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Rachel, -VII - The One Where Rachel Finds Out par Axel C.

Publié le 29 mai 2012 par Fric Frac Club
Rachel, -VII - The One Where Rachel Finds Out par Axel C. Rachel ; Rachel ; Rachel. Rachel, -VII - The One Where Rachel Finds Out par Axel C. Girls Les séparations successives semblent ne pas obéir à la dispersion géographique habituelle ou à un agencement de couples secrets (encore une fois : depuis ce que j'ai et infère), chacun s'est injecté dans un nouveau lieu et ce qui cause m'échappe, c'est une foule de gosses se goinfrant de skittles ou de m&m;'s ou de smarties ou de trucs arcenciels, chacun sans faire attention aux autres délaissant notre couleur avec des coucous à la vitre avec oh un beau jour qui s'annonce, comme gosse j'allais à l'école sur un matin encore printemps ; vient un moment où n'est plus avec nous que Thuvia, jouant avec les pédales de sa CX quand elle enfin nous remonte avant de fuir sur un côté : pré-séparation se lance un concours de gestes de mains, la plupart obscènes d'intention : pour la parité des conducteurs je ne fais qu'envoyer des conseils de contexte et de souplesse à Gabriel, se lance puis s'épuise : après ou avant eux je sens que l'ambition est plus que rabotée par la fatigue, et, vite,,, comme des gens ébahis par leur premier quatrième mur branlant chacun s'éloigne se fissure puis se divise avec un sourire poli et fier, se voulant brut ; je peux voir sa bouche amorcer une formule muette avant de réorganiser mon regard ; une fois que nous sommes la seule voiture connue mon chagrin se noie dans des restes de gâteaux coincés par ma robe, une poche de fortune à coups de brins d'herbe, de leçons d'oiseaux et d'ennui passager. Gabriel chantonne avec la merde qu'il écoute, j'ai sûrement une molaire abimée comme le Colisée et j'agence mon engoncement dans le tissu pas très classe du fauteuil pour que d'un endroit par là-bas un photographe ou amateur de film puisse m'exposer à ses suiveurs novices comme exemple de mélancolie, d'ambivalence, de peur d'hier et d'avidité du suivant, avec sa voix usée ; une joue qui se déforme sur le rebord, mon éclosion. C'est probablement par là que je m'endors, enterrant à vue toute idée nouvelle, fixant sur le défilement du paysage quelque incarnation facile de moi-même, ce petit triceratops vert fluo qui de mon bureau vient écraser les rambardes, l'air triste, déjà habitué à son univers plus-vierge, racle comme il peut ce qu'il trouve, cherche à retourner à son état précédent, s'apercevra trop tard que tout le monde le fixe.
Incapable de voir si dans l'état zombial de notre retour j'ai déplacé le crétacéen en plas-tique, ôté sans effort de ses quelques endroits préférés d'autour mes travaux les plus statiques, à veiller les yeux rudes sur le peu que j'y fais depuis quelques lunes, je remonte ; réveillée à deux doigts, incapable je me démêle durement les cils, cherche comment chercher et fais face, avant d'avoir établi un semblant de netteté et d'être redressée, sur le visage de Gabriel, niais très près, mon/stre aimable persuadé d'être malin, d'à froid pouvoir me tirer plus qu'à d'autres fenêtres de vulnérabilité que je lui laisse, souriant—plus que son expérience avec moi c'est à vue de nez une façon acquise, relique d'un agrégat de relation passées sinon durables, fleurie avec ses aléas et variantes, fière presque d'avoir comme esquivé les conditions exécrables et autres mangoustes des humeurs additionnées… qu'il verra vite pissée dessus, voire pire, si je reste constante ou vraie. Les draps se lâchent autour de mes orteils et j'esquive ondule jusqu'à mes chaussettes, Gabriel réussit à conserver la distance entre nos nez, aimanté si peu de variation ; son expression, le sourire en tête, subit bien plus de départs involontaires et de pico-retours : la volonté qu'il a de revenir à l'initial, de me prouver qu'il a un sens derrière l'initial, est assez digne.
