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Les derniers jours de Stefan Zweig en bande dessinée

Publié le 30 mai 2012 par Les Lettres Françaises

Les derniers jours de Stefan Zweig en bande dessinée

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revue culturelle et littéraire les lettres françaises

Les derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik et Guillaume Sorel

C’est en février 2012, soixante-dix  ans après que l’auteur autrichien se fut donné la mort avec sa femme Lotte à Petrópolis, que sortait la bande dessinée adaptée du récit de Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Zweig. Les Lettres Françaises avaient commenté, à sa sortie en 2010, ce roman qui avait alors connu un certain succès. Son adaptation en bande dessinée mérite tout autant  notre attention car  celle-ci est réalisée sous le trait de Guillaume Sorel avec le concours de Laurent Seksik lui-même.

Adaptée sous une forme des plus vivantes, la bande dessinée représente le désespoir permanent de l’écrivain et ses tentatives déchues de reprendre goût au travail et à la vie. Cette étape brésilienne, qui dure six mois, est la dernière de l’exil du couple débuté en 1934. Malgré ce long parcours qui les amena en Angleterre, à New-York, puis au Brésil, Lotte affirme naïvement que leur retour est proche tout autant que l’achèvement de la guerre, qu’elle prévoit pour la fin de l’été 1941. Pourtant, l’affliction permanente et la résignation de Zweig couleront l’optimisme ingénu de la jeune femme et les amèneront à l’issue fatale que l’on sait.

Le  récit se déroule essentiellement au Brésil et permet d’admirer sa végétation luxuriante, baignée d’un riche éventail de couleurs. Les aquarelles de Guillaume Sorel mettent en valeur le cadre paradisiaque de cet exil, qui s’oppose aux clairs obscurs, à dominante marron et ocre rouge, qui caractérisent les pensées de Stefan Zweig, tournées vers la vielle Europe en pleine chute. La technique est parfaitement maîtrisée, et on notera particulièrement les gros plans figurant les visages des personnages, sur lesquels ombres et lumières dessinent à merveille les troubles expressions d’un profond mal-être.

L’exercice du passage de la littérature à la bande dessinée ne va pas sans contrainte, mais les deux auteurs parviennent à leur but en  proposant une version quelque peu différente au regard de l’œuvre originale, tout en restant largement digne d’intérêt.

 Philippe Berté

Les derniers jours de Stefan Zweig, de Guillaume Sorel et Laurent Seksik, chez Casterman,  88 pages couleurs, 16€.



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