne veux pas être rien !
J’avais invité un couple à une des réunions mensuelles comportant des exercices de Douglas que j’anime depuis des années. Ils étaient venus me faire soigner leur chien, un boxer, car ils souhaitaient avoir accès à des médecines alternatives, et savaient que j’étais Vétérinaire « alternatif ».
Au cours des quelques consultations concernant le chien ils m’avaient parlé de leur démarche, et j’en étais venu à les inviter un samedi après-midi.
La réunion débutait par une méditation d’une demi heure environ, suivie d’un échange avec les participants. Nous étions une petite douzaine d’hommes et surtout de femmes. Nous étions revenus ce jour-là sur les grandes questions métaphysique, à commencer par le central « Qui suis-je ? ».
Au moment de l’échange avec la femme du couple, je l’ai invitée à regarder en elle ce qu’il en était, juste voir, juste constater, par elle-même, sous sa propre autorité, par une expérience de première main, ce qu’elle pouvait constater.
Vous me voyez venir. Sans dire qu’il s’agissait d’un exercice de Douglas je lui ai fait faire un « pointing » intérieur. Et je lui ai posé la question fatidique : « Maintenant que voyez-vous, ici et maintenant, sans référence, à la mémoire, ni à l’imagination, ni à aucune idée ? ».
Le silence a suivi. Un long silence, un très long silence. Un silence dense, de plus en plus dense. Le groupe était attentif. J’ai fini par poser la question : « Alors qu’en est-il ? quelle est votre réponse ? ». Un temps de silence, encore, a suivi.
Puis la dame a dit : « Rien, vraiment rien. ». Elle restait songeuse. Elle a ajouté : « Mais je ne veux pas être rien ! ».
Et, bien sûr : moi, le petit je, moi la troisième personne, moi-je, moi la personnalité, ne veutpas être rien. C’est insupportable cette Vision de Rien et cette idée que je puisse être rien. L’identification au moi psychologique, et la défense du moi psychologique, étaient intervenus, chez cette dame.
Nous avons ensuite discuté de la différence entre le moi et le SOI, entre rien et RIEN, entre les objets et le SUJET. Mais rien n’y fit.
Elle partit après cette réunion et ne revint plus. Elle m’expliqua qu’elle ne souhaitait pas poursuivre « dans cette direction ». Elle voulait, changer, avancer, se développer, grandir, s’améliorer. Mais elle ne voulait pas se trouver devant Rien, pas être Rien, fut-ce un grand Rien, un Rien majuscule. En fait elle avait Vu ce qu’il y avait à Voir, mais c’était insupportable pour elle.
Je n’ai pas eu de nouvelles, non plus, du chien après cette réunion mémorable." Pascal Tellier
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