On s'accompagne comme ça un moment, il connait bien moins le terrain que moi mais évite la plupart des obstacles que la répétition lui privera. Il prétend me suivre et se frotte les iris avant de petit-déjeuner—c'est par là que j'attaque : prendre une habitude qu'il n'a pas encore vue, la relancer sans jamais être subtile, cruelle si l'on veut, sans baume mais sans haine, de telle façon que l'incapacité de former ses rêves d'hybridation le frappe, sèche et si possible prompte. Mec mec c'est là qu'il est le plus stoïque, artificiel, les muscles coincés avant autre chose. Pour autant il se détend sans attendre, ses yeux se calment, son sourire est plus malicieux disons et fier, il ne se ponctue pas de mots, aimable dans sa mesquinerie facile : il a préparé de quoi me délier, attend ses moments pour entrer, il n'est pas dangereux mais apprend vite, je n'ai aucun plan que nous pour la journée ; que j'attaque et qu'il tire, plus vite que dans ses prévisions, de son bol mon tricératops vert fluo. Pourquoi pas, c'est une idée du matin étendu à quelques heures midi passé, l'angle a l'air plus mignon qu'agressif, je laisse faire—le jeu semble déjà naufragé.
Il ne se formalise pas de mon absence de réaction visible, sait d'avance (d'avance ?, sait hors du peu de temps, infère des échafauds dynamiques sur mes mensonges et oublis) que je ne crois pas à notre convergence éventuelle, harmonisation, perte des limites, pense aussi que mon niveau de censure est un peu plus bas, mes obstructions mieux prévues—l'idée que je ne sais pas de quoi je parle n'est pas en lui. Ce n'est qu'un revers, très temporaire. Mon incapacité à articuler quoi que ce soit dans un sens valable est ce qui l'intéresse. Comme ça qu'on fonctionne—pour ça : avec les essais et les essais et les essais infrangibles qui toujours s'écrasent et refluent ne pas comprendre l'autre n'est pas un problème, si on foire on aura visé trop haut.
Trop ornée pour compenser ma gueule de morte, emphase embarquée dans une molaire à utiliser comme un espion connard curaré et capturé pour qui le suicide devient plus noble qu'optionnel, on clapote vers chez Jean-Virgule Ditil (dernier-né de la bordélique famille Ditil (connue notamment pour l'oncle de JV, Hakim “the dream” Ditil, emprunteur de surnom notable, héritier principal d'une manufacture de surfaces planes et minigolfeur d'acabit international) et connaissance durable (j'imagine) de Gabriel), un peu neutres, sans que je sache trop la localisa-tion précise du… bar, peut-être, où il officie avec assez de laxisme ou d'heures creuses pour nous intégrer à son emploi du temps. Réveillée depuis trois heures et Gabriel n'a même rien essayé de me tirer comme info, rien que du sucré du plaisant, nos vérités, du normal, il sifflote.
En périphérie sur les rebords voire les balcons des choses continuent à fleurir, ternes et honnêtes ; j'accompagne les nuages les plus effilés les moins fougueux, parfois les câbles nous traversent, mous, serpentent sans conviction, sinistres et feignants sous la pluie mal distribuée, sa main tire ma main, (je reste prudente : presque en permanence il y a contact entre nous, je n'ai plus l'habitude d'être deux ; il suffit de croiser quelques couples (je devrais avoir mieux à penser, et autre sinon mieux), enfoncés dans leurs années pour m'affirmer qu'ils toisent, estiment, aiment, jalousent, soutiennent, échafaudent des hiérarchies de souvenirs et de sensations, se placent sur leur perception de nous, nous placent sur eux, j'en vois qui sourient fugaces et je joie sans trop m'attarder, la vaseline dont chacun a entouré ses enchaînements de bonheurs ne redeviendra visible que trop tôt ; à droite Gabriel s'occupe d'un lexique d'un atlas de mes frissons, enfin, ouais, hum) mains, son toucher plein d'adverbes, mes yeux se baissent s'alignent sur le but et NINETEEN EIGHTY WHORES , gravé en putain de comic sans, l'intérieur sale comme une librairie qui se voudrait propre, beaucoup de drapé et de sous-colossal, pas grande âme, cet ensemble vague et triste issu des gens qui on une idée de ce qu'élégance veut dire voire est mais n'ont pas les moyens, esthétiques, idéels avant tout, ou l'envie, peut-être, hein, c'est peut-être volontaire, de la traduire, de construire derrière les objets, peut-être, peut-être ; l'ambiance musicale m'oppresse avec ses efforts d'être ce que le futur était il y a dix ans, à se projeter hors de sa mort.
