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La Crise! Le résultat de 30 ans de dérégulation

Publié le 10 décembre 2011 par John
Dérégulation

Lorsque nous pensons « crise », nous l’associons souvent aux subprime, Lehman Brothers, les banques… Les hommes politiques, encore Mr. Sarkozy récemment, pointent du doigt les banques. Mais peu de gens parlent des vrais raisons de l’apparition de cette crise qui a pris racine il y a 30 ans.

En 1982, L’administration Reagan, avec l’aide d’économistes et de lobbyistes, ouvre une période de 30 ans de dérégulation financière. Les sociétés d’épargne et de crédit sont désormais libres de faire des placements à risque. Au cours de la décennie, des centaines de sociétés d’épargne feront faillite. Cette crise coûtera aux contribuables $124 Mds et à nombre de gens l’épargne de toute une vie. De nombreux banquiers vont en prisons, dont Charles Keating, qui avait été ouvertement soutenu par Greenspan lui-même.

Quant à Greenspan, le Président Reagan lui confie la Banque centrale américaine. Il est conservé sous Clinton et George W. Bush. Sous Clinton, il poursuit la dérégulation avec les secrétaires au Trésor : Robert Rubin, ex-PDG de Goldman Sachs, et Larry Summers, professeur d’économie à Harvard.

À la fin des années 1990, le secteur financier est une « super puissance » qui se concentre dans des firmes géantes, la faillite d’une d’entre elles peut désormais menacer le système. En 1998, Citicorp et Travelers fusionnent pour former Citigroup, la plus grande société financière au monde. Cette fusion viole la loi Glass-Steagall, votée après la Grande Dépression, qui interdit aux banques de dépôt de se livrer à des placements à risque. La Fed accorde une dérogation d’un an, puis le Congrés vote la loi pressé par Summers et Rubin pout abroger la loi Glass-Steagall.

Dans les années 1990, la dérégulation et le progrès technologique génèrent des produits financiers complexes : les produits dérivés. Économistes et banquiers affirment qu’ils sécurisent les marchés. En fait, ils les déstabilisent. Warren Buffett parle même d’armes de destruction massive. Fin 1990, les dérivés constituent un marché non réglementé de $50 Mds (aujourd’hui plus de $1000 Trilliards, oui c’est bien ça $1000’000’000’000’000 c’est 17 fois le PIB mondial).

En 1998, Brooksley Born de la CFTC tente de réglementer les banques à nouveau. Le Département du Trésor de Clinton réagit sans tarder et ordonne d’arrêter. Summers, Greenspan, Rubin et le président de la SEC, Arthur Levitt, condamnent collectivement Born et recommandent de ne pas réglementer les dérivés. Greenspan dit même « La réglementation des transactions dérivées, négociées de façon privée par des professionnels, est inutile ». No comment!

En décembre 2000, le Congrès vote la loi de modernisation des marchés à terme. Rédigée avec l’aide des lobbyistes, elle interdit la réglementation des dérivés. Après ça, c’est la folie. L’utilisation des dérivés et l’innovation financière explosent. Les bénéfices et la puissance des banques battent des records.

Vous connaissez la suite… Les subprimes, CDO, CSO, CDS, CLN, ABS et j’en passe – ils font décoller les profits des banques en quelques années (2000-2007), puis anéantissent (ou presque) l’économie mondiale. Faute à qui ? Aux banques d’investissements ? Oui bien sûr, mais surtout aux hommes politiques pour se laisser influencer, le plus souvent, pour leur propres intérêts financiers. Est ce que cela peut se reproduire ? Malheureusement OUI ! Aucune re-réglementation du système financier ne semble à l’agenda. Aucun gouvernement de ce monde (qu’il soit de gauche, centre ou droite) ne semble être assez fort ou même désireux de s’attaquer à la superpuissance que sont devenues les banques. Obama qui criait si fort pendant sa campagne qu’il fallait réguler ces institutions, semble aujourd’hui bien soumis, tout comme ses prédécesseurs récents

La plupart de ces lignes sont tirées du film fascinant et malheureusement consternant de Charles Ferguson — Inside Job. Je vous le recommande fortement. Les interventions des personnalités sont pertinentes et Ferguson fait un superbe travail de journaliste.


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