Je lorgne la carte (la nomenclature générale des cocktails ressemble aux essais d'inver-sion d'un cruciverbiste), plus polie que curieuse, plus ennuyée que polie, Gabriel essaie de me dire par télépathie qu'il va bonjourer Jean-Virgule. Isolée, toujours aucune idée de ce que je fous ici ; quelques groupes synthétisés, clientèle hip et a priori peu hanchue, très organisée en tant que collectif, probablement en train de parler du fait que le mystique qui existait avant la science leur manque ou une autre connerie de ce style. Bougent peu mais très dramatiques. Après tout il s'agit de s'inscrire dans l'Histoire à chaque instant. Je suis bien trop proche d'eux. Aigrie, sans justesse, j'ai mal aux phalanges, arnaque un intermédiaire pour un gelato enlevé à sa horde, m'écarte de leur éloquence fantôme.
Gabriel m'ignore en me parlant, en me piquant, je pense qu'il a compris comment jouer, tortueux, industrieux, dictionnaire de synonymes, à peine plus agressif qu'une allitération en p ; j'attends encore que deux pièces s'alignent pour déterminer un semblant de direction. Ditil est un mec et oubliable, le front déjà en train de gagner sa bataille mâle avec les cheveux, prestance assez baveuse, sprezzature d'intention, ce mec qu'on trouverait juste avant les caisses à un supermarché, plein de causticité voire de controverse dans son sac à dos couleur rose rouge ; il parle avec une cadence, des mots, usés, ésotériques en volonté et peu dangereux à qui possède des tympans ; très vif à saper ma fluidité et mon pouvoir, sac à merde (lui pour être lui, Gabriel pour l'avoir comme étape écholalique de son keikaku*). Flemme d'être haineuse, au moins m'aide-t-il à compresser le temps ; ils continuent quand j'éparpille un peu plus mes regards, stériles trop longtemps. Je tiens vingt minutes suppl. d'errances sans danger, au centre des preuves de statut et des bavards d'où doucement je dévie, peu visible, les portes m'attirent et je finis une nouvelle fois les paupières effacées, assise à l'entrée, le ciel, ses nuages et loin une montgolfière grimpe et lit, aède : Rachel's a pimp Aimable, mais l'exercice de déduction qui suit (qui ? qui ?) est plutôt obligation, remplissage de paperasse mentale voire comptage des causes probables de l'hallucination, que curiosité titillée par le mystère du non-dit. J'aime autant achever ma coupe, me demander si appeler mon dessert dessert est justifié s'il n'est pas fin d'un repas, perdue dans le peu qui reste au fond, tiède tendance fraîche, étalé sans effort, motifs sur l'opaque du verre me poussent à relever la tête, mon regard traverse la plupart des passant, les genres assez flous, les structures de moins en moins miraculeuses, pourtant.
Une silhouette se profile ; démarche presque mécanique, celle d'un robot à la tehcnè irréprochable, dans un futur assez proche pour que la différence demande un plissement d'yeux, des pas vaguement déritualisés, pas encore habitués à leur nouvel état. Elle finit de s'approprier l'espace face à moi, digeste, je peux la reconnaître :
Eugénie
plus sèche qu'avant il semble qu'elle ait enfin compris que le corps est fonctionnel, encore utile, toujours utile
sourire
un t-shirt Vandelay Industries, assez gauche dans l'exécution
ancre
avais pas spécialement prévu qu'il utiliserait ma joie pour m'atteindre, suppose qu'il n'est pas spécialement compliqué de comprendre qu'il est plus facile de coloniser mon passé que mon futur, mais quoiqu'il je suis vite une masse d'ambivalences absurdes, compulsive et tout mignonne dans l'élasticité de ma honte, coupable, souriante
cheveux libres mi-longs yeux plus âgés
pourquoi j'aurais envie de sortir de ce que je crois le printemps ?
elle en sait forcément plus que moi, malin malin G.

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